Désengagement de l’Etat de la Sonatel : Le niet des syndicalistes
jeudi 13 septembre 2007
C’est un niet catégorique que les syndicalistes de la Sonatel ont opposé à la décision de l’Etat du Sénégal de se retirer du capital de l’entreprise. Pour faire revenir le gouvernement sur sa décision, les syndicalistes vont mener un plan d’action.
L’Etat du Sénégal va vendre ses 27,67 % d’actions qu’il détient à la Société nationale des télécommunications (Sonatel). Une décision qui n’a pas l’heur de plaire aux travailleurs de l’entreprise. Mamadou Aïdara Diop et ses camardes sont ainsi contre tout désengagement de l’Etat du capital de la société. Ils l’ont fait savoir hier, lors d’un point de presse au cours duquel ils ont exigé de l’Etat qu’il revienne sur sa décision. Pour eux, si une telle initiative venait à se concrétiser, l’Etat renoncerait délibérément à avoir un droit de regard sur un secteur aussi stratégique de notre économie. Ce qui compromettrait définitivement les objectifs des pouvoirs publics d’insérer notre pays dans le peloton des pays émergents. Surtout que, depuis sa création, la société de téléphonie a versé plus de 80 milliards de francs Cfa de dividendes à l’Etat du Sénégal.
Selon Gabou Guèye et Mamadou Aïdara Diop, cette décision de l’Etat est d’autant plus incompréhensible que, partout à travers le monde, à l’exception des Usa et de la Grande Bretagne, les pouvoirs publics ont maintenu leur présence dans le secteur des télécommunications. « Si jamais l’Etat se retire, France télécom n’aura besoin que de 9 % pour avoir les coudées franches. Libre à elle ensuite de conforter l’entreprise au profit des intérêts français », renseignent-ils. Aussi MM. Diop et Guèye ont-ils révélé que le retrait de l’Etat du capital de l’entreprise entraînera inéluctablement le retrait de la boîte de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), comme elle l’a déjà fait en Côte d’Ivoire. Ce qui se traduira par une opacité dans la gestion des finances de la société qui a atteint les 1 650 milliards de francs Cfa de capitalisation, soit plus que le budget du Sénégal.
Comme parade, les syndicalistes ne ménageront aucun effort pour faire revenir l’Etat sur sa décision. Pour atteindre leur objectif, ils iront à la rencontre de tous les acteurs de la vie socio-économique du pays.
L’Etat du Sénégal détient déjà 27,67 % du capital de la première société de téléphonie du Sénégal alors que France Télécom en contrôle 42,33 %. Ce qui fait de la société française la première entreprise en termes de nombre d’actions. Le reste du capital, 30 % précisément, est réparti entre les institutions, le grand public, le personnel et les anciens salariés (30 %).
Créée en 1985, la société est présente dans beaucoup de pays de la sous-région comme la Guinée-Bissau, la Guinée, le Mali, etc. Elle a réalisé pour l’année 2006 un bénéfice de l’ordre de 146,6 milliards. Soit une hausse de 26 % par rapport à 2005. Le chiffre d’affaires de la Sonatel publié en novembre 2006 est de 398 milliards (42 % de plus par rapport à l’année précédente). La société compte plus de 2 millions d’abonnés et bénéficiait jusque-là d’une situation de monopole sur le téléphone fixe.
Ibrahima Diaw
(Source : Wal Fadjri, 13 septembre 2007)