Écarté des prétendants à la troisième licence de téléphonie : Wireless Sénégal décide d’ester en justice
jeudi 6 septembre 2007
C’est aujourd’hui que l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) va rendre public le nom de l’opérateur choisi pour la troisième licence de téléphonie. Mais déjà, des grincements de dents se font entendre du côté de la société Wireless Sénégal Sa, dont la candidature n’a pas été acceptée par l’Artp.
Alors même que l’Artp n’a pas donné le nom de l’opérateur choisi pour détenir la troisième licence de téléphonie, voilà qu’une société soumisionnaire est sortie de son mutisme pour dénoncer ce qu’elle appelle les « pratiques illicites et magouilles à l’Agence de régulation des télécommunications et des postes ».
En effet, Wireless Sénégal Sa, représentant de Plateforme Wireless international corporation, dont le siège se trouve à Los Angeles (Californie) nous dit-on, a dénoncé hier les procédures de sélection des prétendants à la troisième licence de téléphonie. Selon Cheikh Tidiane Faye, administrateur général de Wireless Sénégal, l’Artp a refusé leur candidature sous le prétexte que seules les sociétés ayant manifesté leurs intérêts en 2004, suite au sommet mondial sur la société de l’information, tenu à Tunis, ont droit à déposer des appels d’offres pour l’obtention de la licence. Ce qui aux yeux de M. Faye, est contraire aux procédures normales. D’ailleurs, il souligne qu’il s’agit de maquillage puisque les dés sont jetés depuis et qu’il a fallu attendre la veille de la clôture des trois sélectionnés pour notifier par fax sa mise à l’écart. Pour l’administrateur de Wireless Sénégal, « ce sont des pratiques malsaines de gens qui veulent s’enrichir sur le dos de l’État ». Et pourtant indique M. Faye, sa société était prête à acheter la licence de téléphonie à 30 milliards de Fcfa, soit 62,5 millions de dollars et l’avait fait savoir au chef de l’État par correspondance.
Il indique que dans son offre technique, elle s’engage à déployer au Sénégal un réseau de système Arc (Airbone Relay Communication). Une technologie, à en croire Wireless Sénégal, qui aura le mérite d’assurer la couverture totale du territoire national en téléphonie et radiotélévision et comporte des applications dans divers domaines. Il s’agit, selon toujours l’opérateur que « les bas niveaux d’investissements, la flexibilité, le système de maintenance efficace et les améliorations rapides du système Arc, génèrent plus de profits et de puissants avantages compétitifs ».
Sur le plan financier, le responsable de Wireless dit avoir investi depuis 2004, près de 300 millions dans l’espoir d’obtenir la troisième licence et s’était engagé à investir à l’époque 52 milliards et 100 milliards aujourd’hui. Toutes informations qui restent à être démontrées.
Fort de tous ces arguments, Wireless entend saisir le Conseil d’État, habilité à juger ces cas, sur le fait qu’elle soit exclue de la compétition. Ensuite, elle entend ester en justice pour ce qui est de l’action pénale, parce que dit-on, il y a eu violation du secret de la correspondance en envoyant le fax de réponse à une société voisine d’immeuble. Ce n’est pas tout puisque la société va aussi saisir la maison mère se trouvant aux Etats-Unis afin qu’elle saisisse le Pentagone (sic) qui détenait en premier le système de téléphonie Arc pour des besoins militaires, avant de le céder aux civiles, histoire de faire pression sur le gouvernement sénégalais.
Babacar SOW
(Source : Le Matin, 6 septembre 2007)
Les arguments sans fil de « Wireless Sénégal »...
Comment une société qui aspire à détenir la troisième licence de téléphonie du Sénégal, peut-elle fonctionner sans téléphone, ni fax depuis trois ans qu’elle s’est installée au Sénégal ? En tout cas ce détail a retenu l’attention des journalistes qui étaient hier en face de l’Administrateur général de Wireless Sénégal Sa, Cheikh Tidiane Faye pour dénoncer ce qu’il appelle « pratiques illicites et magouilles à l’Agence de régulation des télécommunications et de la poste (Artp) » .
Interpellé sur le fait que l’Artp ait répondu à la demande de candidature de Wireless Sénégal, via le fax d’une socciété voisine d’immeuble, son administrateur a indiqué clairement qu’ils n’ont pas de fax, ni de téléphone. Wireless Sénégal voulait que la réponse de l’Artp se fasse par courrier et non par le fax du voisin.
Et ainsi, la société décide d’ester en justice pour violation du secret de la correspondance, en plus de la saisine du Conseil d’État.
Autre détail important, comment une société, aussi anonyme soit-elle, au capital de seulement...10 millions de Fcfa, peut-elle prétendre investir aujourd’hui 100 milliards au Sénégal, même si derrière il y a des Américains ?
Dernier détail : l’argument selon lequel il n’est pas permis de faire une sélection des candidatures, ne tient forcément pas la route. En fait pour des raisons stratégiques, il est possible que l’Etat fasse d’abord une sélection avant de publier la liste des soumissionnaires à l’appel d’offres. C’est le cas en l’espèce car le prochain opérateur sera présent aussi bien sur le mobile que sur le fixe.
En effet, dans le code des marchés publics sénégalais les appels d’offres restreints sont envisagés en substance en raison de la nature spéciale de la fourniture des travaux ou des services. Bon, le Conseil d’État appréciera.
Babacar SOW