Entreprenariat : Matar Sylla, un investissement de 11 milliards de francs pour le projet d’audiovisuel !
jeudi 16 février 2017
Un ambitieux projet d’audiovisuel de plus de 11 milliards de francs ; voilà ce que veut réaliser, au Gabon, l’ancien directeur général de la Rts Matar Sylla. Une plateforme d’excellence qu’il veut réaliser à 100 % et sur investissement personnel.
Libreville : Nul n’est prophète chez soi. Ce célèbre adage pourrait s’appliquer à notre compatriote Matar Sylla, journaliste de profession et expert consultant international dans la communication. Installé au Gabon depuis plusieurs années, ce Sénégalais bon teint s’est lancé dans un projet audiovisuel de grande envergure. La création d’une radio et d’une télévision internationales sous le patronyme de Label radio et Label Tv. Dans sa vision, Matar Sylla veut ériger un projet panafricain qui se veut une vitrine de l’Afrique émergente capable de véhiculer l’image du continent. Défi ambitieux et énorme pour cet expert qui totalise plus d’une vingtaine d’années de pratique dans le métier de journalisme (Rts/Sénégal, branche africaine francophone de Tv5, WorldSpace West Africa, Ghana, Africa Online, Côte d’Ivoire, Spectrum Télévision, chaînes privées camerounaises de Stv 1 et Stv 2, etc.).
Ce vrai globe-trotter a accumulé autant d’expériences au contact des autres pour se fixer maintenant au pays d’Ali Bongo Ondimba et se projeter dans un programme ambitieux qui devrait faire la fierté de l’Afrique. Et pour mettre sur pied ce projet, l’ancien directeur général de la Rts a eu vraiment les coudées franches auprès d’un pays ami qui lui a ouvert grands les bras. « C’est un projet que j’avais depuis très longtemps. Je l’ai pensé depuis une vingtaine d’années en raison de mon parcours par Tv5, etc. Il était important d’avoir en Afrique plusieurs organes, plusieurs groupes qui puissent être la voix ou plutôt les voix et les images du continent, pour qu’elle puisse se montrer telle qu’elle est dans sa diversité, dans sa complexité, mais également dans ses atouts, dans son talent, dans son savoir-faire et dans ses réalisations. J’ai toujours nourri ce projet, mais avoir les moyens de les mettre en œuvre, c’était une autre chose », nous raconte-t-il dans ses bureaux sis au quartier Akanda à Libreville.
Et c’est quand il est venu au Gabon avec son associé, Victor Ndiaye du groupe Performance, qu’a germé l’idée de mettre en place le programme stratégique du Gabon émergent. Un projet pour lequel le président Ali Bongo Odimba avait prévu de mettre en place un groupe audiovisuel panafricain. A son avis, dans le domaine de la communication, quels que soient les moyens qu’on a, c’est un domaine qui est ouvert, le domaine du savoir-faire, du talent et de l’intelligence. « Parfois, on peut avoir tout ce que l’on veut, mais ce sont les contenus qui sont importants. En termes de contenu, l’Afrique en a d’extraordinaires à montrer entre Africains mais aussi au monde entier. Nous sommes à l’époque du numérique où il y a une multiplicité de chaines, les canaux de diffusion sont diversifiés. Est-ce que nous allons être des spectateurs ou des consommateurs passifs, ou nous voulons être des acteurs ? Je me suis dit qu’il faut penser à mettre en place un projet multimédia et je suis convaincu que c’est ça qu’il faut faire », dit-il.
Ainsi est née l’idée de ce projet avec des installations d’un niveau technologique sans pareil en Afrique francophone. Avec les facilités accordées par l’Etat gabonais (exonération des impôts et taxes surtout), il a pu décrocher, en moins de cinq jours, une autorisation exceptionnelle. Et au niveau bancaire aussi, l’ancien Dg d’Orabank Gabon lui a été d’un soutien inestimable. Aujourd’hui, il a tout soldé. « J’ai travaillé pendant 30 ou 35 ans, et quand on a la chance de gagner la confiance des autres, il faut savoir restituer ce que Dieu vous a donné, ce que les autres vont ont donné, ce que l’Afrique vous a donné aux générations qui montent. Je ne vais pas faire la même chose que tout le monde, je vais aider également à la formation des jeunes africains, au perfectionnement de ceux qui sont déjà dans le métier par des cycles de formation. Ce qui explique la configuration de ce complexe, pas seulement dans la communication, mais dans d’autres domaines », avance-t-il. Un domaine de la communication qui ne se limite pas seulement aux journalistes mais aux métiers de la communication et de l’audiovisuel qui sont énormes.
