Différend avec Global voice : La Sonatel démonte l’argument de l’Artp
vendredi 30 juillet 2010
Le 1er septembre 2009, tout le trafic international des 5 opérateurs mobiles passent par le Stp que l’Artp a mis en place avec son partenaire technique Global Voice en Guinée Conakry. L’objectif visé à travers cet équipement Stp était de lutter contre la fraude engendrée par les routes grises. Ce seuil minimum n’est aucunement une nouvelle taxe mais plutôt un mécanisme qui assure une redistribution équitable des revenus sur la chaîne de valeur du marché de gros des terminaisons d’appel au bénéfice de l’Etat Sénégalais et du secteur national des télécommunications, renseigne un document de la Sonatel distribué à la presse hier, lors d’un point de presse.
L’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Arpt) collectera pour le compte de l’Etat sa quote-part correspondant à la différence avec les 141 soit 49,20 par minutes sur le mobile et 75,44 Fcfa sur le fixe, conformément à l’article 4 du décret "l’Artp est autorisé à l’acquérir, installer et exploiter des équipement de contrôle de signalisation aux fins de mesurer les communications téléphoniques internationales entrant sur les réseaux des dits opérateurs et à facturer la quote-part de l’Etat.
Les opérateurs internationaux facturent entre 0,56 euros et 1,44 euros aux abonnés qui appellent le Sénégal. Alors que les opérateurs locaux terminent les appels à 0,14 euros. La marge totale des opérateurs internationaux est de plus de 1000%. L’argument majeur avancé pour dire que cette hausse sera indolore pour le consommateur Sénégal est que le trafic arrivée vers les pays africains susceptible d’appliquer la réciprocité est de 8%. Ce pourcentage serait faible donc l’incident peu significative », lit-on dans le document de la Sonatel distribué à la presse hier, lors d’un point de presse.
Mais ce raisonnement, selon la Sonatel, est erroné. « C’est moins le volume de trafic arrivée qui est le important que le volume de trafic au départ du Sénégal vers ces pays car ce trafic que paye l’abonné sénégalais, prés de 67 % du trafic départ de Sonatel va affecter 67% du volume du trafic départ », dit-elle. Pour la Sonatel, « Il aura bien hausse des tarifs au départ du Sénégal qui va affecter 67 % du volume du trafic départ ». Dès l’annonce de la mesure, les pays concernés ont fait savoir à Sonatel qu’ils appliqueront ces nouveaux tarifs.
La hausse concernera aussi les cartes prépayées. « La conséquence sera que la durée de crédit de la carte prépayée achetée va baisser considérablement. dans la lettre transmise à l’Artp, le 28 août 2009 on omet souvent de citer, à dessin peut-être, la première phase « Faisant suite à une augmentation récente des quote-part et répartition fixés par les opérateurs tiers en cas d’acheminement du trafic sur leurs réseaux Sonatel a relevé ses tarifs de terminaison pour compter du 01 septembre 2009 »., renseigne la source qui poursuit son raisonnement : « Cest dire donc, si le Sénégal augmente ses tarifs de 115% sur le fixe et 53 % sur le mobile, il faut comme Sonatel qui a réagi en septembre 2009, que les opérateurs réagissent à la hausse à leur tour. Ainsi, on ne peut pas externaliser la lutte contre la fraude à un opérateur tiers » Pour la Sonatel, la fraude est avant tout l’affaire des opérateurs titulaires d’une autorisation dans le pays.
« Les opérateurs qui ont payé une licence pour accéder au marché, qui ont investi dans le déploiement du réseau et dans des actions de marketing et de communication, sont les premières victimes de la fraude. Les opérateurs dans le cadre de leur politique de garantie de revenu, investissent dans des activités de « revenue assurance » et dans l’acquisition d’outilanti-fraude », souligne le document.
Le Régulateur devrait plutôt chercher, selon la Sonatel, à comprendre le fonctionnement de leurs dispositifs anti-fraude et à construire avec eux, une coalition pour la lutte contre la fraude. « Il est paradoxal aussi que l’opérateur Global Voice qui prétend lutter contre la fraude, veuille se faire payer sur l’intégralité du trafic entrant dans le pays et non sur le trafic frauduleux réellement détecté », explique la Sonatel La prestation de Global Voice à supposer qu’elle soit utile, est parfaitement réalisable par de nombreuses entreprises Sénégalaises pour des montants beaucoup moins importants que des dizaines de milliards qu’il réclame à l’Artp, souligne la Sonatel.
Par ailleurs, « la demande des détails des appels des communications par l’Artp est une grave remise en question du principe de secret de la correspondance ». Et d’ajouter : « Si l’Artp semble émerveillé de ce que Global Voice lui propose pour contrôler et facturer le trafic international, un rapprochement avec Sonatel lui aurait permis de découvrir son expérience dans ce domaine ».
Aïssatou Doucouré
(Source : Sud quotidien, 30 juillet 2010)