Le financement participatif a le vent en poupe partout dans le monde et l’Afrique n’échappe pas à la tendance. Considérées comme un modèle de financement alternatif au secteur bancaire traditionnel, les plateformes de financements participatifs ciblent désormais l’Afrique dont les perspectives de croissance sont plus qu’alléchantes pour ces entreprises.
Si l’Afrique ne représente actuellement que 83 millions dans le dollar en termes de volume d’investissements au sein de ces plateformes de financements participatifs, la tendance devrait nettement s’améliorer. Selon la Banque mondiale, celle-ci devrait grimper jusqu’à 2,5 milliards de dollars US d’ici 2025. Cette perspective s’explique en raison de la croissance soutenue des économies du continent avec un besoin croissant de différents types de financement.
Si l’Afrique ne représente encore que 0,1% des échanges sur ces plateformes, l’espoir reste de mise car le nombre de projets de financements continue d’augmenter notamment en Afrique de l’Est malgré l’absence de cadre juridique de la part des Etats. « Le potentiel du crownfunding est réel en Afrique. Il faut juste sensibiliser les décideurs publics sur l’impact éventuel que peut avoir le financement participatif sur les développements socio-économiques des Etats », explique Thameur Hemdane, fondateur d’Afrikwity- une plateforme de financements participatifs spécialisée sur l’Afrique.
Au Ghana, 16% de taux d’intérêts sur un compte courant
Le financement des PME était au cœur des discussions lors des dernières rencontres économiques Afrique – France. « Au Mali, les taux d’intérêts bancaires sont trop élevés. Un entrepreneur va emprunter à une banque locale malienne à un taux d’intérêt compris entre 12 et 20%. Cela réduit les marges de manœuvre et impose un taux de rentabilité considérable pour l’entreprise si elle souhaite rembourser rapidement son prêt bancaire », expliquait Marc Hoffmeister – commissaire générale des Rencontres Africa 2018.
Face à cette réalité, les banques continentales tentent de trouver des réponses également en leur sein. Ainsi, certaines banques au Ghana proposent des taux d’intérêts sur les comptes courants à hauteur de 16%. Il s’agit d’un taux attractif qui a pour objectif d’inciter les particuliers et les entreprises à l’ouverture d’un compte bancaire au pays du royaume d’Ashanti. Ainsi les banques ghanéennes espèrent attirer davantage de porteurs de comptes actifs pour ensuite élargir la gamme de ses produits financiers auprès de ses clients (particuliers et entreprises)
Afrikwity et Jokkolabs entrent dans la danse
En raison de la frilosité globalement observée de la part des banques sur le continent, les plateformes de financements participatifs n’ont pas attendu pour se mettre en action. Afrikwity, société fondée par Thameur Hemdane et Jokkolabs créée par Karim Sy, ont mis sur pied le Forum du Crownfunding en Afrique. « C’est la seconde édition de ce forum. Un premier avait déjà eu lieu en Tunisie en 2016. La seconde aura lieu le 15 novembre à Dakar avec le même objectif de sensibiliser les acteurs politiques mais aussi les régulateurs des banques centrales », indique Thameur Hemdane.
Lors de la première édition, une quinzaine d’experts internationaux avait délivré diagnostics et analyses sur la situation du crownfunding en Afrique. Ce forum avait réuni près de 400 participants. Un chiffre que Thameur Hemdane et Karim Sy espèrent atteindre voire dépasser pour cette seconde édition. Le choix de Dakar ne doit rien au hasard car c’est dans la capitale sénégalaise que se trouve le siège régional de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Rudy Casbi
(Source : CIO Mag, 22 octobre 2018)