Dix ans après son passage d’office à société nationale, la Rts peine encore à s’acquitter de sa mission de service public. Aujourd’hui, au moment où se pose le débat sur le dialogue des cultures, le service public de l’audiovisuel en est encore à chercher ses marques pour une meilleure gestion de ses ressources aussi bien financières qu’humaines.
Cela fait maintenant plus de dix ans que la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) est passée au statut de « Société nationale » avec pour objectifs majeurs de couvrir le territoire national et élaborer une grille de programmes prenant en compte les aspirations de toutes les composantes de la population.
Aujourd’hui, les acteurs du service public de l’audiovisuel s’accordent sur le principe que leur outil de travail peine encore à répondre aux attentes réelles des téléspectateurs. Et avec l’ouverture du paysage audiovisuel et son corollaire, à savoir l’envahissement de l’espace par les chaînes satellitaires véhiculant d’autres cultures, mais aussi et surtout les orientations « étatiques et commerciales » de la Rts dans son fonctionnement, il urge de revoir le contenu réel du service public de l’audiovisuel. C’est le sens des récentes journées de réflexion de l’intersyndicale de la Rts sur le thème « Service public de l’audiovisuel au Sénégal : les véritables enjeux », tenues les 11, 12 et 13 septembre dernier au Breda.
Cet atelier, renseigne le secrétaire général de la section Synpics/radio, a permis de revenir sur le service public de l’audiovisuel tel que défini par la loi, sur les moyens financiers et humains de la Rts. Depuis, 1995 nous signale-t-on, la redevance versée par la Senelec se révèle insuffisante pour couvrir un chapitre comme les charges de personnel de la Rts. Pire, en 2000, la redevance avait atteint 1,8 milliard alors que les charges du personnel étaient à 2,1 milliards avec la création de cinq radios régionales et l’implantation de nouveaux centres émetteurs.
Aujourd’hui, indique Amadou Moustapha Diop, responsable syndical, avec l’ouverture du paysage audiovisuel au secteur privé, il importe (suivant la doléance majeure des promoteurs des radios privées) de réglementer le marché de la publicité estimé à quelque six milliards. De l’avis de M. Diop, la Rts n’a pas le droit d’empiéter sur les plate-bandes des radios privées en se lançant dans la recherche effrénée de produits commerciaux.
Les séminaristes ont, à l’issue de leurs concertations, fait des recommandations relatives à la mise sur pied d’une convention d’établissement prenant en compte l’ensemble des textes existants, la nécessité d’arriver à un traitement équitable de l’ensemble des travailleurs. Il s’agira aussi de veiller à l’instauration d’une redevance audiovisuelle basée sur la consommation en énergie électrique ou sur toute autre mode de collecte (téléphone, téléviseur) par des activités commerciales à un niveau acceptable ; les activités de l’Etat devant faire l’objet d’un contrat avec les pouvoirs publics.
Mbagnick NGOM
(Source : Walf Fadjri 16 septembre 2003)