En réunion de Conseil des ministres du 29 juillet, le Chef de l’État, Macky Sall, sur l’impératif d’intensifier la mise en œuvre de la stratégie « Sénégal numérique 2025 », rappelait au Gouvernement l’urgence de bâtir un Sénégal « émergent » à travers l’accélération de l’aménagement numérique du territoire national afin de favoriser l’accès universel, à moindre coût, aux services numériques de qualité. Il a, à cet égard, demandé à l’Autorité de régulation des télécommunications et des Postes (Artp) de veiller davantage à la qualité du service délivré par les opérateurs aux usagers ainsi qu’à la soutenabilité des tarifs appliqués aux consommateurs. Ne voulant pas s’en arrêter là, le Président de la République a demandé à la ministre de l’Économie numérique de faire prendre toutes les dispositions pour la mise en œuvre optimale des composantes du Programme spécial « Smart Sénégal ».
Ces instructions, en attendant leur mise en œuvre effective, semblent traduire une volonté affichée de l’État de faire du numérique un véritable catalyseur du dynamisme et de la transformation des segments de l’économie. Ces différentes mesures annoncées confirment la place capitale des services du numérique dans l’accompagnement de nos économies.
Pour preuve, l’apparition de la Covid-19 a favorisé l’expression de nouveaux besoins sur le plan socioéconomique. Toutefois, elle a permis de repenser les modes de fonctionnement, d’organisation, de production et de consommation de plusieurs agents économiques, particulièrement les entreprises et les consommateurs. Cette crise sanitaire a contraint les acteurs de l’économie à se réinventer en trouvant unealternative leur ayant permis de s’adapter à une situation de crise inédite et aux conséquences dévastatrices. Entreprises et autres acteurs de l’économie ont rivalisé d’ingéniosité, de créativité et d’innovations pour poursuivre leurs activités tout en respectant les mesures de précaution imposées par les réalités de la Covid-19.
Inutile de s’épancher sur ces faits, mais quelques cas d’école ont pu attirer notre attention. Les réunions physiques dans les entreprises ont cédé la place aux visioconférences, le télétravail a contribué au désengorgement des bureaux des entreprises et des services de l’administration, les usagers, à distance, s’acquittent de leurs paiements de certains services. Bref, tout le monde s’est imposé de nouvelles attitudes et habitudes pour s’adapter au contexte. C’est pourquoi l’appel réitéré par le Chef de l’État d’accélérer l’aménagement numérique du territoire national pour favoriser l’accès universel, à moindre coût, aux services numériques de qualité doit être suivi d’actions pour concrétiser cet ambitieux programme digital de l’État et de faire de l’économie numérique une réalité sous nos cieux.
Dans un contexte où les réflexions convergent vers l’élaboration d’une stratégie globale de relance de l’économie nationale, une attention particulière devrait être accordée au secteur du numérique qui est presque incontournable pour insuffler l’impulsion aux piliers de l’économie, notamment le commerce, l’industrie, les finances…
Les perspectives du secteur du numérique sont prometteuses au regard des performances notées dans quelques branches. En 2019, le marché des communications électroniques au Sénégal a enregistré un chiffre d’affaires de 762,89 milliards de FCfa en 2019, selon l’Autorité de régulation des télécommunications et des Postes (Artp). Cet indicateur montre à suffisance l’impératif de faire des services du numérique un véritable levier de relance de l’économie nationale. Il s’avère donc nécessaire de faire en sorte que le numérique, par effet domino, puisse revigorer les autres branches de l’économie. Pour ce faire, tous ceux qui évoluent dans le secteur doivent jouer leur partition. Qu’il s’agisse des opérateurs de téléphonie, de l’Agence de régulation ou d’autres services compétents de l’État.
L’accompagnement des startups, notamment celles qui opèrent dans les technologies, est devenu un impératif. Cela passe par la mise en place de mécanismes de financements répondant à leurs besoins mais aussi par la création de structures d’incubation et de soutien au développement d’entreprises dans les Tic, les Green Tech et l’industrie culturelle, à l’image de Technopark au Maroc ou de Klab à Kigali (Rwanda). Dans ce Technopark, on y dénombre, aujourd’hui, 280 startups et Pme marocaines en permanence et près de 2000 salariés d’une moyenne d’âge inférieure à 30 ans. Elles contribuent à plus de 10% du chiffre d’affaires Tic national (hors télécom).
Cependant, certains défis sont à relever. Il s’agit de doter le pays en infrastructures capables d’accompagner la transformation digitale, d’éviter toute augmentation de prix, pour un meilleur accès aux des services. La gestion des données personnelles et l’institution d’une politique nationale de cyber-sécurité rigoureuse est aussi une autre paire de manches. À l’État et à tous les acteurs concernés de s’impliquer davantage afin de permettre à notre pays de ne pas rater ce virage si crucial qu’est l’économie numérique.
Abdou Diaw
(Source : Social Net Link, 5 août 2020)