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Entretien avec ... Ibrahima Konté, ancien leader du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts) : « Nous sommes contre des concurrents qui n’investissent pas »

vendredi 10 novembre 2006

Le cinquième congrès du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts) a été marqué par le départ de Ibrahima Konté de la tête de cette organisation. L’ex-leader du Syts a placé son départ sous le sceau de l’éthique. M. Konté plaide aussi pour une libéralisation saine des télécommunications profitable à l’Etat, aux travailleurs et aux employés.

RAISONS DU DEPART

« J’ai décidé d’arrêter, par éthique. J’ai consacré toute ma jeunesse à servir les autres et comme disent les chinois : « Le jour éloigné existe, mais le jour qui ne viendra pas n’existe pas ». Nous naissons, nous vivons et nous mourrons. Nous avons des projets, nous sommes responsables, mais il y a un jour pour la consécration. Mais, dès qu’on te consacre, tu dois te préparer un jour pour ton départ, sinon tu vas être destitué.

Quand on n’a plus rien à prouver, il faut permettre à d’autres ambitions d’éclore. C’est une première raison. La seconde raison, c’est que j’ai oublié de dire, par ailleurs, que je veux me consacrer à autre chose. Que Dieu nous donne longue vie et à tous les gens, qui ont ce sacerdoce, pour pouvoir arriver à ce stade. C’est ce message que je voudrais laisser au mouvement syndical de la Sonatel. Il faut savoir se battre quand il le faut et savoir aussi partir quand il faut et en beauté. »

APPRECIATION DU BILAN

« Le bilan, il appartient aux autres de le tirer. Mais, si on regarde les chiffres, il faut rendre hommage au management de la Sonatel, qui a réussi à hisser cette entreprise à des dimensions extraordinaires. Et, toutes les croissances, que nous avons sont des croissances à plusieurs chiffres. Je pense que s’il n’y a pas une entreprise, il n’y a pas de travailleurs, il n’y a pas de syndicats. Mais, ce n’est pas parce qu’une entreprise est riche que les travailleurs sont riches. Les travailleurs sont riches dans une entreprise, riches parce qu’il y a un contre-pouvoir d’actions performant, qui s’appelle syndicat, qui oblige à une culture de croissance partagée. Et sur ce, je pense que nous avons transformé carrément la vie des « sonateliens ». Et, que cette transformation est, non seulement, bénéfique pour la Sonatel, mais pour tout le pays, parce qu’on a créé une demande solvable dans l’économie du pays. Et, c’est important dans le développement du Pib et dans le développement des entreprises. Ce bilan, il est important, vous l’avez vu dans les rapports, vous avez les chiffres. Donc, je ne vais pas y revenir. Ce ne sont pas les chiffres qui m’intéressent, mais l’équipe. Nous avons cru à des valeurs et le mouvement syndical n’est rien d’autre qu’un mouvement, qui cherche à avoir une utilité sociale dans l’entreprise et dans le pays. En tant qu’individu, je me suis toujours efforcé d’être socialement utile et de faire en sorte que le syndical soit perçu comme un instrument incontournable dans le pays, un instrument de développement dans le cadre de l’utilité sociale, également, de la bonne gouvernance de l’Etat, par une gestion concertée pour aboutir à une croissance partagée. C’est ce que nous avons réussi. Et, c’est ce qui prouve que le syndicat est utile pour le développement d’un pays plutôt que la diabolisation qu’on fait souvent du mouvement syndical. Nous sommes une valeur économique dans un pays quand c’est un mouvement syndical de qualité. »

PLUSIEURS OPERATEURS DANS LE SECTEUR DE LA TELEPHONIE

« Nous sommes un syndicat d’anticipation. Si vous vous souvenez, nous ne sommes pas opposés à la privatisation. Nous avons dit à l’Etat : « Privatisez, mais donnez-nous notre part et donnez aux Sénégalais leur part du fait que nous sommes des travailleurs salariés aujourd’hui avec des actions et des dividendes. » C’est ça qui fait que nous avons créé un Fonds commun de placement pour gérer la retraite du travailleur. Le travailleur cotise, l’entreprise abonde. Donc, si nous ne nous opposons pas à la privatisation, nous n’allons pas nous opposer à la libéralisation. Il est bon que la Sonatel ait des concurrents. La preuve, c’est que Sentel oblige la Sonatel à bien travailler. Et, sur ce rapport, je félicite au passage les travailleurs de Sentel et leur manager. Le concurrent oblige l’autre à bien travailler. Bien que, pour nous travailleurs, la concurrence ne signifie pas la mort de l’un pour la survie de l’autre. Chacun doit gérer ses affaires sans mener une guerre contre l’autre. Nous sommes aujourd’hui contre la non-libéralisation. La concurrence est une richesse pour le peuple sénégalais, pourvu qu’elle ne soit pas une concurrence sauvage, mais qui profite au pays, aux travailleurs aux clients et aux consommateurs. Nous sommes contre aussi des concurrents qui viennent s’installer dans des secteurs rentables et qui n’investissent pas du tout, qui créent des emplois précaires, des stagiaires et des apprentis, et s’en vont après une libéralisation bâclée. On a vu la Sonagraines. Depuis qu’on l’a enlevée, c’est la misère dans le monde paysan. Donc, oui pour des restructurations performantes et non pour des restructurations qui régressent. »

POLITIQUE ET SYNDICALISME

« Cela, il faudrait peut-être poser la question au management. Mais, ce que je peux vous dire la-dessus, c’est qu’en fait, comme le nouveau pouvoir doit numériser les nouvelles cartes électorales, électroniser ses élections, c’est normal qu’il s’appuie sur l’opérateur économique qui est certainement très avancé en matière de modernité. Mais pour ça, il faut poser la question à la Sonatel. Ce que je souhaite au Sénégal, c’est qu’on aille vers des élections transparentes, démocratiques. Nous n’avons pas intérêt à aller vers des élections où il y a des tripatouillages, où il y a des nébuleuses, qui font que le pouvoir s’accroche aveuglément et que l’opposition se batte. Je pense que dans le mouvement syndical, il y a trop de problèmes qu’on doit régler : le redressement des grandes entreprises comme les Ics, la Sar, l’embauche des jeunes qui sont des priorités pour arrêter l’émigration. C’est autant de défis qui doivent faire en sorte que les politiciens doivent s’entendre, et qu’on aille tous véritablement vers des élections apaisées. En tout cas, tout syndicaliste conscient doit se battre pour ça. Vous savez, moi, je suis quelqu’un qui a milité pour des principes. J’ai longtemps milité pour l’indépendance du mouvement syndical. Je me suis battu pendant le règne du Parti socialiste et, l’alternance m’a donné raison, historiquement. Aujourd’hui, il y a le pouvoir de l’alternance, mais il ne faut pas croire que ça ne va pas finir, ça va finir un jour, il faut savoir finir en beauté. L’essentiel, c’est que le bilan soit un bilan qu’on puisse raconter à nos enfants. Car, ils nous regardent, et même ceux qui ne sont pas encore venus vont nous demander des comptes. Nous ne devons pas nous tromper entre l’opposition et le pouvoir. Qu’importe, les techniques qui seront utilisées pour les élections, ce qui compte pour moi, c’est la qualité de l’homme sénégalais pour que nous ne soyons plus les derniers, en démocratie. »

Recueillis par Justin GOMIS

(Source : Le Quotidien, 10 novembre 2006)

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