Délocalisation du travail : L’opacité qui entoure le secteur de télé-marketing en question
samedi 26 novembre 2005
A voir la sueur qui coulait de son visage et de son corps, d’aucuns l’auraient confondu à un joueur de football venant de terminer un match. Mais il n’en est rien. Si Alioune Badara Niang, le chargé de communication au Primium center contact international (Pcci), en a bavé autant mardi dernier, c’est parce qu’il a dû utiliser toute son énergie pour défendre sa structure fortement critiquée par Abdoulaye Ndiaye, le secrétaire confédéral chargé de la recherche, des études et des statistiques de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts). « Le Pcci ne procède pas à des licenciements abusifs de son personnel. La majeure partie de notre effectif est composée d’étudiants en quête de financement de leurs études. Le Pcci ne constitue, pour ces étudiants, qu’un tremplin. Ils viennent juste pour se faire de l’argent et repartir. Les gens que nous remercions, ce sont ceux qui n’ont pas les compétences requises pour faire le travail que nous leur demandons. Nous pensons qu’il est normal de ne pas les retenir après six mois d’exercice sans résultat escompté », s’est polémiqué Alioune Badara Niang.
Le chargé de communication au Primium center contact international (Pcci) a réclamé plutôt des remerciements pour sa structure qui, selon lui, a le mérite d’investir des milliards pour employer 1 500 personnes, dont 400 permanents. Le reste étant des signataires de contrats à durée déterminée (Cdd). Et ce n’est pas la seule réponse qu’il a apportée contre les attaques du syndicaliste. Il a aussi balayé d’un revers de main l’opacité que ce dernier reproche à sa structure dans le domaine du syndicalisme du personnel de cette entreprise de télé-marketing. « C’est aberrant de dire qu’il n’y a pas de délégués de personnel au Pcci. Il n’y a pas d’opacité dans la gestion du personnel. Tout est transparent dans ce que nous faisons », a-t-il fermement rejeté. Reconnaissant que tout n’est pas rose dans son entreprise, M. Niang a invité Abdoulaye Ndiaye à être plus indulgent à l’égard de cette entreprise de télé-marketing qui n’a que trois ans de fonctionnement.
Dans son intervention, le secrétaire confédéral chargé de la recherche, des études et des statistiques de la Cnts a déploré les conditions de travail et de rémunération des centres d’appel qui, selon lui, ne correspondent à aucune norme. « Les emplois offerts par les entreprises de télé-marketing ou télé services ou encore des centres d’appel aux jeunes sont précaires et instables et sont très loin du concept de travail ou d’emplois décents. L’absence totale de protection sociale, la violation des droits et libertés syndicaux, les mauvaises conditions de travail en terme de sécurité au travail sont autant de manquements qui violent la législation du travail dans notre pays. Cela est inacceptable », a dénoncé Abdoulaye Ndiaye. Avec cependant des chiffres à l’appui. « Les centres d’appel au Sénégal se caractérisent dans le domaine de l’emploi par d’importantes offres aux jeunes diplômés. Ainsi, quel que soit leur niveau d’étude, les conseillers commerciaux reçoivent la même rémunération qui varie entre 692 et 692,32 f l’heure selon les centres d’appel. Et à l’entame de leurs activités, ces télé-marketing fixent un salaire de 75 000 F et 120 000 F Cfa. Or, les marges de ces entreprises de télé services dans nos pays sont de l’ordre de 35 à 45 % alors que, dans les pays d’origine, cette marge n’est que de 5 % », a révélé le syndicaliste. « Il s’y ajoute, poursuit-il, que dans certains centres d’appel, pour conserver leur poste de travail, les conseillers commerciaux ont une obligation de résultats. C’est ce qui explique le grand nombre de licenciements qui peut aller jusqu’à trente par semaine ».
M. Ndiaye a ensuite mis le doigt sur le non respect des droits syndicaux. « L’opacité qui entoure le secteur de télé-marketing, est telle que l’exercice des droits syndicaux (libre adhésion à une organisation syndicale, élection de délégués du personnel, négociation collective, etc) ne sont pas observés. Les travailleurs n’ont aucune possibilité de revendiquer de meilleures conditions de travail et de rémunération », s’est-il insurgé.
Ndakhté M. GAYE
(Source : Wal Fadjri, 26 novembre 2005)