L’édition se porte mal en Afrique. Les maux ont pour nom : étroitesse et morcellement linguistique du marché, perte du goût pour la lecture, faiblesse des revenus, maisons d’édition fantômes, publications aléatoires, manque de compétences éditoriales, commerciales et de réseau de diffusion, coût exorbitant des intrants (papier et fournitures d’imprimerie), désengagement de l’État.
Des années post-indépendance jusque vers les années 1970-1980 l’État est le principal acteur sur le marché national : les bibliothèques d’établissements primaires scolaires et secondaires, techniques et universitaires sont dotées de d’ouvrages (manuels, romans, dictionnaires, etc.) ainsi que les bibliothèques des maisons de jeunes et de la culture. Il a en face de lui des maisons d’édition qui ont pour nom : Nathan, Hachette, Hatier, etc., il s’agit déjà, à cette époque d’un secteur où les parts de marché sont détenues par des géant mondiaux déjà sensibilisés aux différences des contextes culturels et sociologiques même si les programmes restent à la discrétion de l’ancienne métropole.
Les crises consécutives aux chocs pétroliers, les politiques d’ajustement structurel et l’immixtion grandissante des institutions de Bretton Woods dans les secteurs de l’éducation formelle par des mesures de rationalisation croissante auront fini de désagréger toute velléité de faire du livre le rouage essentiel pour la culture et la connaissance. Aujourd’hui en Afrique le livre peut- être considéré comme un véritable chaînon manquant dans le domaine éducatif.
A ces causes quelque peu globales, il faudrait ajouter des contextes nationaux locaux et sous régionaux souvent défavorables (au plan politique et culturel : repli identitaire, culturel ou religieux, au plan économique (dévaluations, absence de monnaie commune, corruption, etc.) même si, çà et là, des initiatives d’ONG et d’agences de coopération tentent d’inverser la tendance comme dans l’espace francophone.
Des pays et maisons d’édition dynamiques se retrouvent au Maghreb, comme par exemple en Tunisie, ou des incitations diverses existent ainsi que des structures de formation adéquates, et en Afrique australe (Zimbabwe, Afrique du Sud). Certains pays jouissant de facteurs favorables ne sont pas en reste (Nigeria par exemple). Mais l’État peut-il être considéré comme étant au cœur de cette dynamique pour autant ?
Dans les pays où l’édition au sens large fait des percées, des politiques de co-édition hardies existent y compris avec de grandes ou petites/moyennes maisons du Nord car celles-ci bénéficient déjà de réseaux de distribution et de diffusion structurés et de l’expertise du métier. Le marché est prospecté et les besoins du lectorat cerné que ce soit pour le roman, la littérature de jeunesse ou pour l’édition technique et scientifique.
L’Afrique subsaharienne se doit de combler son retard en innovant. Les éléments de nos cultures populaires sont sous le boisseau et tout le monde devra y mettre du sien (écrivain, auteurs des différents genres, artistes-graphistes-maquettistes, conteurs, historiens traditionalistes, etc., pour redonner vie à l’envie de lecture et inculquer des valeurs d’ancrage à nos sociétés, pour éduquer et former. La solution peut provenir de la consolidation de réseaux existants, de l’échange d’expériences, du soutien raisonné de l’État, mais aussi et surtout de l’innovation et de la synergie à tous les niveaux.
Qu’entendre par innovation ? A voir : le nombre de séminaires de formation sur les différentes thématiques liées au livre depuis une décennie au moins, les demandes de soutien spécifique par exemple pour le roman ici au Sénégal, m’amène à penser qu’il ne faudrait pas avoir une vision braquée sur le court terme et somme toute corporatiste. Le problème d’une politique de promotion et de soutien du livre et de l’édition est un tout que l’on ne peut appréhender sans en avoir une vision globale : les moyens et les compétences pour agir dans un environnement difficile et de surcroît menacé par la mondialisation et la fracture numérique.
Les récentes initiatives sur la solidarité numérique et le potentiel croissant qui se met en place en Afrique doivent pousser à repenser notre vision du livre uniquement en tant que support imprimé dont la production (édition/impression/marketing), le transport (distribution), et la mise à disposition du public (diffuseurs, libraires, VPC) ont des coûts exorbitants en Afrique. Le coût d’un cd-rom éducatif peut considérablement pallier dans certains contextes cet état de fait. Le Sénégal qui est une tête de pont dans cette initiative par le biais des différentes structures existantes doit intégrer cette donne qui n’est pas de l’utopie. Des millions de publications sont disponibles aujourd’hui par le biais du Net (en pdf, html, cfm, etc.), à tel point qu’un élève ou étudiant peut- être plus documenté et à jour que son enseignant sur une question ou des statistiques données !
La pénétration de l’outil informatique reste faible dans le tissu social et éducatif, donc il ne faut pas rêver. Mais on pourrait concevoir ici au Sénégal des centres de ressources judicieusement implantés qui pourraient apporter une valeur ajoutée considérable à la diffusion de la connaissance et à la formation à tous les niveaux notamment par le biais du livre électronique dans les endroits reculés et là où les niveaux de revenus ne l’auraient pas permis. Évidemment des problèmes techniques (et financiers) se posent ici mais qui restent solvables car le capital humain existe et la volonté pour le faire.
Charles Beye
Chargé des Publications
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