Il faut sortir d’un cercle pour en voir le tracé. C’est une vision qui peut être appliquée à la présence digitale des femmes au Sénégal. Avec 9 millions d’abonnés à l’internet mobile, le Sénégal est dans la locomotive du train numérique africain fort de ses 170 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux (d’après une étude de we are social parue en février 2017). Dans le détail, il y a 35 millions d’utilisateurs de Facebook et 6 millions d’Instagram en Afrique de l’Ouest. « Où (en) sont les femmes », chantait l’indémodable Patrick Juvet. Elles brillent par leur présence dans le digital même s’il n’existe pas encore d’étude spécifique couvrant tout le secteur. A travers une galerie de portraits et une rencontre digitale, nous avons effectué un choix subjectif de femmes dont l’activité professionnelle et économique est symbolique de l’avancée du genre dans le digital au Sénégal.
Bitilokho Ndiaye, L’ambassadrice du genre
Plus jeune, Bitilokho Ndiaye rêvait d’être ambassadrice ou journaliste afin de « se battre pour créer un monde juste et équitable ». Elle a trouvé le digital comme catalyseur de ses principaux rêves.
« Un engagement personnel au renforcement de la participation des femmes dans le domaine du numérique en tant que consommatrices mais aussi créatrices et innovatrices ». En résumé, c’est ce qui fait courir Bitilokho Ndiaye, la passionnée du digital aux nombreuses activités. Elle occupe le poste de conseillère technique chargée des questions de genre au Ministère de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique. Pour ne pas travailler dans la vie, il faut, paraît-il, faire de sa passion son labeur. La présidente de Festic (l’Association des femmes sénégalaise dans les Tic) l’a bien comprise et mis en application en réunissant ces deux passions : effacer les inégalités de genre et le développement du digital au Sénégal. « Le ministère a pris les questions du genre comme priorités dans les politiques du secteur du numérique avec l’objectif du renforcement de l’accès et des capacités des femmes dans ce domaine », plaide celle qui est également chargée de projet en genre et numérique.
Champs à investir
Dans le monde, il y a moins de 30% de femmes travaillant dans le domaine des technologies (selon les chiffres de l’Union internationale des télécoms). « Au Sénégal, l’intégration du genre dans le domaine des technologies montre qu’elles sont plus nombreuses que les hommes dans un métier comme informaticienne (+80%), se réjouit Bitilokho Ndiaye. En revanche, les femmes sont moins présentes dans le développement d’applications, la gestion des données. Il y a nécessité de renforcer les compétences ». La conseillère au ministère des Télécoms investit dans l’organisation de la journée internationale des filles dans les Tic pour « développer des vocations » chez les plus jeunes. « C’est pareil quand nous invitons les filles lors de journées portes ouvertes dans des entreprises du numérique, poursuit Bitilokho Ndiaye. L’organisation du concours « Djiguèn Ci Tic » avec la présentation de projets innovants pour régler des questions socioéconomiques. Les meilleurs projets sont sélectionnés, accompagnés et financés ».
Hyper connectée
Le combat de Bitilokho Ndiaye est d’amener l’Etat sénégalais ainsi que les pouvoirs publics et privés à intégrer le genre dans toutes les politiques du domaine du numérique. C’est important car le Sénégal fait partie des leaders en Afrique dans « la participation du numérique au Pib avec 3,5% ». « Hyper connectée », Bitilokho Ndiaye publie, commente et gère « quatre pages dans le domaine du genre et des Tic, une plateforme de femmes dans le domaine du digital sur WhatsApp ». Convaincue que le Digital offre beaucoup d’opportunités, « c’est devenu incontournable car 95% des emplois y sont liés ».
Pourtant, elle était loin de l’univers des technologies dans son cursus universitaire. D’une formation de sociologue, elle s’est très tôt intéressée aux questions d’équité sociale. « Enfant, je ne m’expliquais pas certaines inégalités liées à la place de la femme dans la société sénégalaise. Je ne voyais pas beaucoup de femmes dans nos institutions politiques. C’est ce qui m’a amenait à la sociologie », explique celle qui est née dans une famille thièssoise où l’engagement citoyen est « la chose la plus partagée avec un papa qui avait créé une association dénommée « Ndibeul djabot » pour les jeunes en rupture scolaire ». Un engagement qui l’a amenée « naturellement » vers les nouvelles technologies.
