Au moment où l’on parle de la « liberté d’expression » sur le web, qu’on dit menacée au Sénégal, m’est revenu ce concept qui a eu ses heures de gloire il y a quelques années (« autoroutes de l’information ») avant de retomber dans la banalité.
Il ne serait pas superflu de le re-convoquer, tant l’analogie avec l’autoroute et ses usagers me paraît pertinente.
Sur une autoroute, tous les gens qui conduisent sont supposés connaître les règles, avoir un permis et connaître le code de la route. Après vous avez ceux qui le respectent et ceux qui ne le respectent pas, et vous avez différents catégories de véhicules et de conducteurs. Ceux qui ne respectent pas le code sont sanctionnés.
Sur les autoroutes de l’information, la tragédie et que nous nous y sommes tous engouffrés, sans être sûr de maîtriser les règles (là où il y en a) ni d’avoir le permis (qui il faut le dire n’est pas requis). D’où ce sentiment de fourre-tout absolu qui empêche jusqu’à une réflexion sereine.
Et voilà toute la difficulté et la complexité des affaires Oulèye Mané, Amy Collé Dieng, etc. Aussi bien pour le gouvernement que pour nous autres usagers.
Et puisque, les réseaux et médias sociaux aidant, nous sommes presque tous des usagers de ces nouvelles autoroutes, il urge, à mon sens de :
1. vulgariser les lois de 2008 sur la société de l’information et le nouveau code pénal sénégalais en ces aspects qui concernent le cyberespace
2. d’introduire l’enseignement (l’usage) des réseaux sociaux dans les écoles, dès le primaire peut-être !
3. de délimiter clairement ce qui relève de la vie publique et de la vie privée dans le cyberespace
Cela est du ressort de l’Etat.
Pour le reste, les citoyens que nous sommes sont interpellés sur la manière dont nous utilisons au quotidien les réseaux sociaux.
C’est vrai que moins on est instruit, plus certains concepts et certaines considérations peuvent sembler relever de la chimère.
Mais les nombreuses affaires en cours devraient aider tout le monde à prendre conscience, à y voir plus clair et à prendre les considérations ci-dessous en compte :
1. on ne peut agir impunément sur les réseaux sociaux (sur le web de manière générale). C’est une tendance mondiale qui dépasse le cas du Sénégal.
2. Le web a toujours été surveillé, il le sera de plus en plus (au Sénégal et dans le monde).
3. la traçabilité de nos actes et dires sur le web est un jeu d’enfant (pour un Etat),
4. le web est le prolongement de la vie réelle, nous devrions ici aussi nous donner des limites pour ce qui est des règles à respecter, sans quoi il ne peut y avoir de vie sociale
5. le respect de la vie privée ainsi que de la dignité humaine doivent rester des lignes rouges à ne pas franchir sous aucun prétexte...
6. Notre droit à une parole libre, à l’expression de nos convictions idéologiques, personnelles, politiques et religieuses, ne devraient en principe souffrir d’aucune entrave et nous devons veiller à les défendre et à les exercer en toute responsabilité.
Pour le reste comme on le dit dans les campagnes sur la sécurité routière, « prudence », et surtout informons nous !
Hamadou Tidiane Sy
(Source : Hamadou Tidiane Sy, 9 août 2017)