Double plainte de la Sonatel : Le vice-président de Global Voice et le décret de Wade traînés en justice
vendredi 30 juillet 2010
La Sonatel n’a pas encore dit son dernier mot dans le dossier de la facturation des appels entrants. En conférence de presse, hier, son directeur de la réglementation et des affaires juridiques s’est inscrit en faux contre la promesse de Global Voice de faire rentrer 450 millions de dollars dans les caisses de l’Etat. Il a, par ailleurs, annoncé une double plainte contre le vice-président de Global Voice et le décret présidentiel.
Le contrat de gestion du trafic de communications internationales que l’Etat du Sénégal vient de confier à Global Voice Group, continue de susciter les réprobations des travailleurs de la Sonatel. Hier, c’est Seydi Ahmed Sy Sarr, le directeur de la réglementation et des affaires juridiques de la Sonatel, qui est monté au créneau. Prenant le contre-pied de Serigne Ben Niang, vice-président de Gvg, qui a affirmé, hier, dans nos colonnes que l’Etat peut gagner 450 millions de dollars (227 milliards 258 millions de francs Cfa) sur cinq ans grâce à la gestion des appels internationaux par son groupe, il a déclaré que le décret aura des résultats contraires à ceux attendus par l’Etat. ‘Comme le directeur général l’a dit, ce décret pose des problèmes.
Il a deux objectifs nous dit-on, augmenter les recettes de l’Etat sur les télécommunications et lutter contre les fraudes. Nous sommes d’accord sur les objectifs d’augmenter les revenus de l’Etat et de lutter contre la fraude. Mais c’est le modèle et les moyens qui sont utilisés qui ne sont pas bons. Ce n’est pas en surenchérissant les tarifs des terminaisons rentrants au Sénégal qu’on va augmenter les recettes de l’Etat. Au contraire on les diminue, parce que plus personne ne nous enverra son trafic’, a-t-il déclaré, affirmant que leurs partenaires sont informés de ce que le Sénégal compte faire. Et, à partir du 1er août, date l’entrée en vigueur de ce décret, d’aucuns leur ont dit qu’ils ne leur enverront plus de trafic. A l’en croire, les gens vont contourner le réseau de la Sonatel et ils auront du mal à lutter contre la fraude. ‘Les pays qui l’ont fait (la Guinée, le Congo) sont des pays où la fraude continue de plus belle. Parce que, si vous avez un tarif élevé, il y a des voies de contournement pour payer moins cher. Et on ne pourra pas lutter contre cela’, a ajouté Seydi Ahmed Sy Sarr. Selon lui, la seule réponse qu’ils ont trouvée au sein de l’entreprise, depuis le début des années 90, où on parlait des call backs et des systèmes des voies sur Ip pour téléphoner sur l’international, c’était de baisser de façon continue les tarifs internationaux. ‘C’est la seule réponse, il n y en a pas d’autres’, a-t-il assuré. Non sans expliquer que le trafic international, ‘à partir du moment où vous le constatez, vous le réconciliez avec votre opérateur distant, vous avez six mois pour faire la facturation’.
Une plainte contre le vice-président de Global Voice
Toutefois, le directeur de la réglementation et des affaires juridiques de la Sonatel espère bien que les choses vont évoluer autrement dans les six mois à venir.
Par ailleurs, Seydi Ahmed Sy Sarr a annoncé une plainte contre le vice-président de Global Voice Group (Gvg), Serigne Ben Niang, pour les accusations qu’il a portées, à travers la presse, contre la société de télécommunications. ‘La Sonatel a décidé de le (Serigne Ben Niang, Ndlr) faire comparaître en justice. On va l’assigner en justice’, a dit M. Sarr, au cours d’une conférence de presse.
Dans une interview parue jeudi dans le quotidien Wal fadjri, Serigne Ben Niang accuse la Sonatel de vol, dans les appels internationaux entrants. ‘Notre avocat va le traduire en justice. Devant la justice, il va prouver ses accusations. On ne peut dire des choses aussi graves’, a souligné le directeur de la réglementation et des affaires juridiques de la Sonatel.
La société Global Voice va, à partir du 1er août 2010, contrôler les appels internationaux entrants, au détriment de la Sonatel. Lors de la rencontre avec la presse, la Sonatel a indiqué qu’elle n’exclut pas d’attaquer le décret présidentiel devant la Cour suprême.
Charles Gaïky Diène
(Source : Wal Fadjri, 30 juillet 2010)