Digitalisation des services administratifs : pourquoi le Sénégal gagnerait à accélérer le processus en adoptant l’Intelligence Artificielle
samedi 6 avril 2024
Dans son discours à la nation du 03 Avril 2024, le Chef de l’état Diomaye Faye a rappelé la nécessité de la digitalisation de l’administration publique sénégalaise. Il a touché du doigt l’un des problèmes les plus essentiels à l’heure actuelle où le numérique devrait réduire les délais et les temps employés pour l’obtention de certains services. Le président de la République veut continuer dans la logique du « fast-track » chanté par le défunt régime, et au vu des gros défis qui attendent son équipe, toutes les secondes comptent. Autant ne pas en perdre en adoptant l’intelligence artificielle qui constitue une vraie trouvaille à cet effet.
« Dans cet esprit, l’Administration doit agir à tous les niveaux de façon plus accueillante et plus efficace pour les usagers du service public. Nous devons bannir de nos pratiques les procédures et formalités indues qui altèrent l’efficacité de l’Etat. Dans cet objectif, nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives« . C’est en ces termes que le Chef de l’Etat a mis en exergue le rôle essentiel de la digitalisation qu’il place au cœur de son projet pour les cinq (5) années à venir.
Une bonne couverture de l’internet et le contexte du covid-19 ont déjà jeté les bases de la digitalisation
Au Sénégal, on note une constante évolution du taux de pénétration de l’internet qui a franchi la barre des 100 % en 2023. Le dernier rapport trimestriel de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) estime ce taux à » à 108,31% soit une hausse de 6,45 points imputable principalement à la progression rapide du parc Internet mobile ». Cette évolution s’accompagne de celle du téléphone mobile avec un taux de 89,56% et de l’Internet haut débit (3G/4G).
En effet, cette avancée devrait témoigner de l’accessibilité croissante à des services Internet rapides et fiables dans tout le pays. Surtout après que l’avènement du Covid-19 a fini par bousculer les habitudes et imposer le recours au digital dans diverses activités : e-Commerce, e-learning, e-santé, télétravail, etc. Pourtant, nous notons de manière opposée, que l’ensemble des procédures administratives sénégalaises ou presque se fait avec comme exigence au préalable la présence physique de l’usager qui reçoit un document au format papier.
Que ce soit au tribunal pour un casier judiciaire ou dans les services d’état-civil pour un extrait de naissance par exemple, le citoyen se voit toujours confronté aux contraintes de déplacement. De cet état de fait naissent des lenteurs dues aux contraintes administratives qui altèrent l’économie et la mobilité. Non seulement ces pratiques continuent de maintenir notre administration dans un archaïsme sans intérêt mais aussi elles rament à contre-courant de l’innovation, de la performance et du progrès.
Un gain de temps et une utilisation rationnelle des ressources humaines
La digitalisation des services publiques promise par son Excellence rend facile d’accès l’ensemble des procédures administratives, où qu’il soit et quelles que soient ses contraintes. Elle permettra en même temps au citoyen de choisir le canal d’échange avec lequel il peut recourir au service dont il a besoin. D’ailleurs, cette absence d’interaction physique contribue à utiliser les ressources humaines de façon efficiente et à réduire les risques de corruption entre agents et usagers dès lors qu’il ne nécessite aucune négociation ou marchandage pour obtenir un service.
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Digitalisation des services administratifs : pourquoi le Sénégal gagnerait à accélérer le processus en adoptant l’Intelligence Artificielle
Publié le 06/04/2024 à 15:53 - Mis à jour le 06/04/2024 à 17:16
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Digitalisation des services administratifs : pourquoi le Sénégal gagnerait à accélérer le processus en adoptant l’Intelligence Artificielle
Par
Khalifa Ababacar Gaye
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Par Dr Seydou Nourou Sylla : Dans son discours à la nation du 03 Avril 2024, le Chef de l’état Diomaye Faye a rappelé la nécessité de la digitalisation de l’administration publique sénégalaise. Il a touché du doigt l’un des problèmes les plus essentiels à l’heure actuelle où le numérique devrait réduire les délais et les temps employés pour l’obtention de certains services. Le président de la République veut continuer dans la logique du « fast-track » chanté par le défunt régime, et au vu des gros défis qui attendent son équipe, toutes les secondes comptent. Autant ne pas en perdre en adoptant l’intelligence artificielle qui constitue une vraie trouvaille à cet effet.
« Dans cet esprit, l’Administration doit agir à tous les niveaux de façon plus accueillante et plus efficace pour les usagers du service public. Nous devons bannir de nos pratiques les procédures et formalités indues qui altèrent l’efficacité de l’Etat. Dans cet objectif, nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives« . C’est en ces termes que le Chef de l’Etat a mis en exergue le rôle essentiel de la digitalisation qu’il place au cœur de son projet pour les cinq (5) années à venir.
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Une bonne couverture de l’internet et le contexte du covid-19 ont déjà jeté les bases de la digitalisation
Au Sénégal, on note une constante évolution du taux de pénétration de l’internet qui a franchi la barre des 100 % en 2023. Le dernier rapport trimestriel de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) estime ce taux à » à 108,31% soit une hausse de 6,45 points imputable principalement à la progression rapide du parc Internet mobile ». Cette évolution s’accompagne de celle du téléphone mobile avec un taux de 89,56% et de l’Internet haut débit (3G/4G).