Moussoukoro Diop, La « Digital addicted »
Tumblr, Instagram, Twitter, Facebook, Youtube… Moussoukoro Diop ne vit que pour les réseaux sociaux. Entrée dans l’univers du digital depuis 2012, la jeune bloggeuse fait partie aujourd’hui de ceux qui font bouger l’écosystème des Tic au Sénégal.
Elle est du lot de ces personnalités phares de l’univers des réseaux sociaux au Sénégal. Moussoukoro Diop incarne une figure de proue du digital. Depuis quelques années, la jeune femme a eu l’idée de marquer son empreinte dans le monde des Tic. Sur les plateformes Twiter et Instagram, elle est l’un des Sénégalais les plus suivis. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis d’être placée, en décembre 2016, d’après « Jeune Afrique », dans le Top 9 des personnes les plus influentes sur Twitter dans notre pays. Moussoukoro Diop a très tôt eu conscience de l’influence des réseaux sociaux. Lesquels ont fini par constituer un cheval de Troie dans sa lutte pour la « scolarisation des jeunes filles » ainsi que les maltraitances subies par les femmes. « Mon activisme au féminin m’a poussée à créer, pour le réseau des blogueurs du Sénégal, la plateforme « Jigeenu Sénégal » pour rendre hommage à toutes ces femmes anonymes. Ayant été toujours sensible à la solidarité féminine, j’ai lancé Digital Mousso pour regrouper toutes ces femmes qui s’activent dans différents domaines du digital afin de s’entraider et de révolutionner encore plus ce milieu », soutient-elle.
Moussoukoro se sert aussi des pouvoirs du numérique pour vendre la destination Sénégal. Ses pages sont peuplées de belles images vantant les merveilles du « Pays de la Téranga ». « Je suis très attachée à mon pays, à ma culture et je le véhicule dans mes messages et mes actes, car nous sommes tous des ambassadeurs de nos terres », explique celle qui se définit comme une digital « addicted ».
L’Ingénieur en informatique vit et consomme sans modération les Tic. « Je ne me lasse pas d’aller apprendre pour en savoir encore plus. J’aime toutes ces belles connexions et interactions qu’offre ce domaine », souffle-t-elle. L’histoire d’amour entre cette jeune femme et le monde virtuel du Net a débuté en 2012 lorsque quelqu’un lui propose de travailler comme « community » manager. « Entre nous, j’ai entendu « Manager », je me croyais déjà directrice (rires). Je ne connaissais rien du milieu mais lui me disait que j’avais tous les atouts pour gérer ce gros client. J’ai stressé des jours et je ne dormais plus car il fallait que je prouve qu’il a eu raison de me choisir », raconte-t-elle. En qualité de « community manager », elle fait l’animation de communauté sur son compte Facebook en filmant et en photographiant tout ce qui se passait, surtout pendant les manifestations postélectorales. Avec une équipe de jeunes, Moussoukoro Diop va démarrer la communication digitale pour le n°2 de la téléphonie mobile au Sénégal et bousculer les réseaux sociaux grâce aux mécanismes remplis de fun qui seront mis en place.
Ibrahima Ba
Rokhaya Solange Ndir, la community manager du « Made in Sénégal »
Vice-présidente de l’Association des femmes sénégalaises dans les Tic (Festic), Rokhaya Solange Ndir a une activité digitale (professionnelle, citoyenne et personnelle) très remarquée.
Mariée et mère de 4 enfants, originaire de Saint-Louis, Rokhaya Solange Ndir évolue dans le domaine des télécoms depuis 2002. Pendant 10 ans, elle a occupé différents postes au sein de la Direction Marketing de Sonatel avant de rejoindre les équipes en charge de la Responsabilité sociale d’entreprise. Elle pilote actuellement les relations avec les écosystèmes numériques. « La transformation digitale représente de nouvelles opportunités de développement économique et sociale, de transformation des métiers et d’offres d’emplois », pense-t-elle.
