Le Sénégal est désormais un pays dans lequel les pratiques d’e-commerce et e-service ont été adoptées par les populations. Face à cet engouement pour les transactions commerciales numériques, le pays est devenu une attraction pour les multinationales du secteur, plus dépendante financièrement que les acteurs locaux. Quel impact l’implantation de ces géants du commerce numérique peut-elle avoir sur les startups et les entreprises numériques africaines ?
L’intérêt des géants mondiaux du commerce sur internet pour l’Afrique n’est plus à démontrer. Entre 2013 et 2014, le continent a attiré de nombreuses grandes figures du e-commerce mondial, comme le géant allemand Rocket Internet, spécialisé dans la réplication de modèles économiques numériques à succès dans les marchés émergents, et désormais présent dans plus d’une quarantaine de pays africains, à travers une dizaine de compagnies.
Pourquoi le choix du Sénégal ?
Depuis 2014, le commerce en ligne a pris ses marques au Sénégal, et les multinationales ont joué un rôle considérable dans cet essor. Le choix du Sénégal n’est pas fortuit. En effet, avec près de 7,4 millions de personnes abonnées à internet, le Sénégal est parmi les pays africains à fort potentiel pour le secteur du commerce en ligne, notamment en Afrique francophone. Son climat des affaires très libérale et sa stabilité sociale et politique sont également des atouts importants pour l’émergence de ce type de commerce. Mieux outillées financièrement et avec une meilleure connaissance du secteur, les multinationales se « frottent » aux startups locales, qui tentent tant bien que mal de se frayer un chemin.
A l’école du e-commerce
Bien que le e-commerce prenne une place considérable dans les habitudes de consommations des sénégalais, il faut néanmoins souligner que nous n’en sommes pas moins à une phase d’apprentissage de ce modèle commercial. Cela est d’autant plus valable pour les startups locales sénégalaises qui, bien que n’ayant pas grand-chose à « envier » à leurs collègues occidentaux, sont dans une phase d’apprentissage, car le e-commerce est tout aussi nouveau comme business que comme mode de consommation. « Aujourd’hui, les acteurs locaux du commerce en ligne doivent s’appuyer sur l’expertise des grands groupes pour améliorer leur façon de procéder. Les gens ne doivent pas nous considérer comme des concurrents, nous apportons notre savoir-faire sur un secteur nouveau, c’est d’ailleurs dans ce sens que nous organisons des rencontres, notamment des partages d’expériences avec des startups locales », explique Kamal Diaité, en charge du marketing à jovago.com, une entreprise d’Africa Internet Group. L’intéressement des multinationales européennes, américaines ou chinoises pour l’Afrique n’est pas un fait récent dans le commerce, et cela est aussi vrai pour le commerce en ligne. L’une des difficultés pour les startups locales est l’éducation des consommateurs sénégalais. « Il n’est pas souvent aisé de faire comprendre au consommateur qu’en utilisant son ordinateur ou son smartphone, il peut avoir accès à une multitude de services sans se déplacer. C’est un travail qui demande beaucoup d’endurance », estime Abdou Dieng, promoteur de la plateforme assurancefacile.sn. Il est également important de souligner qu’avec l’arrivée de ces multinationales, le secteur du commerce en ligne sénégalais suscite l’intérêt des grands médias internationaux qui ne manquent pas d’occasion de porter un regard sur l’écosystème de ce secteur, ce qui constitue également une ouverture mondiale pour les acteurs locaux.
Ismael Kambell
(Source : Jovago, 8 janver 2016)