E-Learning, télémédecine, e-gouvernance... : La face vertueuse d’Internet
lundi 24 octobre 2011
Internet est un outil fascinant qui a révolutionné la vie de milliards d’individus dans le monde. Pour l’Afrique, cette technologie constitue, à n’en pas douter, une formidable opportunité de développement, notamment en facilitant l’accès au savoir et aux soins de santé. Cependant, comme le faisait remarquer Joseph Ki-Zerbo, il est important que les Africains s’approprient internet en y mettant du contenu africain.
A l’instar des autres technologies, internet présente un double visage : on y trouve le meilleur comme le pire. A côté de la face hideuse de la toile, très souvent mise en exergue (cybercriminalité, pornographie en ligne, etc.), internet a permis des avancées capitales dans tous les domaines, notamment ceux de l’éducation (e-learning), de la santé (télémédecine), de la gouvernance, etc.
Au Sénégal, même si l’application du net dans ces domaines est encore à une phase balbutiante, on peut noter plusieurs initiatives visant à tirer profit des énormes opportunités du net pour impulser le développement.
Dans le domaine de l’éducation, l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), qui avait déjà lancé un programme d’enseignement à distance pour accompagner la réforme Lmd (Licence-Master-Doctorat) et résoudre le récurrent problème des effectifs, a initié, en 2008, le projet Campus virtuel africain (Cva).
L’objectif principal de ce projet est de résoudre le problème du déficit d’enseignants en sciences grâce à l’utilisation des Tic, par la mise en place d’une bibliothèque régionale virtuelle - sept pays de la sous-région sont associés au projet - et des ressources consultables en ligne par les chercheurs et les étudiants.
A côté, on peut citer quelques projets du gouvernement sénégalais : Seneclic (pour l’équipement des structures scolaires en ordinateurs), Sankoré (utilisation des tableaux numériques), Case des tout-petits, etc. Tous ces projets cherchent à profiter de l’apport décisif des Tic pour démocratiser l’accès au savoir et profiter de la diversification des contenus. Mais, sur ce plan - et sur tant d’autres - le défi, c’est justement l’absence du contenu africain sur le web. En matière de santé, internet a également permis une facilitation de l’accès aux soins. La formule « prendre l’internet plutôt que la route » est devenue de mode chez les médecins. Concrètement, si un enfant fait une crise d’épilepsie, disons à Matam (Nord-Est), mais le neurologue habite à Dakar à des centaines de kilomètres, ou que la grossesse d’une femme se passe mal, on craint pour sa vie, mais l’obstétricien est en ville, loin du village où elle se trouve, etc., ces personnes peuvent éviter de faire un long voyage coûteux et risqué.
Télémédecine et Intranet
L’existence d’un système de télémédecine peut permettre à l’infirmier du village ou au médecin basé dans une région reculée, de recueillir l’avis d’un spécialiste. Il est désormais possible, grâce au matériel dont dispose l’hôpital Principal de Dakar, de faire des vidéoconférences et de transmettre les interventions des examens diagnostics dans une structure hospitalière extérieure.
L’hôpital Principal dispose, en effet, de tout un système de radiologie numérique qui permet de transmettre les examens radiologiques et les imageries médicales (que ce soient les Irm ou les radiologies standards) d’un service à un autre ou sur le web pour une interprétation dans un autre pays.
Internet est aussi un formidable outil de gouvernance, notamment en facilitant les démarches administratives. Le Sénégal, dans sa politique de modernisation de l’administration, après avoir lancé, en 2005, le réseau d’intranet gouvernemental, a mis en œuvre, cette année, la téléphonie de l’Etat, un système qui permet à des agents de l’administration de communiquer gratuitement (y compris par vidéoconférence) grâce au déploiement (en cours) de 12.000 téléphones dans plusieurs régions du pays traversées par la fibre optique.
L’Agence de développement de l’informatique de l’Etat (Adie) a ainsi permis de relier 35 capitales départementales entre-elles par l’intranet. On peut aussi citer d’autres projets tels que le site des démarches administratives ou le Système administratif des formalités informatisées (Safi).
En matière de commerce, le système Trade point Sénégal, créé en 1998, participe à la gestion et au traitement de l’information pour un meilleur service aux usagers et opérateurs économiques, la diffusion et l’accès à l’information commerciale stratégique et la facilitation des transactions commerciales de manière électronique, notamment pour les Pme. Il faut souligner, enfin, que toutes ces avancées sont intimement liées au développement des télécoms : la Sonatel a joué un rôle capital dans le déploiement des infrastructures Tic.
Seydou Ka
(Source : Le Soleil, 24 octobre 2011)