En effet, cette avancée devrait témoigner de l’accessibilité croissante à des services Internet rapides et fiables dans tout le pays. Surtout après que l’avènement du Covid-19 a fini par bousculer les habitudes et imposer le recours au digital dans diverses activités : e-Commerce, e-learning, e-santé, télétravail, etc. Pourtant, nous notons de manière opposée, que l’ensemble des procédures administratives sénégalaises ou presque se fait avec comme exigence au préalable la présence physique de l’usager qui reçoit un document au format papier.
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Que ce soit au tribunal pour un casier judiciaire ou dans les services d’état-civil pour un extrait de naissance par exemple, le citoyen se voit toujours confronté aux contraintes de déplacement. De cet état de fait naissent des lenteurs dues aux contraintes administratives qui altèrent l’économie et la mobilité. Non seulement ces pratiques continuent de maintenir notre administration dans un archaïsme sans intérêt mais aussi elles rament à contre-courant de l’innovation, de la performance et du progrès.
Un gain de temps et une utilisation rationnelle des ressources humaines
La digitalisation des services publiques promise par son Excellence rend facile d’accès l’ensemble des procédures administratives, où qu’il soit et quelles que soient ses contraintes. Elle permettra en même temps au citoyen de choisir le canal d’échange avec lequel il peut recourir au service dont il a besoin. D’ailleurs, cette absence d’interaction physique contribue à utiliser les ressources humaines de façon efficiente et à réduire les risques de corruption entre agents et usagers dès lors qu’il ne nécessite aucune négociation ou marchandage pour obtenir un service.
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L’exemple le plus intéressant à cet effet nous vient de la direction de la Solde avec son utilisation avancée du digital qui permet aux citoyens de recevoir leurs bulletins de salaires et obtenir des services simplement en se connectant au site dédié. La plateforme Diotali pour les timbres, le site amendes.sn, et bien d’autres qui commencent à prendre forme, s’inscrivent dans cette logique de digitalisation des services administratifs. Il reste que le gros lot des besoins n’est pas pris en compte par ces seules entités. Les lenteurs administratives qui plombent la fonction publique, l’inaccessibilité des services dans les mairies et tribunaux, sont parmi les défis à relever pour le régime actuel.
Recourir à l’intelligence artificielle (IA) pour booster le processus de digitalisation à grande échelle
Le digital permet d’accéder facilement et rapidement aux services publics en se connectant en ligne depuis son domicile ou depuis son lieu de travail même lorsque les administrations sont fermées. Une digitalisation aboutie doit s’accompagner de l’utilisation des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle (IA). De manière simple, l’intelligence artificielle vise à façonner des algorithmes sur les données collectées grâce à la digitalisation.
L’IA permet une analyse rapide et approfondie de vastes volumes de données que les administrations publiques traitent quotidiennement en proposant des éclairages précieux, facilitant une prise de décision informée et éclairée. Ces algorithmes sont dotés de nombreuses qualifications : la perception, la compréhension, la capacité d’action. Ce qui permet la lecture automatique des documents, l’identification sécurisée des citoyens et la détection des fraudes. … L’intelligence artificielle permet donc de mettre en place au niveau de l’administration publique des systèmes décisionnels efficients uniquement basés sur les besoins des citoyens.
Elle permet en même temps d’automatiser les tâches répétitives en améliorant l’efficacité opérationnelle de l’administration. Ainsi avec l’Intelligence Artificielle, les services de l’administration sénégalaise pourront automatiser toutes les actions administratives, de reporting et de planification, informations qui permettent d’améliorer la transparence sur les actions de l’état en les rendant accessibles au citoyen où qu’il se trouve et quelles que soient les contraintes. Cette automatisation se traduit par un gain de temps énorme pour le citoyen et pour l’administration publique et permet d’optimiser ainsi la qualité et le service rendu.
Par ailleurs, l’IA permet aux organisations publiques d’anticiper les besoins, de prévoir les tendances, et de planifier leurs actions de manière proactive. Ces technologies renforcent la capacité des administrations publiques à répondre aux demandes de la société de manière agile et efficiente.
Avantages et défis de l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) dans les services publics
La protection des données personnelles sera donc l’une des priorités absolue, car l’IA nécessite souvent l’accès à des données sensibles, ce qui exige des mesures de confidentialité et de sécurité robustes pour préserver la vie privée des citoyens. Il est également essentiel de veiller à ce que l’utilisation de l’IA soit équitable et non discriminatoire, afin d’éviter toute exacerbation des inégalités sociales. La sécurité des systèmes d’IA doit être une préoccupation majeure, nécessitant une vigilance constante contre les menaces telles que les cyberattaques et les manipulations malveillantes. En outre, le développement de compétences spécialisées en IA (Data Scientist, Data Analyst, Data Engineer, Data Architect,etc) est essentiel pour une mise en œuvre efficace et éthique de cette technologie, ce qui nécessite des programmes de formation et de perfectionnement adaptés. Enfin, les coûts associés à l’adoption et à l’entretien des systèmes d’IA ne doivent pas être sous-estimés, ce qui requiert une planification budgétaire soigneuse pour maximiser le retour sur investissement. Pour relever ces défis, il est essentiel que les gouvernements adoptent une approche proactive et globale pour garantir que l’IA profite pleinement à la société tout en minimisant les risques potentiels pour les citoyens.
Dr Seydou Nourou SYLLA, Expert en Intelligence Artificielle
(Source : Senenews, 6 avril 2024)