Un monde masculin
« Moteur d’un changement radical », le numérique a le « potentiel d’autonomiser des millions de personnes tout en fournissant aux entreprises des potentialités inégalées de création et de capture de plus de valeur ». Cette vision du numérique permet à Rsn d’avoir la conviction que « les femmes en tant que partie prenante de la société » ont pleinement leur rôle à jouer dans cette transformation digitale. Cependant, rien ne leur est servi sur un plateau d’argent car « le monde du numérique reste encore très masculin, même si les quelques femmes qui évoluent dans le secteur sont bien accueillies ». C’est un domaine qui a la particularité d’être « un outil au quotidien » et de création d’entreprises « communément appelées start-up ».
Ouverte sur le monde
Une caractéristique qui fait dire à la native de Ndar qu’il « est important que les femmes s’organisent au travers d’associations, de Networking, de monitoring afin que les plus aguerries puissent faire un transfert de compétences vers les autres ». Celle qui pilote les relations avec les écosystèmes numériques à la Sonatel est de nature à s’ouvrir aux autres. « J’aime beaucoup le contact avec les personnes », résume-t-elle. A travers le digital, Rokhaya Ndir échange « à grande échelle » avec le monde à travers le web 2.0. C’est le cas pour « sa passion du « Made In Sénégal » à travers l’animation d’une page Facebook et d’un compte instagram ». Ainsi, elle touche un « public national et international et surtout reçoit un feedback très positif et fait connaître la destination Sénégal ». Une femme digitale qui n’a rien à envier aux « millennials ».
M. Diop
Rose Diatta, la Geek
Elle adore les « Story telling ». Cela tombe bien, sa vie en est une marquée par un « happy end ». Malgré les obstacles, la jeune bricoleuse, adepte de technologie et de technique, souhaite devenir ingénieur des télécoms.
Diplômée en Informatique industrielle et réseau en 2015, Rose Diatta (28 ans) a un parcours académique « naturellement » orienté vers « le métier d’ingénierie » dans les télécoms. « La série S2 me prédestinait vers une telle orientation. D’autant que plus jeune, j’aimais bricoler et avec une sœur ainée informaticienne, j’ai dû choper les ondes hertziennes en l’assistant quand elle travaillait à la maison », sourit-elle.
Commerciale
La suite fut moins joyeuse. « A cause de l’absence de proposition de travail après ma licence, j’ai dû, pendant 3 années, me reconvertir en commerciale dans diverses structures (des imprimeries et un call center). Tous les hommes de ma promotion (12) étaient déjà en poste. Seules les filles (2) étaient toujours à la recherche d’un emploi en adéquation avec notre formation commune ». Elle vante les mérites et l’esprit de son employeur qui a su lui donner sa chance. C’est pour cela qu’elle se définit en « WAW Girl » en référence à « WAW Telecom, un fournisseur d’accès internet 100% africain made in Sénégal ». Rose Diatta veut saisir la chance qui lui est offerte (« c’est un stage qui doit déboucher sur une promesse d’embauche », fait-elle savoir) d’exercer une activité professionnelle dans son domaine de prédilection. « Comme tous les hommes à ce poste, je passe des heures devant un écran à « monitorer » le réseau », ajoute-t-elle.
La jeune femme n’hésite pas à parler de ségrégation qui serait due à « une incompréhension » sur ce poste technique. « Nous sommes aussi capables et gérons aussi bien voire mieux le stress des dépannages rapides », revendique-t-elle.
plutôt Geek que Digital
Elle est plutôt Geek que Digital car elle met la main dans le cambouis technologique. « Je ne suis pas une blogeuse et ne suis pas réellement à l’aise dans le rédactionnel, mon rôle va au-delà du terme digital. Je supervise le réseau, dépanne et assiste les éventuelles défaillances des signaux ». C’est une manière de montrer sa compétence dans ce secteur qui compte « 44% de femmes parmi les ingénieurs télécoms sortant » chaque année. Rose Diatta est consciente des efforts à faire pour combler la « fracture du genre » au Sénégal qui « dépasse de loin le seul secteur du numérique ». Ainsi, elle projette d’allier travail et étude pour faire les deux ans de formation qui lui sont nécessaires afin de devenir ingénieur en télécommunication.
