Enseignement à distance : Quand le Professeur Moussa Lô, Recteur de l’UVS, se confie sur ses grands projets
jeudi 1er décembre 2022
Informaticien de formation, avec un parcours exceptionnel de l’universitaire surdiplômé, mais plus que jamais attaché à la marche du Sénégal et de l’Afrique, Moussa Lô s’est marié avec le monde académique, pour ne plus le quitter. S’il a vu le jour dans le Centre du Pays, avant de prendre le chemin de l’Ouest, c’est dans le Nord qu’il écrira ses plus belles pages d’enseignant, après une belle parenthèse hexagonale. En 1998, l’ancien pensionnaire de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, en France, passé par l’UCAD, intègre l’UGB comme Assistant en Informatique. Depuis, il enchaine les prouesses. Aujourd’hui, le Recteur de l’Université virtuelle du Sénégal, Membre titulaire de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal, président du Conseil scientifique et académique du Campus franco-sénégalais, Président du Jury de la 2e édition du Grand Prix du Président de la République pour l’innovation numérique et responsable de la chaire UNESCO sur les sciences et technologies émergentes pour le développement, porte haut l’enseignement à distance.
Les débuts de Moussa Lô dans la vie et les études donnent le vertige, tant le fils de Kaolack a connu plusieurs géographies. Entre le bassin arachidier où il voit le jour, le département de Mbour où il se familiarise avec l’école, pour la première fois, un cursus scolaire qui s’est prolongé à Diourbel, un parcours post-Bac inauguré en France, il y a mille et une histoires à raconter. En 1989, le jeune lycéen décroche un Baccalauréat S1 au Lycée Valdiodio Ndiaye avec la mention Bien et obtient une Bourse qui l’enverra en France. “J’ai par la suite bénéficié d’une bourse du Gouvernement du Sénégal pour aller faire mes études supérieures en France, précisément à la Faculté des sciences de Luminy de l’Université d’Aix-Marseille. C’est ainsi que j’y ai successivement obtenu : un DEUG en Mathématiques appliquées et Sciences sociales – option Psychologie-Sociologie-Linguistique (cela peut paraître étonnant au vue de mon parcours quasiment scientifique, mais son caractère pluridisciplinaire me permettait de prétendre à un panel plus large de possibilités) (1991), une licence informatique (1992), une maitrise informatique (1993) et un Diplôme d’Études supérieures spécialisées (DESS) en Informatique et Intelligence artificielle (1994)“, se souvient l’actuel Recteur de l’Université Virtuelle du Sénégal.
Une carrière à mi-parcours bien remplie
L’homme qui voulait se confiner dans le privé comme ingénieur informaticien était loin de se douter qu’il était destiné à une carrière d’enseignant. “Lorsque je suis rentré au Sénégal avec mon DESS, je cherchais plutôt à m’investir dans une carrière d’ingénieur, notamment dans le privé. Mais le contexte économique d’alors n’était pas trop favorable au marché de l’emploi. En attendant de pouvoir trouver une opportunité dans les entreprises, j’ai effectué des enseignements d’abord au niveau du Centre de Formation professionnelle de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Kaolack et ensuite à l’UGB de Saint-Louis. Cela m’a conforté dans mes convictions, que le secteur de l’enseignement, et plus particulièrement le milieu universitaire, était le mien“, confie ce brillant universitaire qui “a toujours eu envie de partager et de contribuer au développement des apprenants“. Ayant pris part à plusieurs missions d’enseignement et de recherche en Afrique, Moussa Lô a aussi activement participé à la formation et à l’encadrement de plusieurs générations d’informaticiens sur le continent, à travers les enseignements dispensés à Saint-Louis : Algorithmique et Programmation, Technologies et Architectures du Web, Génie Logiciel et Programmation Orientée Objet en JAVA, Algorithmique et Structures de données, Intégration de données hétérogènes, etc.
