Déchets d’équipements électroniques et informatiques : Les chercheurs pour un recyclage en Afrique
lundi 12 juillet 2010
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) estime que la production de Déchets d’équipements électroniques et informatiques (Deei) s’accroît de 3 à 5%. Une grande partie de ces déchets est déversée sur le continent africain à travers du matériel informatique de seconde main, provenant des pays développés. Ce constat alarmant a amené l’Institut des sciences de l’environnement (Ise) de la Faculté des sciences et technique à Dakar, en partenariat avec le Centre de recherche pour le développement international (Crdi), à lancer le projet intitulé : Gestion et valorisation des déchets des équipements électroniques et informatiques (Deei) en Afrique de l’ouest : cas du Bénin, Mali, Sénégal.
En prélude à la cérémonie de restitution de travaux qui se tient ce matin, l’équipe du projet a tenu, samedi dernier, un point de presse qui visait à attirer l’attention sur le danger de ces déchets sur l’environnement, et incidemment, sur la santé. Le Pr Cheikh Diop, chef du projet, expose : « Les déchets électroniques ont la particularité de ne pas disparaître rapidement dans la nature. Ils contiennent une vingtaine de matières toxiques » qui peuvent être nuisibles aux populations. C’est parce qu’ils sont soucieux de la nocivité de ces Deei que le Pr Diop et son équipe ont cru bon de prendre les devants. « Nous ne voulons pas attendre que ce qui est arrivé avec le plomb (au quartier de Ngagne Diaw à Thiaroye-sur-mer,Ndlr.) arrive avec les déchets informatiques. »
Dans ses recherches, Dioumaye Dieng, étudiant-chercheur, a identifié dans les Deei un mélange de matières valorisables et de matières dangereuses. Les matières valorisables sont le plastique, le verre, les métaux de base comme le cuivre, l’aluminium ou le fer, les métaux précieux comme l’or, l’argent, le palladium. Tandis que les matières dangereuses sont le plomb, le mercure, le cadmium. Et l’incinération des matériels informatiques produit, à l’en croire, du furane, de la dioxine, qui sont deux substances cancérigènes. Ce que le Dr Cheikh Fall, médecin-colonel confirme, et ajoute : « Ces déchets toxiques sont lourds de conséquences au niveau des reins, de la respiration, de l’appareil génital masculin et féminin. » D’où la nécessité, selon le Pr Goudiaby, d’implanter des usines de recyclage en Afrique, à l’instar de la Chine et de l’Inde. Toutefois, le Pr Goudiaby suggère la mise en place au préalable, d’un cadre juridique et réglementaire pour la gestion des déchets issus de ces équipements.
Les journées de restitution des travaux du projet devront permettre l’identification des problèmes liés à ce type de déchets dans les trois pays, la pose d’un diagnostic institutionnel global par rapport aux textes internationaux de base relatifs à la convention de Bâle et de Bamako, l’information et la sensibilisation des décideurs politiques, économiques, sociaux et scientifiques, pour une meilleure prise en charge de cette problématique des Deei, le renforcement des capacités, l’énoncé des pistes de réglementation et la gestion écologique rationnelle, les conditions de destruction des Deei et la détermination des conditions d’optimisation des potentialités de création d’emplois.
Daouda Gbaya
(Source : Le Quotidien, 12 juillet 2010)