Création numérique : Les enfants prennent en charge leur espace
vendredi 23 septembre 2011
Ils sont au total 30 enfants de Grand-Yoff, des artistes de la commune, des danseurs, des musiciens, des plasticiens entre autres à être mis en atelier de création numérique. C’est le pari de la structure TRIAS Culture qui les invite ainsi à une réflexion sur la qualité de leur environnement dans le but de leur faire participer à la construction d’un meilleur espace urbain.
C’est toute la substance de cet atelier qui se déroule au centre Talibou Dabo du 15 au 30 septembre 2011 et sera suivi d’une exposition du jardin électronique réalisé par les enfants le 1er octobre devant le Cedeps de Grand Yoff.
« Inviter les enfants de Grand-Yoff à une réflexion sur la qualité de leur environnement, tout en éveillant leur sensibilité et leur engagement à participer à la construction d’un espace urbain meilleur, en adéquation avec leur bien-être personnel et familial ».
C’est le principal objectif de cet atelier qui se déroule sous une forme ludique et créative au centre Talibou Dabo du 15 au 30 septembre 2011. Ces trente enfants, ainsi que différents artistes travaillent en ateliers et mènent des actions dans les lieux publics des quartiers de Dakar.
Il s’agit dès lors, de « promouvoir des espaces de rencontres et de dialogue social entre les familles, les associations locales, les artistes, les professionnels de la culture et les autorités locales, pour réfléchir ensemble à la qualité de l’environnement ».
Par ailleurs, « cet atelier ouvre aux jeunes et aux enfants des quartiers la possibilité d’utiliser les technologies numériques et les invite à découvrir la création artistique à partir des outils électroniques », nous indique les organisateurs. Auparavant, avant le démarrage même des ateliers, trois journées d’assainissement ont été organisées du 09 jusqu’au 11 septembre en partenariat avec la Mairie et six ASC de Grand Yoff.
« Electrogarden », un espace de création
Après cette activité, l’atelier de création numérique pour enfants intitulé « Electrogarden » est ouvert avec le concours de TRIAS Culture. « Cet atelier est porté sur la construction de capteurs électroniques construits par les enfants pour mesurer les facteurs de l’environnement des objets sensibles qui rendent visibles différents facteurs : le rayonnement solaire, la température, la pollution, l’humidité ou le niveau sonore de la ville », explique Ndèye Mané Touré.
« Ces artefacts sont élaborés à partir d’objets obsolètes et de matériaux de récupération, tels que des jouets inutilisés, du carton, du ruban adhésif, du papier journal, des bouteilles en plastique et d’autres matières recyclables.
Le dernier jour de l’atelier, les enfants analysent la qualité de leur environnement, en interaction avec les passants, en réalisant un jardin éphémère constitué de plantes électroniques installé dans un espace public du quartier, devant le CEDEPS de Grand Yoff », poursuit-elle. Pour se faire, l’artiste espagnol Victor Vina est invité à Dakar par TRIAS Culture.
L’expertise de Victor Vina
Titulaire d’une maîtrise en « Computer Related Design » au Royal College of Arts de Londres, Victor Vina a aussi suivi une formation de dessinateur industriel, nous renseigne-t-on.
« Depuis 2000, il a mené des projets universitaires de recherche au sein de diverses institutions, telles que Mediamatic à Amsterdam, Interaction Design Institute Ivrea, Elisava (École de Design de Barcelone) ou encore l’Institut d’architecture avancée de Catalogne, où il collabore avec le « FabLab » de Barcelone pour la mise en place d’un atelier de fabrication numérique intégré au programme du MIT (Centre pour Bits et atomes FabLab) », précise la source.
Mieux, « Victor Vina est rédacteur en chef de « ATS », une publication spécialisée en design TdD. Ses oeuvres ont été présentées en Espagne, en Italie, au Portugal, en Angleterre, en Écosse, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Croatie, en Colombie, à Cuba, au Venezuela, au Sénégal (festival Gawlab dans le cadre de la Biennale Off de Dak’Art 2006) et aux États-Unis. Il a développé des projets d’intervention axés sur la « critique et la participation sociale avec des enfants à Barcelone, Berlin, Manizales, Medellin et Bangalore ».
Les travaux du professeur émérite ne se limitent pas là. « Ses projets intègrent des objets en réseau, la visualisation de données, la recherche sur des réseaux numériques dans les espaces publics, des installations d’éclairage pour les espaces publics, et des environnements architecturaux intelligents. Aujourd’hui, il est professeur à l’École Srishti of Art, au département Design et Technologie de Bangalore (Inde) », nous révèle-t-on.
Enrichi de l’expérience de ce grand maître de l’art numérique, le travail des enfants en atelier sera couronné par un DVD qui sera issu du montage des images prises lors des différentes phases avec pour objectif de sensibiliser un public plus large, essentiellement jeune, mais aussi universitaire, ainsi que les familles sur les questions de l’environnement et de l’espace public. « Le DVD permettra aussi de faire connaître au Sénégal et à l’international les résultats de l’atelier et les oeuvres créées par les enfants », nous disent les organisateurs.
Par le biais de cette proposition qui rentre dans le cadre du projet « d-CLIC et outils numériques pour le développement culturel et la création artistique en Afrique », Trias Culture cherche à mettre au service du développement culturel et artistique les avantages offerts par les technologies de l’information et la communication.
Chérif Faye
(Source : Sud Quotidien, 23 septembre 2011)