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Entretien avec le Professeur Jean-Louis Corréa suite au Douala Legaltech Forum

jeudi 7 juin 2018

Bonjour professeur Jean Louis CORREA, vous avez été les 30 et 31 Mai 2018 à Douala, au Cameroun, pour participer au premier événement de la communauté LegalTech Africa. D’ailleurs, vous avez fait partie des intervenants lors des différentes conférences qui s’y sont tenues.

Boubacar FAYE : Pourriez-vous d’abord vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore avant de passer à l’échange ?

Jean Louis CORREA : Je suis un universitaire sénégalais, agrégé de droit privé, professeur à l’Université virtuelle du Sénégal. A l’UVS, depuis ce début d’année 2018, je dirige le Pôle Sciences économiques, juridiques et de l’administration (SEJA). Mes activités d’enseignement et de recherche tournent autour du droit civil, du droit des obligations plus particulièrement, du droit économique et des affaires. J’intègre à mes recherches les questions relatives à l’innovation et à l’ingénierie pédagogique. Je suis, par ailleurs, membre du Conseil scientifique et pédagogique de l’Ecole doctorale Sciences économiques et sociales (EDSES) de l’Université Assane Seck de Ziguinchor.

Boubacar FAYE : Comment avez-vous trouvé ce premier événement de la communauté LegalTech Africa ?

Jean Louis CORREA : Très instructif. Les panélistes ont véritablement mis l’accent sur les questions fondamentales touchant au droit dans son rapport avec les TIC. Le public, très varié, avec des avocats, experts comptables, universitaires, banquiers et étudiants, a participé pleinement à la définition d’un cadre conceptuel et logique de la legaltech en Afrique. Il s’agissait de cela, comment faire en sorte que la LegalTech trouve un terrain d’atterrissage adéquat en Afrique ? Les données ne sont pas les mêmes en Afrique qu’aux Etats unis ou en Europe. Des contraintes objectives doivent prises en compte telle que la non disponibilité en quantité et qualité de l’internet. Il y a aussi des contraintes socio-anthropologiques qu’il fallait identifier afin de pouvoir les juguler. L’intérêt de la rencontre de Douala est que nous avons pu théoriser et pratiquer la legaltech avec un Hachkathon qui a permis de voir des jeunes très talentueux à l’œuvre.

Boubacar FAYE : À Douala, il n’y avait pas que des conférences, il y avait également un hachkathon où développeurs, ingénieurs, marketeurs juristes et avocat et autres étaient conviés pour créer des solutions qui permettront d’aider les entreprises et les particuliers à avoir accès au droit et à la justice dans quatre thèmes : Block IP Innovation, Enhanced Legal Clinic, Online Dispute Platform et Legal Data OHADA. Quelles sont les idées qui ont plus retenu votre attention lors de ce hachkathon ?

Jean Louis CORREA : Grâce au Douala legaltech forum, j’ai pu comprendre que l’Afrique pouvait rattraper son retard économique. La grande difficulté concernant l’économie marchande, c’est que les actifs matériels sont régis par les lois de la propriété privée. Le système économique classique, libéral de marché, est fondé sur l’appropriation privatise de moyens de production. Avec la révolution numérique, et l’évolution que constituent la Blockchain et les creatives commons, il y a un bouleversement du rapport à la propriété. Certains mécanismes et institutions doivent se réinventer. Je pense ici à la preuve, à la certification, à l’authentification. Il y a tout une construction, tout un discours justifiant un ordre social qui devra faire sa place à un nouvel ordre social et économique. Il ne reste plus qu’à élaborer les éléments discursifs instituant cette civilisation numérique. Dans cet ordre d’idée, la valorisation des actifs immatériels, au-delà du droit classique de la propriété intellectuelle, me semble être une voie nécessaire de politique publique pour les Etats africains. Encourager la création et l’innovation, faciliter l’accès à des modes alternatifs de protection des œuvres créées. Mais tout cela requiert l’identification claire de compétences en termes de savoir-faire et de savoir-être. C’est pourquoi, nous avons participé à brosser le tableau du futur juriste, ce fameux juriste augmenté, couteau suisse des temps modernes.

Boubacar FAYE : Juste après le discours d’ouverture de Douala legaltech forum, vous savez fait savoir à travers un tweet que vous vouliez travailler pour la mise en place de cet écosystème legaltech au Sénégal, et en Afrique. Sachant que vous êtes professeur agrégé des universités et responsable du pôle sciences économique, juridique et de l’administration (SEJA) de l’université virtuelle du Sénégal (UVS), peut-on s’attendre à ce que vous fassiez participer vos étudiants à cet écosystème ? Comment comptez-vous y prendre ?

Jean Louis CORREA : Il est trop tôt pour le dire. Mais l’UVS, en tant qu’université numérique, a son mot à dire sur ce mariage entre le droit et les TIC. Nos étudiants pourraient avoir un intérêt pratique très précis en s’intéressant à ces questions. Le droit est un marché où des parts sont à prendre, surtout avec l’ère de l’économie numérique. Il faut envisager le marché du droit en allant au-delà des professions judiciaires classiques pour penser justement à ce juriste augmenté. Si dès la formation universitaire l’identification claire des compétences nécessaires permet aux étudiants d’auto entreprendre, nous sommes preneurs. Le mal du Sénégal, c’est que toutes les professions judiciaires obéissent à un numerus clausus qui ne dit pas son nom. Il y a, par exemple, moins de 400 avocats au Sénégal. Le notariat, n’en parlons pas. Tous ces jeunes sortis des facultés de droit vont aller où ? Il faut sortir du corporatisme et tirer profit des TIC en offrant la possibilité à des jeunes biens formés de proposer des services juridiques de qualités sur internet. L’Etat providence est mort. Il faut se prendre en charge, créer, innover. La legaltech offre ces opportunités. L’avènement des services juridiques numériques pourrait se faire en collaboration avec les professionnels du droit. La Fintech l’a réussi, l’Agritech le fait très bien. Je reste convaincu que l’avenir de la profession d’avocat, par exemple, se trouve dans la legaltech.

Boubacar Faye

(Source : Cabinet Gaiba, 7 juin 2018)

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