Entré de Global Voice Group au Sénégal : Une manne annuelle de 60 milliards de F Cfa, selon l’Artp
vendredi 30 juillet 2010
L’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (Artp), a tenu hier, jeudi 29 juillet, une conférence de presse dans le but d’apporter des informations sur son projet de contrôle des appels internationaux entrants au Sénégal. Ce projet qui est à la source d’un contentieux avec les syndicalistes de la Sonatel a fait l’objet d’un contrat avec Global Voice Group. Un contrat qui pourrait apporter 60 milliards de F Cfa de bénéfices par an, selon les responsables de l’Artp. Ces recettes seront distribuées entre l’Etat qui aura 51% et Global Voice Group (49%). La nouvelle tarification qui va entrer en vigueur à partir du 1er Août induit une augmentation de 7,5% sur les appels entrants.
Le Directeur Général de l’Artp, Ndongo Diaw, a présenté hier, jeudi 29 juillet, à Dakar, le projet de contrôle des appels internationaux entrants au Sénégal. Selon lui, ce projet va permettre une meilleure compréhension de l’optimisation des communications entrantes et de la lutte contre la fraude. M. Diaw a décliné, dans présentation, les quatre aspects du projet qui sont d’ordre financier, économique, juridique et technique.
Sur le plan financier, le projet va permettre de générer de nouvelles ressources afin de faire face aux problèmes de développement économique, a déclaré le Directeur de l’Artp. « Il s’agit d’un ajustement tarifaire par rapport aux appels internationaux entrants au Sénégal », poursuit-il. Et M. Diaw de préciser qu’à partir du 1er Aout, le nouveau tarif sera de 0,215 euro la minute pour les appels entrants alors que le paiement sera effectué par les opérateurs internationaux.
Du coup, le tarif passe de 0,10 euro à 0,215 euro sur le fixe et de 0,14 à 0,215 sur le mobile. Ce qui fait une différence de 7,5 points, soit un gain avoisinant presque 8 millions d’euros par mois ou 5 milliards de F Cfa.
Le patron de l’Artp a aussi soutenu qu’il y a des entreprises étrangères qui, sur la destination Sénégal, gagnent entre 300 à 1100%. Il a expliqué à cet effet que l’opérateur international comme France Télécom, par exemple, facture 0,56 euro au départ de l’appel vers le Sénégal et il paie à la Sonatel un droit d’atterrissage, soit 0,14 euro sur le mobile. Ce qui fait une marge de 1100%. C’est fort de tout cet argumentaire que le Directeur de l’Artp a décidé d’agir en estimant que le manque à gagner était énorme et qu’il était normal que le Sénégal réfléchisse pour grignoter sur cette masse financière.
Le projet de contrôle des appels internationaux de l’Artp se justifie aussi sur le plan économique, selon les responsables de ladite structure. C’est ainsi qu’ils ont considéré que l’Etat a le droit d’intervenir sur un secteur aussi stratégique que les télécommunications afin de réajuster les fluctuations tarifaires. La destination Sénégal est jugée faible par le Directeur de l’Artp. C’est dans ce sens que l’Etat a décidé de créer un nouveau cadre juridique en prenant le décret 2010-632 du 28 mai, fixant la nouvelle tarification des appels internationaux entrant au Sénégal.
Ce décret qui entre en vigueur à partir du 1er Août donne à l’Artp la mission et la directive pour l’application de cette mesure tout en luttant contre la fraude. C’est dans ce registre que M. Diaw a soutenu que « depuis 11 mois, on est sur ce dossier pour assumer nos responsabilités, pour rechercher et découvrir ». « Nous avons entamé des démarches conformes à nos lois et règlements », renchérit-il.
Et M. Diaw d’ajouter : « On a saisi le Direction Centrale des Marchés Publics, c’est à la suite qu’on est entré en relation avec Global Voice Group (Gvg) » .Et tout a été transparent et légal, a-t-il précisé.
Par ailleurs, le Secrétaire Général de l’Artp et responsable du projet, Amadou Lamine Dial, a, dans sa présentation, tenté d’expliquer les aspects techniques de la question. C’est ainsi qu’il a soutenu que les flux traditionnels sont souvent plus importants du Nord vers le Sud. M. Dial a aussi fait remarquer que le monde des télécommunications se complexifie de plus en plus. Pour lui, les raisons de la régulation, c’est d’augmenter les revenus du trafic international au bénéfice du développement des Tics dans les pays en voie de développement comme le nôtre.
Le nouveau cadre légal va permettre, selon M. Dial, de mettre en place un centre de contrôle et de supervision des interconnexions mais aussi d’avoir des outils de contrôle de la qualité du service. Il a aussi mis l’accent sur l’existence de systèmes de retraçage et de détection des routes grises (Simbox) et des outils de gestion de la signalisation et du trafic. Le rôle de Global Voice Group dans cette affaire est de gérer l’observatoire du marché, détecter les simbox mais aussi de gérer les interconnexions.
« La Sonatel agite les syndicalistes »
Interpellé sur la réaction des agents de la Sonatel, le Directeur de l’Artp a déclaré que « nous avons un problème de défi syndical à la Sonatel ». A cet effet, il a expliqué que l’opérateur Expresso a répondu favorablement à la demande de l’Artp. Et M. Diaw de laisser entendre : « Le Directeur de la Sonatel m’a dit que ce sont les syndicalistes qui ont refusé ». Avant d’ajouter que « Si la Sonatel refuse de donner les documents, nous allons faire des estimations ». « Les consommateurs sont pris en compte car « nous avons la possibilité de vérifier la qualité du service en appréciant la facture faite aux consommateurs »
Le contrat qui nous lie avec Global Voice group est un contrat standard pour une durée de cinq ans. Ce faisant ,Gvg va mettre à la disposition de l’Etat un matériel d’une valeur de 5 millions de dollars afin de capter des fonds à travers des appels entrants.
Interpellé sur le manque d’implication des autres acteurs, le Directeur réplique en soutenant : « il n’y avait pas manque de concertation. En plus, une dévaluation doit toujours se faire par surprise ».
Par rapport au contrat, M. Diaw a affirmé qu’ils n’ont pas fait d’appel d’offre ouvert pour la signature du contrat parce que l’Artp n’est pas tenue de le faire.
Cheikh Ndong
(Source : Sud quotidien, 30 juillet 2010)