Avec la téléphonie mobile, l’Internet et le courrier électronique ont révolutionné le monde. Ces nouvelles technologies ont introduit plus de rapidité dans la circulation et l’accès à l’information. Aux Philippines, en 2000, l’échange de millions de Sms a permis l’organisation des manifestations qui ont fait chuter le régime Estrada. En mars 2004, après les attentats de Madrid, c’est le même processus qui a amené les gens à se réunir spontanément pour protester contre José-Maria Aznar. A Pékin, en mai 2005, les téléphones mobiles ont surtout servi au gouvernement chinois à tenter de contrôler la population. Un Sms a été envoyé à des milliers de citoyens pour les dissuader de se rendre à une « manifestation illégale »... Lors de l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), environ 115 millions de Sms ont été échangés les trois premiers jours de son apparition. Le gouvernement chinois, très doué pour cacher ce qui se passe sur son territoire, n’a pas pu garder le silence. C’est le versant positif de ces nouvelles technologies.
Car il y a bien un hic. Le prospectiviste américain Howard Rheingold, qui observe les effets politiques, sociaux et économiques des technologies émergentes, pense que dans 10 ans, la vie privée telle qu’on la connaît aujourd’hui n’existera plus. Déjà sur Internet, les entreprises surveillent nos habitudes pour nous proposer des offres commerciales en adéquation avec nos centres d’intérêt. Il donne l’exemple de Google qui scanne nos courriels pour nous envoyer des propositions publicitaires ciblées. Dans l’avenir, pense-t-il, tout le monde aura le pouvoir d’espionner, de surveiller son voisin. Déjà, les téléphones mobiles de nouvelle génération sont dotés de petites caméras et les séquences vidéo peuvent être publiées sur Internet... Le pouvoir des Etats et des multinationales aussi s’accroît car les nouvelles technologies vont leur permettre de connaître plus finement nos comportements et nos croyances. C’est l’autre versant. Aux citoyens de ce monde hyper branché de définir de nouveaux modes de résistance à cet espionnage à grande échelle. Mais on peut faire confiance au génie humain.
Bayil sa yaram
(Source : Le Soleil, 24 août 2010)