Digitalisation de l’éducation : le Sénégal et la France balisent la voie
mercredi 21 février 2018
Mettre le numérique au profit de l’éducation. Voilà qui a été au centre de la 8è édition de l’IT Forum Sénégal. A l’institut Français de Dakar, à l’ouverture des assises, la France et le Sénégal ont exprimé à travers leurs ministres en charge de l’Education, leur convergence de vue de faire du numérique un outil de développement de leurs systèmes éducatifs.
Jean Michel Blanquer, ministre français de l’Education nationale, a planté le décor, dans une démarche philosophique mais aussi pratique, en soulignant l’urgence de « tirer le meilleur du numérique pour l’éducation ». Cette argumentation a été construite autour de deux points clés : la définition de principes clairs et la prise de conscience du rôle fondamentale que joue le numérique dans l’éducation. Ces deux points se rejoignent en un ! Ce que le ministre français de l’Education nationale a rappelé à travers les propos du président français Emmanuel Macron à Dakar lors des conférences de financement du Partenariat mondial pour l’éducation, les 1er et 2 février 2018 à Dakar : « L’éducation est au cœur des enjeux du continent et de l’avenir du monde. Et les nouvelles technologies sont au cœur des enjeux du monde. Conclusion, les nouvelles technologies sont fondamentales pour l’éducation, pour la société et pour l’économie. »
Mettre les Edtech au service de l’éducation
Jean Michel Blanquer a invité les acteurs de la digitalisation du Sénégal et du continent à penser la transformation digitale avec une approche anthropologique. Réfléchir à comment « un monde de plus en plus technologique va être commode à un monde de plus en plus humain ? » Une question à laquelle Jean Michel Blanquer répond par la nécessité de réussir à équilibrer la relation homme-machine. Le ministre français de l’Education nationale a invité les participants à l’IT Forum Sénégal à se débarrasser de la vision magique du numérique qui consisterait à croire que le numérique peut tout résoudre de manière spontanée.
« C’est la pire manière d’aborder le sujet », a-t-il fait observer. Pour lui, la France et le Sénégal ont les mêmes défis de faire du numérique un moyen d’agir sur le développement de leurs systèmes d’éducation. La France se veut leader dans les cinq prochaines années dans le domaine des Edtech et de manière générale de l’éducation. Jean Michel Blanquer a ainsi annoncé un ‘’mariage’’ entre la France et le Sénégal pour soutenir les Edtech et devenir des avant-gardistes. Ces Edtech doivent par exemple permettre de révolutionner la formation des professeurs, d’améliorer la formation technique et technologique. « Nous avons un besoin de former à distance ou en présentielle sur des projets correspondant aux métiers de demain », a conclu le ministre français de l’Education nationale. Il a fini par convier les partenaires publics et privés à ce mariage qui devra permettre de faire avancer les choses.
Le Sénégal améliore son système éducatif par le digital
La réponse sénégalaise est venue par son ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam. Il a rappelé ce que fait déjà son pays. Le Sénégal, à travers le PAQUET ou Programme d’amélioration de la qualité et de l’équité de la transparence, travaille à tirer profit des opportunités des TIC. Ce programme est décliné en trois axes, à savoir : l’amélioration de la qualité des enseignements et des apprentissages ; l’accès équitable à l’éducation par la résolution de disparités de toutes sortes ; et la promotion de la gouvernance ouverte, transparente et inclusive. Selon Serigne Mbaye Thiam, ce programme sectoriel porte déjà ses fruits. Il a partagé avec les participants à l’IT Forum les témoignages des bénéficiaires, apprenants et enseignants qui ont attesté avoir amélioré leurs résultats grâce aux ressources numériques mises à leur disposition.
Faire du digital « un outil de gestion et de pédagogie », voilà ce que fait le Sénégal pour le développement de son système éducatif. « Le défi que nous avons, c’est la formation des jeunes aujourd’hui pour résoudre des problèmes de demain et exercer des métiers qui ne sont pas des métiers actuels. » Pour soutenir sa thèse, le ministre sénégalais de l’Education nationale a rappelé qu’« il y a 20 ans, on ne savait pas qu’il pouvait y avoir les métiers de web master, de community management, etc. ». Il en appelle par conséquent au changement des paradigmes de l’éducation, c’est-à-dire passer des 3M (même place, même âge et même moment) au 3N (n’importe où, n’importe quel âge, n’importe quand). Ce qui passe par une production adaptée et validée des ressources éducatives numériques.
Mohamadou Diallo, Souleyman Tobias, avec l’équipe de CIO Mag à l’IT Forum Sénégal 2018
(Source : CIO Mag, 21 février 2018)