Démantellement d’une entreprise cybercriminelle : Comment la cinquantaine de gendarmes a surpris 17 Nigérians
lundi 21 septembre 2020
La gendarmerie de la Zone franche, de concert avec les éléments d’ESI et le Cynogroupe, a mis fin aux agissements d’une bande de cybercriminels forte de 17 membres qui dépouillaient leurs cibles sur les réseaux sociaux. En sus du matériel ultra sophistiqué trouvé sur place, du chanvre indien a été découvert dans leur repère.
Le 15 septembre dernier, vers 21 h, une escouade de gendarmes à bord de 5 pick-up, a effectué une descente musclée au quartier Gokh Bi de Fass Mbao, une localité de la commune de Diameguène-Sicap Mbao, en banlieue dakaroise. La cinquantaine de gendarmes issus de la brigade de la Zone franche, de l’Escadron de surveillance de la gendarmerie et du Cynogroupe a fait irruption dans le repère des 17 Nigérians, un immeuble à plusieurs étages.
Selon nos informations, les hommes en bleu avaient été alertés d’une forte présence d’étrangers dans cette partie du département de Pikine. Le jour de la descente, confient nos sources, quand ils ont entendu le bruit des hommes en tenue, les occupants se sont enfermés dans les chambres et même les toilettes. Mais toutes les portes ont été défoncées. Il y en a qui ont tenté de se sauver, en sautant du 2e étage. Mais ils n’ont pas pu aller loin, puisque la zone était quadrillée. Tous ont été interpellés et acheminés dans les locaux de la brigade de la gendarmerie de la localité pour auditions. La perquisition des chambres a permis de mettre la main sur 20 ordinateurs portables de différentes marques, 13 téléphones cellulaires et une quantité de chanvre indien dont nos sources n’ont pas voulu préciser la quantité.
Dans le cadre de cette enquête, poursuivent nos interlocuteurs, le matériel saisi a été remis à la Plateforme numérique de lutte contre la cybercriminalité (PNLC). Après plusieurs jours d’exploitation dudit matos, les résultats ont été livrés aux hommes du major Ansou Kane, le boss de la gendarmerie de la Zone franche. Selon nos informations, les conclusions du rapport de la PNLC ont montré que la bande, qui s’était organisée comme une entreprise, dépouillait leurs cibles, à travers les réseaux sociaux. Ils utilisaient principalement Facebook, Instagram et WhatsApp.
Ils ciblaient des personnes à qui ils envoyaient des demandes d’amis. Si elles acceptaient la demande, ils leur faisaient croire qu’ils étaient en phase terminale d’un cancer et cherchaient des personnes à qui partager leurs milliards et autres biens. Lorsque la cible acceptait la demande, ils lui envoyaient des photos-montages où ils étaient presque mourants dans un lit d’hôpital. Après avoir ferré la cible, ils passaient à l’étape suivante. Ils disaient à la cible qu’il est possible de lui léguer leurs biens, à certaines conditions. D’abord, elle devrait leur envoyer des frais de dossier, mais surtout leur communiquer certaines données personnelles : numéro de passeport, carte nationale d’identité, téléphone et compte bancaire pour le virement.
Une fois toutes ces informations reçues, ils coupaient tous liens avec leur proie. Ainsi, ils pouvaient utiliser les informations recueillies auprès de la cible pour en escroquer d’autres. Ainsi de suite.
Après avoir recueilli toutes ces informations, les enquêteurs les ont présentées aux Nigérians. Certains ont reconnu les faits, d’autres ont nié sans convaincre. Les premiers nommés ont soutenu qu’ils agissaient sous les ordres d’un cerveau qui se chargeait de regrouper toutes les sommes escroquées pour procéder au partage entre les membres de la bande. Ils ont aussi déclaré qu’ils s’activent dans cette bande de cybercriminels depuis longtemps. Qu’ils ont fait de nombreuses victimes sur les réseaux sociaux, un peu partout sur le territoire national.
Au terme de leur période de garde à vue qui a duré plusieurs jours, à cause de la complexité de l’enquête, les 17 suspects ont été déférés au parquet. Les hommes du major Kane leur reprochent les délits d’association de malfaiteurs, escroquerie, intrusion frauduleuse dans un système informatique par des moyens frauduleux, production et fabrication et collecte de données appartenant à autrui, usurpation d’identité numérique et détention et usage de chanvre indien.
Cheikh Thiam
(Source : Enquête, 21 septembre 2020)