Dans son dernier avis sur les programmes audiovisuels : Le Cnra s’insurge contre les images obscènes et les scènes de violence
mardi 20 juillet 2010
Les téléspectateurs sénégalais sont-ils friands d’images obscènes ou violentes ? En tout cas dans son avis trimestriel le Cnra accuse les chaînes de télévision d’en faire leurs programmes favoris ?
Selon l’avis du conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) les organes audiovisuels sénégalais font la part belle aux programmes pas du tout agréables à voir. En effet, dans son avis rendu public sur les dysfonctionnements au cours du deuxième trimestre de l’année, à travers les organes audiovisuels de communication, le Cnra constate des ‘dérives obscènes’ dans les programme audiovisuels. ‘Au cours de ce trimestre, les dysfonctionnements constatés ont trait au regain de diffusion par pratiquement l’ensemble de nos télévisions, de clips et de programmes obscènes’, a souligné l’organe de régulation, citant l’exemple de la soirée diffusée en direct par la chaîne de télévision 2STV, à l’occasion de la célébration de son 7e anniversaire. Une soirée caractérisée, selon l’organe de régulation, par des danses particulièrement obscènes.
Le Cnra s’insurge aussi contre la diffusion d’images obscènes et de scènes de violence contenues dans des films et autres manifestations, comme les séances de lutte avec frappe.
D’autre part le ‘gendarme de l’audiovisuel’, relève la ‘persistance des dérives’ notées lors d’émissions interactives comme les injures, les menaces de mort, les appels à la violence et à la désobéissance civile, à l’atteinte aux institutions de la République, à l’atteinte à l’honneur et à la dignité de la personne humaine.
L’organe critique également la diffusion d’émission de voyance en direct sur de longues plages horaires, sans aucune indication des coûts des appels téléphoniques par certains radios et télévisions.
Enfin, le Cnra constate la généralisation du câblage à travers le pays de ‘manière anarchique et en dehors de toute réglementation’ par des personnes seulement mues par l’appât du gain. Ces derniers, poursuit le Cnra, distillent des images télévisuelles dans les foyers sans aucune possibilité de contrôle par les instances compétentes en la matière.
Face à de tels manquements qui constituent, selon le Cnra, autant de ‘violations des dispositions des textes législatifs et réglementaires en vigueur au Sénégal dans le domaine de l’audiovisuel’, il est recommandé aux organes audiovisuels l’arrêt de la diffusion d’images obscènes et autres scènes de violence. Dans ce sens, poursuit le communiqué, le Cnra réitère sa recommandation de mise en place au sein des télévisions des comités internes de visionnage. Il est aussi recommandé aux responsables des émissions et des programmes de faire plus de rigueur et de professionnalisme dans la conduite des émissions interactives ou des débats diffusés en direct. Ce, ajoute le Cnra, en veillant au respect des dispositions de l’article 10 de la Constitution, aux termes desquelles, chacun a le droit d’exprimer librement ses opinions, pourvu que l’exercice de ce droit ne porte pas atteinte à l’ordre public, à l’honneur, à la considération d’autrui, ainsi qu’aux convictions religieuses et philosophiques.
En outre, l’organe conseille à ce que les émissions de voyance n’exploitent pas la crédulité des populations et qu’elles respectent les dispositions relatives à l’obligation d’indication du coût des appels sur serveur vocal. Et pour finir le Cnra prévient les organes audiovisuels qu’il accordera une attention particulière à la mise en oeuvre effective de ces recommandations par tous les acteurs du secteur en vue de corriger les différents manquements.
Charles Gaïky Diène
(Source : Wal Fadjri, 20 juillet 2010)