Dossier des appels entrant au Sénégal : Les travailleurs de la Sonatel rejettent le deal proposé par l’Etat
vendredi 3 juin 2011
Déterminé à trouver des ressources pour financer son serpent à mille queues (le plan Takkal), l’Etat a dépoussiéré le projet de taxes des appels entrants au Sénégal. Selon les syndicalistes de Sonatel, le gouvernement veut faire revenir Global Voice et leur a proposé de financer leur mutuelle d’habitat en contrepartie de leur accord.
Même s’il avait annulé le contrat de Global Voice Group l’année dernière, le gouvernement n’a pas pour autant abandonné le projet de taxes sur les appels internationaux entrant au Sénégal qu’il veut confier à un autre organisme. Les syndicalistes de Sonatel sont, en effet, montés au créneau cette semaine pour dénoncer la volonté des autorités de faire revenir Global Voice Group en tentant de les ‘corrompre’ par le financement de leur mutuelle d’habitat sur les ressources que va générer ce projet. Une proposition que les camarades de Mamadou Aïdara Diop ont catégoriquement refusée. En effet, pour eux, les raisons de principes qui les avaient poussés à rejeter le projet sont toujours valables. ‘Ils n’ont jamais lâché la piste Global Voice Group. Ils voulaient nous acheter en voulant remettre le projet tout en préservant les intérêts des travailleurs de Sonatel. Ils ont eu sous leur aile certaines organisations de consommateurs mais nous restons sur le pied de guerre. Nous ne voulons pas de ce projet’, dénonce El Hadji Malick Bâ, de l’amicale des cadres de Sonatel que nous avons joint au téléphone. Ce dernier assure en effet que ce n’est pas parce que leur directeur général, Cheikh Tidiane Mbaye, est président du conseil d’administration de Senelec que les travailleurs vont, cette fois-ci, accepter ce projet. Mieux, il pense que s’il y a des gens qui ont le plus besoin qu’on finance leur mutuelle d’habitat, ce ne sont pas les travailleurs de Sonatel.
Malgré leur capacité de nuisance qu’ils ont démontrée lors d’une journée sans télécoms en août 2010, les sonateliens ne sont pas les seuls à renvoyer au gouvernement sa copie. Les Sénégalais de l’extérieur, également, n’en veulent pas. Les émigrés, qui injectent plus de 400 milliards de francs Cfa au Sénégal chaque année, refusent d’être la vache à lait de l’Etat. Et la délégation envoyée à Paris pour les sensibiliser sur l’importance de ce projet ‘new look’ l’a appris à ses dépens. Le président du Sénat, Pape Diop, accompagné pour la circonstance du ministre de la Communication, Moustapha Guirassy, Serigne Mbacké Ndiaye, ministre conseiller et porte-parole du président de la République et Momar Ndao de l’Ascosen, ont en effet été conspués dans la capitale française, selon certaines informations rapportées par la presse. Ces derniers étaient venus expliquer à la diaspora sénégalaise les avantages prévus pour eux dans la nouvelle formule. L’Etat envisagerait, en effet, de créer, sur les 50 milliards que vont générer ces appels entrant, un fonds de 15 milliards de francs Cfa pour leur faciliter l’obtention de logements au Sénégal. Ce à quoi s’ajouterait un autre fonds de 10 milliards destinés à accompagner leur retour au bercail. Quant aux 25 milliards restants, ils devraient alimenter le fonds de soutien à l’énergie.
Rappelons que le 15 septembre 2010, l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), par décision N° 127/10//Armp/Crd, avait ordonné l’annulation de la procédure relative à la conclusion du contrat dit de partenariat entre l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et Global Voice Group, après avoir suspendu le marché dans un premier temps.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 3 juin 2011)