Croissance externe de la Sonatel : Le coup de frein de son partenaire Orange France
vendredi 12 juin 2015
Lors de l’inauguration du nouveau joyau de la Sonatel, le président de la République a appelé Orange, la marque commerciale partenaire à l’expansion de la première société de télécommunications du Sénégal, à faciliter l’implantation de la Sonatel dans la sous région plutôt que de la freiner.
A l’inauguration de son nouveau siège marquant la célébration de son 30e anniversaire, la Sonatel a revisité ses succès passés et scruté son avenir. En vue de maintenir sa réussite, l’opérateur de télécommunications a démarré depuis 10 ans une stratégie d’expansion dans la sous-région. La conquête de marchés externes au Mali, en Guinée Bissau et en Guinée ayant été fructueuse générant des retombées satisfaisantes, 60 % du chiffre d’affaires en 2014, la Sonatel veut davantage explorer d’autres pays en investissant le marché ghanéen, mais bute sur un obstacle : Orange, son partenaire commercial, freinerait son ardeur. Alioune Ndiaye, le directeur général de la Sonatel, a saisi l’opportunité de la présence de Macky Sall pour, semble-t-il, déposer « une plainte ».
En compagnie du président de la République lors d’un voyage au Ghana, le directeur de la Sonatel, qui juge « la croissance externe indispensable », informe avoir négocié une licence dans ce pays et obtenu l’aval des autorités ghanéennes. « Il nous manque le soutien du Groupe Orange. Et je ne désespère pas que ce soutien va arriver parce que ce type d’opportunité n’attend pas trop longtemps », a averti Alioune Ndiaye. « Vous pouvez compter sur moi pour accompagner le Groupe Sonatel dans sa croissance externe. Je voudrais demander au représentant d’Orange de bien vouloir transmettre ce message personnel du président de la République de permettre l’expansion sous régionale de Sonatel dans l’intérêt des deux groupes », a répondu Macky Sall. Le diecteur général de la Sonatel a peut être des raisons de s’inquiéter car Orange, qui détient 44 % du capital de Sonatel, n’est pas à son premier coup de frein des envies d’expansion de la Sonatel. Le premier opérateur du Sénégal aurait déjà été bloqué par la marque française dans sa volonté d’implantation au Niger. Les arguments opposés ? Orange voudrait elle-même s’emparer de ses marchés et limiter la société sénégalaise aux pays limitrophes.
L’expansion sous régionale a été démarrée sous la direction de Cheikh Tidiane Mbaye qui, désireux d’investir le marché malien, voulait lever l’obstacle d’ « image », comme il l’a rappelé hier. Pour lui, s’armer d’une marque de notoriété internationale était la meillure option pour faire adopter les services de l’opérateur dans les pays voisins. Aujourd’hui, sa stratégie s’est avérée payante car à l’époque les farouches oppositions des trois syndicats de la Sonatel à l’annonce de l’idée sont aujourd’hui oubliées. Les syndicalistes craignaient en fait le renforcement du pouvoir de France Télecom, désormais Orange, dans leur entreprise d’autant que malgré son statut d’actionnaire, il fallait lui payer une brand free, une redevance reçue en vertu de l’utilisation de sa marque, qui représenterait 1,6 % du chiffre d’affaires.
(Source : Infos et analyses sur l’économie sénégalaise, 12 juin 2015)