El Malick Seck après sa libération : « Le procès-verbal de mon déferrement était déjà fait »
vendredi 9 novembre 2007
Le patron du site d’information Rewmi.com a retrouvé les siens tard, dans la soirée d’hier, suite à son interpellation suivie d’interrogatoire au niveau de la Division des Investigations criminelles (Dic). C’est peu après 13h, hier, que El Malick Seck a retrouvé la liberté après avoir passé toute la journée de mercredi et la matinée de jeudi dans les locaux de la Dic, après avoir passé la nuit de mercredi à jeudi dans une cellule du commissariat du Port.
Hier, devant la presse locale thiessoise, le confrère ne paraissait nullement abattu par cette épisode de sa carrière, de par le traitement qui lui a été réservé. « Tant au niveau de la Dic qu’au niveau du commissariat du Port où j’ai été conduit en début de soirée, je n’ai eu à souffrir d’aucun traitement de nature avilissante », déclare M. Seck. Du reste, le comportement assez correct des policiers a commencé au moment où, le commissaire Adramé Sarr « sans une convocation », lui a demandé de se présenter au commissariat central de Thiès. Après une descente dans les locaux du journal en compagnie des limiers, la conduite sur Dakar de notre confrère s’est passée sans anicroches, raconte-t-il. Idem pour les interrogatoires qui ont porté en particulier sur l’identification d’un des internautes qui a déversé des insultes sur la personne du président de la République, le financement du site, l’absence de modérateurs pour filtrer l’écrit des internautes.
Des questions sur lesquelles El Malick Seck dit avoir répondu en âme et conscience tout en reconnaissant qu’il lui été impossible, faute de moyens, de veiller sur le contenu des soixante messages quotidiens des internautes qui visitent son site. Apparemment, et compte tenu des réponses servies, il ne semblait pas avoir le feu. Mais qu’elle ne fut sa surprise, hier, de se voir coller le délit « d’offense au Président et des actes de nature à fragiliser les institutions ». « Le procès-verbal de mon déferrement était déjà prêt bien avant midi », renseigne le journaliste thiessois qui soutient avoir été sauvé « par les journalistes qui accompagnent le Président à Paris ,les éditeurs qui ont rencontré le ministre Ousmane Ngom et une bonne volonté ». Le nom de cette dernière personne ne sera pas révélé. Mais l’engagement des uns et des autres ainsi que la lettre d’excuse au chef de l’Etat que le journaliste dit avoir écrit, ont été décisive dans sa sortie sans dégâts de la Dic. « Pour moi, il n’y a pas gêne à écrire une lettre d’excuse au Président, dès l’instant que je suis opposé à tout manque de respect par rapport à sa personne et le fait aussi que c’est mon site qui a servi de cadre à ces insultes », jure, la main sur le cœur, El Malick Seck.
A propos de son matériel toujours maintenu à la Dic, il soutient que c’est à son initiative personnelle que ce matériel n’est pas encore de retour. « J’irai le prendre lundi ou mardi. » Mais ce manque n’est pas de nature à créer des problèmes au fonctionnement de son site qui est toujours opérationnel.
Par Birane Gning
(Source : Le Quotidien, 9 novembre 2007)
« J’assume les commentaires des internautes »
El Malick Seck est arrivé à la Brigade des affaires générales (Bag) hier à 10 heures 15 mn dans un véhicule Peugeot Break de couleur grise, escorté par des agents de ce service. Vêtu d’un tee-shirt rouge, un pantalon kaki, il se dirige vers les locaux de la Bag, encadré par les policiers en tenue civile. Il va en ressortir un quart d’heure après pour rejoindre la salle informatique de l’Union des magistrats du Sénégal. Là, il s’active devant un ordinateur, sous surveillance policière. La présence de personnes venues faire des photocopies ne semble nullement ébranler le trio concentré sur l’écran de l’ordinateur.
De temps en temps, un des policiers se lève, le téléphone portable collé à l’oreille avant de revenir et de poser des questions à El Malick Seck. Ils vont quitter les lieux, vers 11 heures 2 mn pour retourner à la Bag. Quelques heures plus tard, cet homme sera libre de ses faits et gestes. Joint au téléphone par les confrères de Première Fm, il déclare : « Nous n’avons pas fui nos responsabilités, même si nous ne sommes pas les responsables directs de cette affaire. J’assume les commentaires des internautes et j’ai en même temps présenté mes excuses au président de la République, parce qu’il s’agit de lui directement. Qu’il s’agisse de lui ou de moi, personne n’aimerait que quelqu’un puisse entrer sur Internet pour dire des choses pas nettes. » « Moi, j’ai présenté directement mes excuses au président de la République et nous avons dit aux inspecteurs de la Dic que nous allons prendre toutes les mesures pour que pareilles choses ne se reproduisent », promet M. Seck.
Yathé Nara Ndoye