Du fait de la crise en Côte d’Ivoire : Les commerçants sénégalais s’investissent dans l’électronique
lundi 25 septembre 2006
Les Sénégalais sont connus comme un peuple de voyageur. Et la Côte d’Ivoire ne fait pas l’exception. Malgré la crise politique qui sévit dans ce pays coupé en deux avec les partisans du président Laurent Gbagbo et les rebelles dirigés par Guillaume Soro, ils sont toujours présents dans ce pays. S’activant pour la plupart dans le commerce, ils sont installés dans les grands marchés d’Abidjan.
Il s’agit notamment du marché d’Adjamé, qui, par son étendu, peut faire presque cinq fois le marché Sandaga de Dakar, le marché Belle ville, le marché de Treicheville, etc. Mais aujourd’hui cette crise ivoirienne a changé les habitudes des commerçants sénégalais. S’activant avant dans l’habillement, ils se sont convertis à l’électronique. Le marché de la vente des portables et accessoires, mais surtout la réparation des appareils téléphoniques font bon étalage. Les lecteurs Dvd, mini chaînes, cassettes ou Cd vierges ornent aussi leurs boutiques. Leurs cantines jonchent la grande avenue du quartier de Treicheville, après le Centre national des arts et de la culture.
Comme à Sandaga, ils identifient leurs cantines par le nom de leur marabout : Dabakh électronique, Keur Bamba, Touba Guèye, etc. Mais dès que tu leur poses la question dans la langue du pays pour leur demander comment vont les affaires ? Ils te répondent rapidement que rien ne marche. Cheikh Guèye, qui a vite oublié son commerce sur l’habillement, il y a deux ans, pour s’investir dans l’électronique abonde dans le même sens.
Selon lui, cette situation est peut être dû au fait que les gens ont la tête à autre chose. Mais néanmoins reconnaît-il, « avec l’ouverture du marché téléphonique en Côte d’Ivoire, ce domaine marche plus dans ce pays ». En traversant le quartier Plateau, ce samedi 9 septembre 2006, malgré les quelques gouttes de pluies qui tombent en cette matinée sur la capitale ivoirienne, le marché Adjamé grouille de monde. Des commerçants qui, malgré les multiples cantines, ont pris possession des deux chaussées de la route.
Contrairement à Cheikh Guèye qui s’est converti dans l’électronique, Bass Sall, devant son étalage composé d’habits (chemins en lin brodés, des robes, ou autres tissus teints) reste toujours dans l’habillement. Selon lui, la rareté des clients s’explique par le fait qu’ils sont confrontés aux tracasseries policiers car venant du Nord du pays, dans la zone rebelle, ils préfèrent ne plus se déplacer vers Abidjan.
Cette absence, constate notre interlocuteur, marque un coup dur sur la marche des affaires. « Nos autres compatriotes, affirme-t-il, se sont orientés vers l’électronique, mais je crois qu’un jour tout va rentrer dans l’ordre ». L’espoir que nourrit Bass Sall, n’est pas partagé par Babacar Gaye. Ce dernier, établi au Marché Belle ville d’Abidjan, informe qu’il a dû diversifier son commerce pour s’en sortir. Sur son étalage en plus des habits, il vend aussi des bijoux en or ou en argent.
Toutefois, le président des Sénégalais de Treicheville, Ousseynou Kâ rassure. Etabli dans la capitale ivoirienne depuis 1972, Ousseynou Kâ estime que « malgré les difficultés du moment, nous essayons de nous en sortir ».
Fatou K. SENE
(Source : Wal Fadjri, 25 septembre 2006)