Développement de l’économie numérique, Yaoundé connecte l’Afrique centrale
jeudi 24 mai 2018
Ouverte sur trois jours (23-25 mai 2018), la première série de rencontres sous régionales organisées par l’Union internationale des télécommunications (UIT) en Afrique, a réuni mercredi à Yaoundé, les décideurs politiques et autres développeurs, acteurs et « start-uppers », autour du thème « Économie numérique en Afrique centrale, état des lieux et défis dans un monde globalisé ».
Ce thème, on le voit, invite les pays de la sous-région a renforcé leur capacité institutionnelle pour réussir la transition vers le numérique.
Cette rencontre s’inscrit dans la recherche d’une solution concertée pour accroître les bénéfices de l’économie numérique dans la région.
Le premier temps fort ce matin au palais des Congrès a été l’exposition des « start-uppers »camerounais baptisé : « Salon du numérique et ses dernières articulations ». Les visiteurs ont touché du doigt le savoir-faire des développeurs camerounais.
Les invités venus des pays de l’Afrique centrale appuyés du Burundi, du Kenya et de l’Ouganda ont eu droit à un keynote du Pr Jean Emmanuel Pondi sur le thème « l’économie numérique et l’intégration sous-régionale, quel levier pour un développement durable en Afrique centrale ». Il a invité les acteurs de la région à mieux profiter de l’économie numérique, en passant du stade de consommateur à celui d’inventeur.
Soulignons qu’à l’ouverture des travaux, autour du ministre des Postes et Télécommunications du Cameroun, Mme Minette Libom Li Likeng, il y avait le ministre des Transports et des Postes et Télécommunications de la Guinée équatoriale Eulario Bakele. Dans sa prise de parole, le ministre Equato guinéen a salué l’initiative du Cameroun de construire un cadre de fibre optique le reliant au Brésil.
Il a poursuivi en précisant que la Guinée équatoriale vient de signer des accords avec le Cameroun pour s’associer à cette initiative. Mme Minette Libom Li Likeng, pour sa part, a relevé que l’accès au numérique comme facteur croissant économique a un effet multiplicateur sur les emplois. Le Secrétaire général de l’Uit avant d’ouvrir les travaux, aura au passage encouragé les institutions de la sous-région à s’ouvrir encore plus sur le numérique.
La toute première édition de ce cycle de conférence qu’organise l’Uit donne l’occasion aux pays africains de faire un état des lieux de l’implémentation de l’économie numérique surtout dans la sous-région Afrique centrale. Si l’on peut se satisfaire des avantages de la mise en place de l’infrastructure, la zone Afrique centrale reste cependant en retard par rapport au reste du continent. Pour mettre sur pied l’économie numérique, trois piliers ou facteurs sont à développer. L’infrastructure, la volonté politique et le dynamisme des acteurs.
En la matière, l’Afrique centrale connait des avancées, l’une des participantes à ces travaux de Yaoundé relève : « l’infrastructure existe déjà, d’ailleurs, hier encore le ministre des postes et télécommunications du Cameroun recevait le câble qui va relier le Cameroun au Brésil. Le cadre réglementaire existe aussi, maintenant, il reste aux acteurs de jouer. De plus en plus nos pays sont entrain de prendre à bras le corps ce nouveau paradigme ».
Les acteurs sont là, notamment les opérateurs de téléphonie mobile, le call center, les « start-uppers » qui foisonnent en Afrique centrale, mais la sous-région reste en retard, et pour cause : « Le train de l’économie numérique avance et si on n’est pas dedans on va prendre du retard », déclare un participant. « L’existence d’une monnaie électronique qui est interopérable et qui s’ouvre à tous, donc qui est universel, nous sera avantageux », note un autre participant.
Si la démocratisation du TIC reste une priorité, l’impact du numérique sur la croissance des pays de la sous-région, reste attendu. « Mise à part, les opérateurs de la téléphonie mobile, cela est dû effectivement à l’absence d’une monnaie opérable et universelle pour que nous devenons véritablement une société de l’information », renchérit un participant. C’est dire que le développement de l’économie numérique dans la sous-région varie selon les pays. Le taux de connexion à internet reste très faible, malgré la mise en place des stratégies nationales. « Dans chaque pays, il existe de plus en plus un plan de l’économie numérique qui aide effectivement à implémenter cet outil » remarque un « start-upper ».
En tout cas, un renforcement de la coopération sous-régionale est plus que jamais nécessaire pour une émergence de l’économie numérique en Afrique centrale.
Jean-Claude Noubissie
(Source : CIO Mag, 24 mai 2018)