Dérives sur les réseaux sociaux : Abdou Karim Sall recadre Facebook
mercredi 30 août 2017
C’est avec retenue mais fermeté que le directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes a expliqué au géant américain et à sa représentante que la liberté suppose quelques garde-fous.
‘‘Licéité’’, ‘‘moralité’’, ‘‘respect de la vie privée des individus’’. L’allocution de directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et postes (Artp) à la journée de sensibilisation sur les réseaux sociaux, conjointement organisée avec Facebook hier, avait de forts relents moralisateurs. Le ton diplomatique mais ferme, après les dernières dérives notées récemment, Abdou Karim Sall a fustigé les derniers développements de l’actualité. ‘‘Notre rôle est d’accompagner ce développement et les avantages qu’on peut en tirer. Ce développement est accompagné par des effets pervers. Chacun jouera sa partition. Notre rôle est de développer ces Tic, et de sensibiliser pour que les utilisateurs sachent que Facebook n’est pas pour les vidéos où on insulte à longueur de journées des autorités et d’honnêtes citoyens’’, a-t-il déclaré, avant une mise en garde à peine voilée contre le géant américain.
‘‘L’Artp, en tant qu’institution étatique, déclare solennellement qu’elle est pour la promotion des réseaux sociaux, mais à la seule condition que leur utilisation rime avec respect de la vie privée des individus et des droits humains de façon générale. Il faut qu’on s’arrête, parce que les populations ont des vies privées ; les citoyens ont des droits’’, a-t-il martelé, tout en reconnaissant l’utilité des applications qui ont révolutionné la communication. Pour le boss de l’Artp, sa structure est d’abord chargée du développement des technologies et que les autres démembrements de l’Etat sont également tenus de contrer les dérives dans la publication des contenus.
Plus d’avantages que d’inconvénients
Toute la durée de l’atelier a consisté à trouver le juste équilibre entre nécessité de respecter les libertés individuelles, tout en garantissant la protection des données personnelles des utilisateurs. Avec plus de 2 milliards d’adhérents, dont 120 millions en Afrique subsaharienne, Facebook est la plate-forme la plus prisée. Sa directrice des politiques publiques pour l’Afrique, Ebele Okobi, a relativisé les manquements commis par certains usagers. ‘‘Bien que le Sénégal rencontre des difficultés en termes de publication de contenu abusif et de non-signalement de ces derniers, c’est tout de même avec beaucoup de fierté que nous constatons que les utilisateurs ont su tirer profit de notre plate-forme pour démontrer au monde l’esprit entrepreneurial du Sénégal et contribuer au développement du pays. Le Sénégal est un marché très important pour nous’’, a déclaré Ebele Okobi.
La directrice de soutenir que les bienfaits surpassent de loin les inconvénients, à l’image des apports économiques. ‘‘Notre mission est de donner à tous le pouvoir de créer une communauté et rapprocher le monde entier. Outil puissant de croissance économique. 40 millions de PME sont actives sur le réseau et deux millions investissent dans le service publicitaire comme les 50 milliards de dollars de revenus générés, en 2014, grâce aux annonces publicitaires’’, a-t-elle déclaré. Son séjour au Sénégal depuis quelques jours pour rencontrer autorités, société civile, influenceurs entre dans le cadre de la sensibilisation des bonnes pratiques sur la plate-forme.
Encadré
C’est le comble ! La directrice des politiques publiques de Facebook pour l’Afrique, Ebeli Okobi, a tout simplement demandé aux cameramen présents à la cérémonie hier d’arrêter le tournage, au moment de monter sur l’estrade pour son allocution. Ceci en vertu d’une loi de confidentialité du groupe. Une demande qui a fait grogner toute la salle qui ne comprenait pas que les As de la publicisation de la chose privée tiennent à rester ‘‘anonymes’’. Après une pause, elle a tenté, dans un français très compliqué, d’expliquer la raison de cette attitude. Causant encore plus d’incompréhension.
Ousmane Laye Diop
(Source : Enquête, 30 août 2017)