Dakar à l’heure de la télémédecine
vendredi 31 août 2001
Le Professeur sénégalais Cheikh Tidiane Touré est chef de la clinique chirurgicale de l’Hôpital Aristide Le Dantec, à Dakar. Cette structure abrite, depuis trois mois, le premier équipement de télémédecine d’Afrique de l’Ouest.
En quoi consiste l’équipement de télémédecine installé à la clinique chirurgicale Aristide Le Dantec, à Dakar ?
L’équipement comprend un système de visioconférence (moniteurs TV, vidéo projecteur, caméras, etc) dans une salle réservée à la formation des chirurgiens. Depuis son installation, il y a trois mois, nous avons testé l’ensemble. Cela fonctionne bien, excepté quelques problèmes de transmission sonore qui vont être vite réglé. Dès la rentrée prochaine, en octobre, la quarantaine d’étudiants inscrits en chirurgie et qui viennent de toute l’Afrique (Algérie, Maroc, Guinée, etc.) pourront suivre des cours délivrés par des professeurs des Universités de Toulouse, de Strasbourg ou de Bruxelles. La durée de la formation est de quatre ans. Pour la partie télémédecine, nous avons une salle d’opérations munie d’un appareillage adapté à la pratique chirurgicale. Ce système permet de recourir, à distance, à l’expertise de professeurs de renommée mondiale. Nous avons testé le système lors d’une banale opération d’une hernie. L’expert a la possibilité de piloter à distance la caméra à fibre optique, tout en visionnant l’imagerie médicale. Pour réaliser un zoom, par exemple. Nous allons multiplier ces pratiques. Selon moi, c’est un atout considérable de pouvoir bénéficier de cet espace de collégialité.
Quels avantages vous apportent ces technologies ?
Les bénéfices sont énormes. En ce qui concerne la formation, notamment. Auparavant, les experts de tel ou tel domaine médical devaient se rendre au Sénégal lors de mission de formation. De la même façon, certains de nos médecins se déplaçaient en Europe pour suivre des stages de perfectionnement. Il demeure primordial pour un pays comme le Sénégal de profiter de l’expérience de professeurs renommés, de bénéficier de techniques médicales qui sont des standards en Europe. Mais ces échanges se révélaient coûteux. Concrètement, cela signifiait qu’un ou deux étudiants seulement bénéficiaient d’une formation en Europe. Ces installations permettent de répondre de manière plus satisfaisante à ces besoins.
Existent-ils d’autres projets de ce type au Sénégal ?
Oui, il y a quinze jours j’ai participé à une réunion avec des membres de l’ONG (1) française FISSA (Force d’Intervention Sanitaire Satellitaire Autoportée). Cette association a signé un partenariat avec le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) afin de développer, au Sénégal, un projet de distribution de valises satellitaires de télémédecine. Une première phase pilote, qui interviendra dans les mois qui viennent, prévoit l’installation du matériel sur trois sites isolés du Sénégal. Ce sont en fait des stations portables qui sont équipées d’un système de transmission d’imagerie médicale. La démarche vise à favoriser la télé consultation et le télédiagnostic, essentiellement dans le domaine de la périnatalogie. Pendant cette phase pilote, l’hôpital principal de Dakar fera office de poste central. Selon moi, ce projet présente un intérêt incontestable : c’est essentiel d’acquérir ces outils de télécommunications. Surtout dans les régions sénégalaises où les praticiens sont isolés...
(1) L’ONG française FISSA (Force d’Intervention Sanitaire Satellitaire Autoportée) souhaite exploiter les potentialités des liaisons satellites afin de développer, notamment, les consultations médicales à distance sur des sites isolés.
Eric Mugnere
(Source : Transfert.net 31 aout 2001)