L’informatique au coeur
Titulaire d’DEA d’Informatique de la Faculté des Sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, d’un Doctorat d’informatique de l’Université de Pau et des pays de l’Adour en France, Monsieur Lô a effectué sa thèse en alternance, puisqu’entre temps, recruté à l’Université Gaston Berger comme Assistant en Informatique à l’UFR SAT, après y avoir effectué des vacations de 1995 à 1997. Sa soif de savoir devenant plus grande, le Kaolackois a pu mener une carrière académique qui lui a permis, suite à l’obtention de son doctorat dédié aux technologies du Web en 2002, d’une part d’être promu aux différents grades du CAMES jusqu’à devenir Professeur titulaire en Informatique en 2014 et, d’autre part, d’occuper plusieurs fonctions de responsabilité à l’UGB : Coordonnateur du DESS d’Ingénierie Informatique et Technologies de l’Information et de la Communication, Directeur-Adjoint de l’UFR de Sciences Appliquées et de Technologie, Directeur de l’UFR de Sciences Appliquées et de Technologie ,Vice-Président de l’Assemblée de l’Université et Président de la commission enseignement et réforme, avant de présider aux destinées du Centre d’Excellence Africain en Mathématiques, Informatique et TIC et du Laboratoire franco-africain de Recherche en Informatique et en Mathématiques Appliquées.
Une Université Virtuelle du Sénégal en plein dans l’innovation et le numérique
La création de l’UVS en août 2016 est une belle décision du Chef de l’Etat, Macky Sall, convaincu que Dakar doit relever les défis de l’innovation. Neuf ans après, “les effectifs de nos étudiants ne cessent de progresser et nous sommes aujourd’hui à plus de 55.000 étudiants“, informe le Recteur, non sans ajouter que “depuis deux ans, nous accueillons le 1/3 des bacheliers orientés dans les universités du Sénégal, avec un taux de réussite moyen de 77% et un taux de rétention en constante évolution, compris entre 92% et 98% pour les L2, L3 et le Master“. Autre motif de fierté du Chevalier de l’ordre international des Palmes académiques du CAMES : “même en L1, où le taux d’abandon était très élevé, de nettes améliorations sont notées“. A l’en croire, c’est également ” le fruit d’un meilleur accueil des nouveaux bacheliers au sein des ENO durant une période où les activités pédagogiques se déroulent en présentiel et permettent de préparer les nouveaux étudiants à ce nouveau mode d’enseignement auquel ils ne sont pas habitués“. Avec ce modèle, le Sénégal a réussi à lutter davantage contre la désertion des zones rurales tout en participant à l’aménagement numérique du territoire à travers les nombreux Espaces Numériques Ouverts. Pour Professeur Moussa Lô, “cela a, en outre, permis de favoriser l’accès aux études supérieures à la population féminine“, avec une Université “la plus féminine du pays” puisqu’ayant atteint un taux de 54% d’étudiantes contre une moyenne nationale qui oscille autour de 36%.
De gros défis et de belles perspectives
Même si l’UVS peut légitimement se féliciter “d’avancées exceptionnelles telles que l’habilitation institutionnelle, l’accréditation par l’ANAQ-Sup de nos programmes, le démarrage de l’École doctorale pluridisciplinaire, la réforme de notre gouvernance, le taux de réussite de nos étudiants et leur insertion professionnelle et tant d’autres progrès“, l’institution se dit consciente des défis et difficultés comme la couverture Internet, la réception tardive des ENO, la stabilisation du calendrier académique, la poursuite de sa montée en puissance, la génération de ses propres revenus (notamment avec la formation continue et certifiante) ou encore le développement de la recherche. Aujourd’hui, les équipes du Professeur Moussa Lô entendent continuer à soutenir les étudiants dans leurs projets de création d’entreprise, avec la mise en place d’un incubateur, le programme Formations Ouvertes pour le Renforcement des Compétences de l’Emploi et de l’Entreprenariat Numérique (FORCE-N), un engagement impactant auprès des terroirs, à travers les ENO, entre autres. “La perspective internationale constitue également un projet phare de notre institution afin de poursuivre notre rayonnement en Afrique et dans le monde à travers notre compétence avérée en matière de formation à distance“, conclut-il.
(Source : Le Techobservateur, 2 décembre 2022)