twitter facebook rss
Imprimer Texte plus petit Texte plus grand

Cybersécurité, Protection des données, terrorisme… Franck Kié présente les enjeux du numérique africain

vendredi 8 avril 2022

La deuxième édition du Cyber Africa Forum se tiendra les 9 et 10 mai 2022 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Organisateur de cet évènement, Franck Kié, consultant en cybersécurité, a accordé une interview exclusive à Seneweb. Dans cet entretien, il est revenu sur l’importance du numérique dans l’économie africaine et les attentes du Cyber Africa Forum.

Selon une étude réalisée par une entreprise kényane de cybersécurité, la cybercriminalité a fait perdre au continent africain 10% de son produit intérieur brut (PIB) en 2021, soit plus de 4,2 milliards de dollars américains. La menace cybercriminelle est-elle encore négligée sur le continent ?

Je pense qu’elle n’est pas négligée. Il y a une prise de conscience progressive et les acteurs commencent de plus en plus à s’y intéresser. J’en veux pour preuve la multiplication des différentes initiatives que l’on remarque depuis le premier Cyber Africa Forum l’année dernière. Et les différentes mesures en termes de réglementation, sur le sujet de l’investissement des infrastructures et sur la mise en place de structures de gouvernance qui commencent de plus en plus à avoir lieu dans les différents pays africains.

Quelles sont les formes d’attaque courantes sur le continent et quels sont les pays les plus touchés ?

On n’a pas encore des données qui nous permettent de pouvoir quantifier cela de façon précise. Interpol a sorti un rapport où il explique les différents types de menaces qu’on remarque aujourd’hui sur le continent. On peut citer pêle mêle les arnaques aux faux virements, l’extorsion en ligne, le phishing et les rançongiciels. Tous les pays africains sont aujourd’hui victimes de cyberattaques , je pense notamment à des pays comme l’Afrique du Sud, des pays du Maghreb.

D’où proviennent ces attaques ?

On a différents profils de cyber attaquants. Déjà, ce qu’il faut noter c’est que les attaques se font de plus en plus localement. C’est-à-dire qu’elles sont faites soit par des cybercriminels qui sont, soit basés dans le pays dans lequel ils s’attaquent, soit dans la même région ou zone géographique. Comme c’est un phénomène de criminalité, on remarque qu’il y a de plus en plus de mafia qui sont en train d’être mise en place et agissent de façon transnationale.

A quelles fins ont lieu ces attaques ?

Les fins sont principalement économiques. On n’est pas encore sur du cyberterrorisme ou sur du cyberactivisme, c’est vraiment de la cybercriminalité qu’on constate.

Est-ce que le continent africain possède les ressources humaines et financières nécessaires pour y faire face ?

Je pense qu’il y a un manque à combler au niveau de la ressource humaine. Il y a de plus en plus de formations qui sont en train d’être mises en place localement. On remarque aussi que les acteurs internationaux font de plus en plus de transferts de compétences et de connaissances avec les acteurs locaux. Donc, c’est un besoin qui est en train d’être graduellement comblé. Et en matière financière, on voit que des pays mettent de plus en plus les moyens pour pouvoir investir dans le domaine. Je prends l’exemple de la Côte d’Ivoire qui a décidé d’investir environ 30 millions d’euros entre 2021 et 2025 dans le renforcement de sa cybersécurité.

Outre les risques économiques, le péril terroriste pèse sur le continent. Comment ces groupes terroristes arrivent-ils à tirer profit du cyberespace ?

Il faut savoir que le cyberespace leur permet aujourd’hui de pouvoir continuer leur propagande afin de propager leur idéologie. Et il faut aussi savoir que le cyberespace leur permet, à travers la cybercriminalité, de pouvoir financer encore plus leurs activités. Et puis, le cyberespace leur permet de pouvoir garder une certaine confidentialité dans leurs échanges et surtout à travers les cyberattaques qu’ils peuvent mener afin d’éviter une certaine traçabilité de leurs actions.

