Cybercafés de la Cité du rail : Quand la perversion atteint son paroxysme via Internet
samedi 14 août 2010
L’ouverture du net aux enfants de très bas âge, avec la possibilité qui leur est offerte de surfer sur des sites pornographiques, constitue un fait d’une extrême gravité pour 1a qualité psychologique de la jeunesse thiessoise.
THIES - Un tour à travers les Cybercafés de la place, en pleine expansion à Thiès, suffit pour se rendre compte des terrifiants inconvénients du net. L’on ne peut certes nier l’efficacité de cet outil de travail qui se révèle être parfois indispensable du fait des nombreux bienfaits qu’il peut apporter à l’homme moderne. Ce, en lui permettant de faire des affaires en temps réel et d’être plus performant. Seulement, les friands du net, qui se dénombrent surtout chez les jeunes filles, semblent avoir dévié cet outil irremplaçable de sa fonction originelle, pour en faire un instrument de perversion sociale. C’est donc sans surprise qu’on assiste, aujourd’hui, à une ruée sans précédent vers les Cybercafés de la cité. « Histoire d’être dans l’air du temps », nous confie A. Diop une lycéenne. Sa copine O. Ba, 22 ans, en formation dans un établissement privé professionnel, refuse, elle, de prendre la pente raide comme ses camarades : « Le plus grand mal qui affecte la société, aujourd’hui, c’est internet. C’est une denrée très prisée par les filles de mon quartier et mes camarades de classe. On fixe des rendez-vous secrets. On entre en contact avec des maniaques ; des vicieux ; des névrosés qui sont, pour la plupart, des toubabs. En un mot, on bascule dans le bordel ».
Désolée, comme beaucoup d’autres filles d’ailleurs, de ne pouvoir donner ses coordonnées, une mignonne créature de 19 ans, dénichée dans un Cyber du plateau, à Escale, dénote la « mutation » que le net est en train « d’opérer dans le comportement des jeunes filles au point de les transformer en maniaques. Beaucoup de filles exhibent leur sexe sur le net. Elles téléchargent des photos à caractère pornographique. Des obsédés vivant à l’étranger, connus via internet, leur demandent qu’elles se fassent photographier nues comme un ver, et dans toutes les positions imaginables et de leur transmettre ces images ».
« Pernicieux », c’est tout ce que trouve à dire ce père de famille trouvé au quartier Diamaguène, et qui fréquente le Cyber situé en face du camp Gmi Tropical, en l’occurrence Aly Diop, pour assimiler le net à « un virus qui gangrène la société moderne ». « Ce, précise-t-il, par rapport à l’usage qu’en fond les filles ». Il suggère, à ce propos, que le net obéisse à des règles strictes que tout utilisateur doit s’efforcer de suivre. Une préoccupation que semblent partager bien des responsables de famille parmi lesquels cette enseignante du quartier Randoulène, Awa Dia, qui reste incommoder par ce problème tout à fait nouveau mais fondamental. .« Faut-il réfléchir sur la poussée, comme des champignons, des Cybercafés à Thiès. » Pourquoi n’y aurait-il pas de contrôleurs dans ces cybers pour surveiller les enfants ? » Un tas de questions que se pose notre bonne dame qui, elle, de son côté, préfère amener ses enfants dans des centres professionnels. Contrairement à : la voisine, Alima Ndao éducatrice. Cette dernière nous confie : « c’est à partir d’un certain âge qu’on devrait permettre à l’enfant de se mettre en face d’un ordinateur pour surfer. Mais apprendre à l’enfant, à très bas âge, à surfer, là, je suis contre ».
Toutefois, ce point de vue, beaucoup de gérants de Cybercafés à Thiès ne le partagent pas, même s’ils ont eu l’honnêteté d’avouer que « les enfants, au lieu de surfer pour apprendre, passent le plus clair de leurs temps à faire des trucs d’amour, à entrer dans des sites internet de porno et autres ». C’est d’ailleurs, pour cette raison que Badara Diop, informaticien, formateur dans un centre professionnel, ne voit pas la raison pour laquelle « à cet âge-là, on demande à l’enfant de faire des cours sur l’ordinateur si ces cours ne sont pas donnés par une professeur conscient de son rôle d’éducation ».
Tidiane Camara
(Source : Le Populaire, 14 août 2010)