Enjeux de l’information dans un monde global : L’Ipao réduit la fracture
vendredi 14 décembre 2007
Les Technologies de l’information et de la communication n’en finissent de susciter des innovations. Internet innove et crée de nouveaux instruments que les Africains ont tout intérêt à maîtriser rapidement.
Face à un monde devenu de plus en plus global et où la maîtrise des flux d’informations est stratégique, l’Afrique a sa partition à jouer. Du fait de leur fort taux d’analphabétisme, les populations africaines ont tout intérêt à s’arrimer au train des Technologies de l’information et de la communication (Tic) pour rester au rythme des autres nations. Cela n’est pourtant pas encore le cas, dans la mesure ou l’Afrique n’est la source que de 0,02% des productions mondiales en matière d’information. De plus, les outils de diffusion des Tics, l’ordinateur entre autres, sont un luxe que ne peuvent se permettre des millions de personnes en Afrique. S’y ajoute le coût élevé des connections Internet, qui constitue le plus sûr moyen de maintenir les Africains en dehors du développement.
Aujourd’hui, les informations circulent à travers le monde en abolissant les distances et en dehors de toute notion temporelle. Le monde devenu global échange ses flux d’informations en temps réel. Cette démocratisation de l’accès n’est pas sans soulever des interrogations et des inquiétudes. Pour tenter d’y répondre, des professionnels africains de la presse et des Tics sont réunis à Dakar depuis hier, pour un atelier de trois jours.
Organisée par l’Institut Panos de l’Afrique de l’Ouest (Ipao), cet atelier permettra de pousser la réflexion sur les nouveaux défis que représentent ces outils, à travers le thème : « Nouvelles technologies, nouveau journalisme, renforcement de la gouvernance ». Une révolution qui ne saurait laisser indifférent un secteur comme la presse. Un secteur qui a vu éclore ces dernières années, de puissants outils numériques tels que le Web 2.0, qui a favorisé l’éclosion d’un nouveau type de journalisme, à travers la diffusion des blogs. Ces derniers ne sont pas toujours l’œuvre de journalistes, mais sont le reflet d’une large part de la société. Aussi bien les politiques que les jeunes y trouvent un moyen d’expression gratuit et d’utilisation facile, pour peu qu’on sache manipuler de tels concepts.
Les mutations introduites par les Tics sont importantes car, elles changent la perception même de nombreux concepts. Là ou l’information était un processus à sens unique basé sur les journaux écrits, la prolifération des sites web introduit l’interactivité et même plus. Elle permet aux consommateurs traditionnels de participer à la création de l’information. Cette révolution technologique qui devrait prendre source dans les écoles de formation de journaliste, ne l’est pourtant pas. Catégorique, Eugénie Aw, la directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), affirme que « les écoles de journalisme de l’Afrique francophone n’ont pas fait leur révolution technologique ». Elle poursuit en soulignant que « le Cesti en est resté aux technologies apportées par les bailleurs canadiens ». C’était dans les années 1970 et 1980. Une autre ère.
Mame Woury Thioubou
(Source : Le Quotidien, 14 décembre 2007)