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Drapeau « Sudatel » : la règle des quatre appuis

mercredi 22 septembre 2010

Quand l’un des journalistes les plus réputés du pays est traîné à la barre du tribunal pour diffamation par un proche du président de la république, de surcroît fils du ministre de la Justice, la zen attitude n’a plus sa place. La diffamation est un concept juridique désignant le fait de tenir des propos portant atteinte à l’honneur d’une personne physique ou morale. La plupart du temps, il ne peut y avoir de diffamation que si l’accusation est appuyée par des contre-vérités.

Le procès du journaliste Abdou Latif Coulibaly/Thierno Ousmane Sy, conseiller spécial du président de la République en Tic, qui a duré, mardi 14 septembre, douze heures d’horloge, a été mis en délibéré le 16 novembre prochain. Le tribunal dira si oui ou non la partie civile a eu raison de s’être senti diffamé dans la transaction qui a permis à Sudatel d’obtenir une licence de téléphonie mobile au Sénégal.

Quelle que soit l’issue du procès, le mal est déjà fait. Le ver est dans le fruit. En tout cas, il y a déjà un verdict qui a été rendu, pas celui des augustes magistrats, mais celui, plus terrible de l’opinion publique, ce composé de folies, de sagesses, de sentiments faux, de sentiments justes, d’obstination et, surtout de paragraphes dans les journaux.

Devant ce tribunal-là, les accusateurs sont assis par terre ; ils sont allés, comme qui dirait, au-delà des quatre appuis autorisés en lutte sénégalaise. Il est vrai que le journaliste a effectué un véritable travail de sape en se faisant inviter par un jury populaire composé d’organisations de la société civile qui l’ont lavé avec un détergent dont la publicité peut se résumer en ceci : « soyez contre Wade et vous serez blanchi par la clameur populaire ! » On peut toujours épiloguer sur l’honnêteté de la démarche, mais le résultat est là : avant donc l’entame du « vrai » procès, Abdou Latif Coulibaly, avec le soutien de l’opposition politique et de mouvements « citoyens », a gagné une première manche. Finalement, le procès s’est mué en celui de la bonne gouvernance.

Il a même semblé que la partie civile était l’accusée, alors que l’homme de médias, « preux chevalier de la bonne gouvernance », ainsi que l’a présenté l’un de ses conseils, avait parfois les allures de l’accusateur. Un embrouillamini qui a fait oublier l’essentiel. Y a-t-il eu enrichissement personnel ? L’honneur de Thierno Ousmane Sy a-t-il été atteint ? Le piment de l’affaire est que l’écurie du plaignant, « la galaxie wadienne », traîne trop de casseroles. D’où le glissement subtil qui s’est opéré lors des débats.

Face à une opinion publique composée de Sénégalais exsangues, névrosés par la crise économique et sociale, avide de coupables à conduire au bûcher, la farandole des milliards sous le régime de Wade a été un bonus pour le journaliste, soutenu, il est vrai, par l’ensemble de ses confrères, à quelques nuances près... De plaignant, Thierno Ousmane Sy s’est retrouvé, du moins selon ce que la clameur a rendu, dans la situation de celui qui devait rendre compte.

Or, en matière de diffamation, la charge de la preuve revient à celui qui a remis en cause la probité d’un tiers. En définitive, cette affaire est l’un des dégâts collatéraux de la propension du régime à tomber dans les rets de scandales financiers en tous genres. Quelque part, ce procès était aussi celui de tous ces milliards dont les Sénégalais entendent parler, et qui ravivent leur sentiment d’être les dindons d’une grande farce.

Les faits : L’hebdomadaire « La Gazette », dirigé par Abdou Latif Coulibaly, avait affirmé que « des étrangers en association avec des nationaux très haut placés dans les structures de l’Etat s’étaient partagé 40 millions de dollars » de commissions, en 2007, dans le cadre de la vente d’une licence de téléphonie au groupe soudanais Sudatel. Puis « La gazette » avait annoncé, en une, que Thierno Ousmane Sy était parmi les Sénégalais « identifiés comme étant au centre du scandale ».

L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal, Me Mame Adama Guèye, l’un des conseils du journaliste, a résumé l’esprit de la défense : « Abdou Latif Coulibaly et ses deux co-accusés n’ont jamais dit que TOS avait bénéficié des largesses des Soudanais, mais qu’il a été au cœur des transactions. » Il en est de l’esprit comme de la musique ; plus on l’entend, plus on exige de subtiles nuances.

Si Abdou Latif Coulibaly est condamné, déjà que le Sénégal est dans le collimateur d’une organisation influente comme Amnesty International, tout ce que le monde compte comme défenseurs de « la liberté de la presse » va organiser un concert de rock-métallique au plan international pour dénigrer le régime de Wade ; mais si jamais il venait à gagner son procès, alors là, que de conséquences à en tirer ! A tous les coups, le journaliste aura réussi son pari : faire ouvrir les yeux de l’opinion publique nationale et internationale sur les pratiques en cours au Sénégal, notamment à propos de l’enrichissement illicite de pontes du régime. Un régime qui, dans ce combat, est allé au-delà des quatre appuis. Il est carrément assis sur ses muscles fessiers.

Malheureusement, la presse sénégalaise, n’a pas su aller au-delà des débats d’audience du tribunal de Dakar. La défense a présenté des échanges de mails entre TOS et un certain Kéba Keinde, intermédiaire dans la transaction, déjà connu pour avoir conseillé un autre opérateur, Celtel, dans l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile au Sénégal. Il est dommage que des enquêtes de la presse n’aient pas permis d’en savoir plus. Normal, c’est l’un des rares journaliste-enquêteurs (sans vouloir ne vexer personne) qui faisait face au tribunal.

Qui est Kéba Keinde ? Camarade d’école du plaignant, Kéba Keinde est une grosse tête (Prépa - Grande école française - Ingénieur télécoms), issue de la bourgeoisie dakaroise. Au début des années 90, avec un groupe d’amis, il avait crée un groupe de musique, « SAF », et sorti un tube qui avait fait fureur à

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