En colère contre « Orange » : L’Intersyndicale de la Sonatel prépare la riposte
vendredi 17 mars 2006
Énième désaveu ! Le conseil d’administration de la SONATEL vient de jeter dans la poubelle, pour la troisième fois consécutive, le projet de « rebranding » de Sonatel Alizé. Le 22 février dernier, il s’est réuni pour rejeter les conclusions du cabinet « Interbrand », car, selon lui, les 1, 6 % du chiffre d’affaires réclamé par Orange sont faibles au regard des 3,7 % que celle-ci aurait exigé. De l’avis du Conseil d’administration, « ce montant est loin de constituer un doublon avec son management fee de 1,3 % en paiement depuis 1997, mais contesté, puis revu à la baisse en 2004, suite à la pression des administrateurs. Pour le cabinet d’avocat, d’Orange, la Sonatel devra verser plus de cinq milliards Cfa, soit 60 % de la croissance du chiffre d’affaires de Alizé en 2007. Pis, avec le management « fee global » et la prise en charge des frais des experts, la Sonatel doit débourser entre sept et huit milliards de F Cfa. Pour la Sonatel, Orange effectue une véritable arnaque, car, sur les 124 milliards de chiffre d’affaires réalisé par Alizé dans la période comprise de 1997 à 2005, Orange ne peut se targuer d’aucun mérite puisque n’étant même pas durant cette époque, France Télécom. Dès lors, comment tirer profit d’une valeur dans laquelle on n’a fait aucune contribution ?, s’interrogent les administrateurs qui ont rejeté l’étude du cabinet. Même si l’Etat a décidé de ne donner son accord de principe que si le projet se fait à coût globalement nul, la Sonatel se veut catégorique : « nous avons besoin du changement de marque pour faire face à la concurrence et au troisième opérateur, mais aussi des efforts de la part de France Telecom concernant les coûts de cette opération », martèle le Directeur général de la Sonatel. Déterminés à ne pas lâcher du leste, les travailleurs de la Sonatel exigent la remise en cause de la coopération avec France Telecom, qu’ils accusent d’avoir bloqué le débat durant cinq heures et de refuser de passer au vote. Ils estiment que « le président du conseil d’administration (Pca), est un goulot d’étranglement et mérite d’être remplacé ». Pour amener ce dernier à « changer de méthode », l’intersyndicale de la Sonatel a décidé de tenir une assemblée générale dans quinze jours pour « valider le dépôt d’un préavis de grève, informer le pouvoir et les parlementaires ». Les camarades de Ibrahima Konté justifient leur plan d’action par le « dilatoire dont fait preuve France Telecom et qui est un affront envers l’Etat, et demandent à l’intersyndicale d’organiser comme en 1998, un forum, avec l’ensemble des syndicats du groupe France Telecom d’Afrique, de Maurice, de Madagascar, Cameroun et Côte d’Ivoire. D’autant que, aux yeux de l’intersyndicale, France Télécom n’est pas un opérateur historique de l’Etat Français, mais une simple multinationale qui soumet toutes ses filiales à une pression de remboursement de leur endettement ». Pour l’intersyndicale, « c’est pour combler ce gouffre et rattraper les 600 000 abonnés qui l’ont quitté, que France Télécoms prévoit en plus de la collecte de brand fee à travers ses filiales par le canal d’Orange, le licenciement d’ici 2005 de 17.000 travailleurs français ».
Daouda THIAM
(Source : L’As, 17 mars 2006)