Moussa Diop
Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop : Reine de la monétique
Sur Facebook, dans une de ses publications où elle apparaît majestueuse avec une belle tenue traditionnelle, comme souvent, Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop, parlant d’elle, dit ceci : « Une femme sénégalaise en mode « drianké » au son des chants Ngoyane ». Chanter les vertus et la conscience du « terroir » sur un support numérique, ce n’est pas une divergence. Cela montre, au-delà des mots, une facette de la personnalité de celle que les honneurs, sous d’autres cieux, et l’enviable trajectoire professionnelle pouvaient griser. Quand elle recevait une formation d’ingénieur en télécommunication, il n’y avait pas beaucoup de femmes qui s’aventuraient dans cet univers de brillants esprits.
L’ancienne ministre des Technologies de l’information et de la Communication sous le président Abdoulaye Wade marche dans une allée de grâce qui lui vaut le respect des siens et de l’« ailleurs ». Cette spécialiste des politiques numériques a été ingénieur en recherche et développement au sein du groupe Orange France. Son expertise a aussi été utile en Afrique centrale où elle a été consultante de politique numérique. Elle continue d’apporter sa contribution dans ce secteur du présent et de l’avenir d’une Afrique que sa créativité et de celle qui se meuvent dans ce « cosmos » pourrait faire sauter des étapes intermédiaires.
Mme Diop Blondin est, aujourd’hui, consultante en E-santé pour l’Union internationale des Télécommunications, coordinatrice du projet BeHealthyBemobile. L’ancienne présidente du Collège de l’Autorité de régulation des Télécommunications et des Postes est la directrice générale de l’innovant groupe « Monétis », société opérant dans la monétique. Membre de la plateforme « Avenir Sénégal Bii nu Bëgg », elle est aussi d’une grande noblesse d’âme. Son action utile et discrète en faveur des programmes de développement des femmes à Mbour en est une parfaite illustration. Son inspirante œuvre en cours abat les cloisons construites sur le genre et celles-là entre l’action citoyenne (partant de ses performances dans son champ de prédilection) et l’engagement politique.
Alassane Aliou Mbaye
Nafissatou Ndiaye Diouf, Spécialiste des relations publiques et communication : « Le numérique met tout le monde sur un pied d’égalité »
Elle a travaillé presque sur tout le continent africain, comme reporter ou directrice de Communication et des Relations publiques. Nafissatou Ndiaye Diouf, ancienne reporter de AP, est désormais consultante pour de nombreux projets en Afrique, avec son agence qu’elle a fondée.
Qui est Nafissatou Ndiaye Diouf ?
Nafi NdiayeVaste question ! Je ne sais pas si je saurai y répondre moi-même ! Je crois qu’on pourrait dire pour commencer que j’aime être là ou l’action se déroule, j’ai peut-être gardé cette « déformation professionnelle » de mon expérience de reporter à l’Agence de Presse Américaine (AP). J’ai toujours aimé bouger, voyager pour aller explorer de nouveaux horizons. Cela a commencé avec mon départ pour l’Angleterre où je suis partie étudier les langues étrangères appliquées, (notamment l’Anglais et le Russe). À l’université, j’évoluais dans un environnement très cosmopolite et ça m’a ouvert les yeux et l’esprit sur un monde de possibilités.
Puis j’ai souhaité revenir au Sénégal. Pas seulement parce que c’était chez moi, mais parce que beaucoup de choses s’y passent et que je sentais que je pouvais avoir un rôle et une modeste contribution à apporter. Au gré des missions, comme reporter ou directrice de Communication et des Relations publiques, j’ai travaillé plus ou moins sur tout le continent africain, puis peu à peu je me suis concentrée sur l’Afrique francophone et l’Afrique de l’Ouest en particulier. J’ai eu l’opportunité d’effectuer des missions de relations publiques et de communication, surtout à un niveau institutionnel pour de grandes initiatives de développement, mais aussi pour des multinationales comme GSK, La Fondation MasterCard, Standard Bank, Samsung, Visa, la Rockefeller Foundation qui s’implantaient sur le Continent ou voulaient renforcer leur visibilité par des opérations de relations publiques de haut niveau.
