E-Finance du programme Digital Freedom Initiative : les difficultés de réalisation du projet
lundi 20 décembre 2004
Le programme Digital freedom initiative (Dfi) de l’Usaid a démarré au Sénégal depuis le 4 mars 2003 avec comme objectifs de promouvoir la croissance des PME à travers les TIC et l’expertise des volontaires Américains et Sénégalais. Le Sénégal est considéré comme pays pilote.
Parmi les projets, il y a l’E-finance qui vise à appuyer la mise en place d’un système pour faciliter les transactions financières électroniques.
D’après Mme Fatoumata Sylla directrice de Dfi, un certain nombre difficultés ont été rencontrées pour la réalisation concrète de ce projet qui touche en priorité les zones rurales sur une période de trois ans avec au finish au moins un prestataire et 50 PME devant utiliser le système électronique pour les transactions. Tout d’abord, après avoir lancé en janvier 2004 un appel à manifestation d’intérêt dans les journaux et sur le site web de Dfi, seules deux propositions sont reçues par le Dfi. C’est alors que des recherches complémentaires ont été menées pour mieux comprendre le manque de participation des bénéficiaires. Des interviews réalisées avec un certain nombre de mutuelle et de sociétés ont révélé des obstacles liés à la rentabilité.
C’est ainsi que, signale Mme Sylla, de structures financières ont montré plus d’intérêt pour le transfert de monnaie à partir de l’étranger que le transfert local de monnaie.
Ensuite ces structures ont souligné la nécessité d’avoir une masse critique de clients pour que l’émission de carte soit rentable. C’est le cas de la Sodefitex qui paie en moyenne 75.000 francs pour une carte de 9.000 francs. A ces obstacles liés à la rentabilité, il y a des obstacles culturels au projet E-finance de Dfi. Mme Sylla révèle que la plupart des institutions financières n’étaient pas bien informées sur les fonctions de la carte électronique.
De plus les personnes interviewées ont estimé que la plupart des paysans n’avait pas confiance en la carte électronique pour garder leur argent.
Les femmes par exemple préféraient le noeud du pagne ou Nafa en Wolof. A ces obstacles, est venu se greffer la faiblesse des infrastructures (manque de réseaux fiables, faiblesse du taux d couverture du téléphone en zone rurale, faiblesse de l’électrification rurale etc.), sans compter la rigidité de la réglementation bancaire.
En vue de mieux intégrer les zones rurales dans le projet E-finance, les responsables de Dfi ont élaboré des stratégies. C’est ainsi qu’ils comptent sensibiliser les institutions financières décentralisées sur les enjeux du E-money pour les populations vivant en milieu rural. Ils entendent aussi développer des stratégies de marketing pour amener les populations rurales à utiliser les cartes électroniques. C’est le cas par exemple avec le système de la Sodefitex et de Nafa qui peut être généralisé pour permettre aux paysans d’utiliser leurs cartes comme moyens de paiement.
Enfin la directrice du Dfi avance l’idée d’inciter des populations rurales à adhérer au système de carte de telle sorte à dégager une masse critique pour réduire le coût unitaire des cartes.
Malick Sylla
(Source, Le Journalm de l’Economie, 20 décembre 2004)