Donc, c’est au vu de tous ces enjeux que vous avez initié le cyber Africa Forum.

En effet, le cyber Africa Forum est un événement de référence sur la cybersécurité en Afrique. Nous avons tenu la première édition l’année dernière et nous travaillons sur la prochaine édition qui aura lieu bientôt à Abidjan. L’objectif pour nous était de rassembler les décideurs publiques et privés en Afrique en matière de cybersécurité et de confiance numérique et de pouvoir être un acteur important dans la structuration de l’écosystème en permettant une communauté de confiance, une communauté d’affaires mais aussi un lieu d’expertise où on pourra proposer, apporter des solutions et présenter des solutions déjà existantes.

La première édition s’est tenue le 7 juin 2021. Quelles ont été les principales conclusions de cette première édition ?

On a retenu que les acteurs africains n’étaient pas suffisamment sensibilisés sur les enjeux et les problématiques de la cybersécurité. Ils ne connaissaient pas assez, au sein de leurs différents secteurs d’activité, les risques auxquels ils étaient sujets. Et ils n’étaient pas non plus au courant des différentes solutions qui étaient à leur disposition pour pouvoir renforcer leur cybersécurité.

Les solutions préconisées lors de ce colloque ont-elles été appliquées par les différents participants ?

La deuxième édition du Cyber Africa Forum se profile à l’horizon. Elle aura lieu les 9 et 10 mai en Côte d’Ivoire sous le thème : « Souveraineté numérique et protection des données, leviers de croissance économique pour le continent africain ».

Le numérique, vecteur de développement africain, est-ce possible ?

Oui, je pense que l’économie numérique devient un élément à part entière de la croissance économique des différents pays africains. Ce que nous pensons, c’est que ce levier doit être accompagné mais doit être surtout protégé. Sinon, ce qui sera produit sera perdu dans la cybercriminalité. Il faut, à cet effet, encadrer cette croissance et surtout l’accompagner.

Quelles sont les innovations pour cette année ?

Pour cette deuxième édition, nous avons décidé de passer sur deux journées afin de pouvoir couvrir une plus large palette de sujets et d’avis un peu plus en profondeur sur les thématiques en lien avec cette problématique. C’est pour cela que nous avons prévu un espace d’exposition qui permettra à nos sponsors et partenaires de pouvoir présenter leurs différentes solutions. C’est la raison pour laquelle nous comptons renforcer la visibilité médiatique de notre événement pour promouvoir encore différentes propositions qui seront faites au cours de cette deuxième édition. Un prix de la startup cyber sera décerné. Il y aura aussi un hacking challenge.

Combien de pays seront représentés ?

Nous attendons une trentaine de pays environ. C’est un forum qui se veut en effet panafricain avec des participants de plusieurs pays d’Afrique. Mais c’est aussi un forum à vocation internationale parce que nous aurons des intervenants qui viendront de pays qui sont hors de l’Afrique. Parce que la coopération en matière de cybersécurité même de lutte contre la cybercriminalité est une problématique transfrontalière et pas uniquement africaine. Aujourd’hui, les agences nationales de cybersécurité africaines, dans leur résolution de cybercrimes, sont obligées de composer avec des acteurs internationaux afin de pouvoir résoudre cette problématique.

Quelles sont les attentes à l’issue de ce forum ?

Nous souhaitons avoir encore plus d’échanges et de propositions concrètes en matière de renforcement de la cybersécurité. Nous souhaitons également des échanges de réseaux et de networking et des rendez-vous d’affaires encore plus importants que l’année dernière pour contribuer justement à la situation du marché de la cybersécurité en Afrique. Enfin, nous espérons pouvoir présenter des innovations et des résultats sur l’état de la maturité de la cybersécurité en Afrique.

(Source : Seneweb, 8 avril 2022)

Mots clés

Inscrivez-vous a BATIK

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez toutes nos actualités par email.

Navigation par mots clés

INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

PRÉSENTATION D’OSIRIS

batik