Je suis ravie d’avoir pu « faire mes armes » sur des projets très importants et d’avoir eu à relever des défis auprès de publics aussi variés. C’est comme ainsi que, chemin faisant, j’ai découvert que j’avais des aptitudes pour piloter des projets et injecter mon esprit d’initiative dans un travail d’ouverture et de construction d’images. C’est d’ailleurs cela qui m’a donné envie de créer ma propre agence.
Pourquoi avez-vous choisi le digital comme support de travail ?
Au départ, c’était parce que c’était le seul média qui permettait d’être en contact tout le temps, partout, avec tout le monde. On pouvait avoir accès aux quatre coins du monde avec un écran. C’était assez séduisant comme concept. Et puis rapidement, tout allait plus vite, plus loin, plus fort. Quel extraordinaire vecteur Internet représente quand on a pour métier de communiquer et d’adresser des messages ! Et puis naturellement, c’est le monde entier, les médias, les industries, la technologie qui sont entrés dans l’ère digitale. La révolution numérique s’est opérée très vite. Et tous les jours, elle continue d’ouvrir de nouvelles portes et de créer de nouvelles possibilités. C’est à la fois fascinant et très excitant. Regardez toutes les start-up qui se sont créées autour des applis, les projets qui ont été financés sur le Net, les frontières qui sont tombées grâce au numérique. On ne cherche plus du travail en se rendant en costume à un salon de l’emploi, on se connecte !
C’est le monde qui a changé, je crois. Internet est devenu la langue commune à tous les peuples du monde, c’est une langue que tout le monde parle. La preuve en est que dans les pays qui censurent, la première chose qui est mise sous séquestre c’est Internet. Non, je dirais que je suis une professionnelle de mon temps, j’ai appris à porter ma voix avec de nouvelles technologies, c’est tout.
Avez-vous été confrontée à des difficultés dans ce secteur parce que vous êtes une femme ?
Je n’ai jamais vu le fait d’être une femme comme un frein ou une difficulté. Au contraire, je suis une femme de défis, j’aime être là où on ne m’attend pas. Vous savez, que ce soit reporter en zones de crises ou consultante dans des réseaux institutionnels, les univers dans lesquels je me suis formée étaient plutôt des univers d’hommes ! Alors être une femme dans ces univers-là m’a poussé à m’affirmer davantage et à sortir de mon cocon et j’en suis bien heureuse. Quant au secteur numérique, il a cette particularité qu’il met tout le monde sur un pied d’égalité : hommes, femmes, diplômés, autodidactes… Vous avez vu le nombre d’adolescents devenus millionnaires avec Internet ! Non, je crois qu’à la condition que vous sachiez de quoi vous parler, que vous connaissiez la technologie et que vous sachiez où vous voulez aller, le numérique est plutôt confortable.
Quelles sont les solutions que préconise « Missions Ponctuelles », que vous venez de lancer, pour l’intégration africaine par le travail ?
Missionsponctuelles.com, c’est la toute première plateforme de collaboration professionnelle qui met en relation des travailleurs indépendants, jeunes diplômés en Afrique de l’Ouest francophone avec des entreprises à la recherche de talents. J’ai lancé ce projet avec comme objectif de créer la plus grande base de données de talents de la sous-région ouest-africaine afin de permettre aux jeunes diplômés, mais aussi aux consultants plus expérimentés, de proposer leurs expertises sur le marché africain et au-delà. En Afrique francophone, il y a un « boom » technologique qui est en train de se passer. Les entreprises qui s’implantent, startups, les PME ont un potentiel énorme et des besoins en ressources humaines de qualité. Ce qu’ils cherchent ce sont des experts qualifiés, indépendants, volontaires, prêts à prouver leurs talents ; Missions Ponctuelles est l’outil par excellence qui leur permettra de briller. Ce ne sont pas forcément des postes à temps plein ou durée indéterminée, mais des missions, des projets ponctuels, qui seront un tremplin pour lancer leur carrière.
Cette nouvelle génération, souvent polyvalente, ne demande qu’à prouver sa valeur sur des missions… ponctuelles ! C’est ce qui s’appelle mettre le pied à l’étrier. Il ne faut pas oublier tous les séniors qui, par choix, souhaitent faire valoir leurs compétences en utilisant le digital.
Propos recueillis par Moussa Diop, Ibrahima Ba et Alassane Aliou Mbaye
(Source : Le Soleil, 13 mars 2018)