« Un projet panafricain »
« C’est tout ça que j’ai voulu mettre dans un seul et même endroit, mais en faisant un projet panafricain dans sa composition, son personnel, son recrutement, l’implantation géographique, dans son contenu et international, parce qu’il faut que l’Afrique s’ouvre et parle au reste du monde ». Cela, par la grâce d’une Afrique esthétique et visionnaire qui entend positiver son image et sa marque. Son groupe panafricain fonctionnera en français et en anglais. C’est Ousmane Cissé, un homme d’expérience de l’audiovisuel et maîtrisant parfaitement les techniques de management, qui assurera la direction générale du groupe. A son avis, dans un projet de cette envergure, l’idéal serait d’avoir un budget de 10 milliards de FCfa pour recruter un personnel et le mettre dans de bonnes conditions de créativité et d’inventivité. « J’aimerais avoir quatre chaines à partir d’ici et 10 chaines numériques, payer le satellite. Et ça demande un gros budget. Ce n’est ni en un an ni en deux ans que vous allez récupérer votre argent. Je ne pense pas récupérer quoi que ce soit. C’est pourquoi certains ne comprennent pas que je ne sois pas dans une logique financière. Je suis dans une logique d’engagement, de restitution d’une partie de ce que Dieu m’a donné aux Africains, à mon métier et à ma formation », indique Matar Sylla.
Un projet où le panafricanisme occupe une place de choix puisque chaque salle a un parrain : E lhadj Omar Bongo, Hassan II, Katoucha Niane, Césaria Evora, Sembène Ousmane, Amadou Hampathé Bâ, Léopold Sédar Senghor, Nelson Mandela, etc. « Je veux que ce complexe soit le creuset de l’Afrique et montrer que tout ce que je dis est en cohérence avec le personnel, le programme. Cela doit se sentir par toutes les personnes ». Et à la question de savoir pourquoi n’avoir pas implanté pareil projet au Sénégal, l’ancien Dg de la Rts a souligné ne pas vouloir être désobligeant avec qui que ce soit. « Quand j’ai quitté la Rts, quand j’étais au Cameroun, je travaillais avec quelqu’un, mon associé, et nous avions un budget de 220 milliards. J’avais les moyens de venir implanter ce paradis ici. J’ai déposé tous les dossiers, mais je n’ai jamais eu de réponses. C’est vrai, on me reproche beaucoup de ne pas faire ce projet au Sénégal. On sait que nul n’est prophète dans son pays. J’ai voulu faire un immeuble au Sénégal sur ma maison paternelle en allant chez le notaire avec tous les ayants-droit et héritiers, et depuis deux ans, je cours derrière une autorisation de construire. C’est mon pays, je ne vais pas baisser les bras, je tendrai la main aux gens qui pensent qu’on peut faire ce travail au Sénégal. Dans mes projets, celui que je veux faire au Sénégal est plus grand que celui-ci », confie-t-il. Pour le moment, Matar Sylla se limite à son projet gabonais en espérant pouvoir démarrer bientôt. « Tout ce que je devrais faire, je l’ai fait. Le président de la République du Gabon m’a rendu visite il y a plus d’un an. Il a passé près d’une heure de temps avec nous, il est au courant de tout. Il sait absolument tout. Il y a des choses que j’attends et ça ne veut forcément pas dire d’argent. Mais par rapport au recrutement. Car j’ai besoin de certaines facilités et j’attends en toute patience. J’estime avoir fait tout mon devoir », conclut-il.
De nos envoyés spéciaux au Gabon B. Khalifa Ndiaye et C. F. Keita
(Source : Le Soleil, 16 février 2017)