On le connait brillant géographe et grand passionné de Géomatique. Labaly Touré aurait pu devenir, sans trop surprendre là aussi, illustre poète et peut-être même, immense philosophe. Voir le jour aux bords du Fleuve Casamance est un pur délice et le natif de Sédhiou (Sud du Sénégal) n’a pas mis beaucoup de temps pour s’en persuader. Comme Alphonse de Lamartine, auteur du fameux “Lac”, le petit garçon n’a pas senti le temps lui filer entre les doigts. De l’école primaire de SEFA à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont de ses jeunes années. Aujourd’hui, enseignant-chercheur à l’Université du Sine Saloum El-Hadj Ibrahima Niass – USSEIN, vice-président du Réseau des Professionnels Africains de la Géomatique, le fondateur du Geomatica, enchaine les voyages pour prêcher le bon geste spatial.
Juillet 2002, Labaly Touré décroche un Baccalauréat L2 au célèbre Lycée Ibou Diallo de Sédhiou. Pour le jeune homme tellement passionné d’études, c’est l’occasion, plus que jamais, de poursuivre son rêve. Et pour ce faire, c’est un retournement géographique à 360 ° qu’il va devoir opérer. De l’extrême Sud, il prend la direction de l’extrême Nord du Sénégal, pour une plongée universitaire à Sanar. Et dans l’ancienne capitale de l’Afrique Occidentale Française, c’est l’Université Gaston Berger qui l’accueille donc. L’enfant de la Casamance intègre la section de Géographie où il obtiendra plus tard son Doctorat dans la même discipline. “Depuis le lycée, je suis resté un passionné d’informatique. J’ai intégré le club EVF en 6e, dans mon lycée. J’ai bénéficié de beaucoup de formations en informatique. Je formais même, à mon tour, mes camarades. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de mes collègues m’appellent Bill, en référence au co-fondateur de Microsoft. Cette passion m’a poussé à embrasser la Géomatique à l’UGB de Saint-Louis. D’ailleurs, mon mémoire de maitrise porte sur ce secteur. J’ai aussi dispensé des enseignements en SIG et télédétection à des étudiants de licence, à la section de géographie alors que je faisais mon DEA. C’est là où j’ai commencé à enseigner et faire des recherches“, se souvient le vice-président du Réseau des Professionnels Africains de la Géomatique.
Le spatial comme espace infini de possibilités
Avec ses premiers stages à la SAED et à l’Inspection Départementales des eaux et forêts de Sédhiou, Labaly se donne à fond au secteur qu’il aime vraiment : le spatial. La rédaction de sa thèse de Doctorat vient s’y ajouter. Désormais, il a tous les prétextes pour assouvir sa curiosité de jeune chercheur. Le Canada, l’Espagne, la France, le monde se réduit au fameux village planétaire que le sociologue canadien des médias, Marshall McLuhan, avait bien vu et juste. “C’est une occasion pour mettre en place des services et développer des produits dans le milieu spatial et pour moi, c’était la chose qui nous manquait. Il y a encore quelques années, la Géomatique était une curiosité pour beaucoup. Je me suis investi à en faire la promotion. Quand je rencontre les jeunes, ils me disent que c’est grâce à vous que je m’intéresse à ce domaine. Je réponds que c’est tant mieux. Il en est de même pour les drones. J’y ai été formé il y a plusieurs années. Il n’y en avait pas beaucoup au Sénégal. J’étais assailli de questions, à chaque fois. Aujourd’hui, cela a permis d’ouvrir des portes empruntées par d’autres“, souligne le fondateur et Directeur général de Geomatica, cabinet spécialisé dans la collecte, l’organisation et le traitement des données géospatiales à travers des outils de la Géomatique.
Un domaine concret dans la vie des populations
Ce que l’ancien pensionnaire de l’UGB de Saint-Louis apprécie par-dessus tout, c’est la finalité de ces solutions de Géomatique. Il en est d’autant plus conscient qu’au fil de ses rencontres, au grès des missions, la remontée lui est toujours faite. “Je vois ce que je fais et à quoi ça sert. J’en ressens tout l’impact, à travers mes voyages, en Afrique et ailleurs“, note-t-il. Il est l’initiateur du programme “Une classe, une carte” dédié à la promotion des sciences spatiales auprès des élèves et la vulgarisation des STEM à travers le pays. “La passion de former d’autres jeunes est une motivation supplémentaire“, fait remarquer l’homme qui a rejoint l’Université du Sine Saloum El hadj Ibrahima Niass(USSEIN) dont il coordonne la licence Télédétection et Climatologie. Membre de la communauté francophone pour les données ouvertes, chercheur associé à l’Unité Mixte de Recherche (UMR) TETIS (Territoires et l’environnement par la télédétection et l’information spatiale) – CIRAD -Montpellier- France, membre du Conseil d’administration du Think Tank IPAR, , entre autres parmi ses nombreuses casquettes, Docteur Labaly Touré est pleinement plongé dans le géospatial dont il comprend aujourd’hui tout. Il est impliqué dans la mise en œuvre du Plan National de Géomatique(PNG) et du projet SenSpatial. Il est à la coordination du futur Master sur les Sciences du spatial prévue la rentrée prochaine à l’USSEIN.
(Source : Le Techobservateur, 25 mai 2023)