Covid-19 : la piqûre de rappel dont l’Afrique avait besoin pour accélérer sa transformation numérique
mercredi 25 mars 2020
Depuis 2007, les pays d’Afrique ont engagé divers chantiers soutenus par la Banque mondiale en vue de prendre activement part à la quatrième révolution industrielle. Mais cette mutation numérique dont les bienfaits sur la gestion publique, la gouvernance, la santé, l’éducation, le commerce, etc. ont toujours été vantés n’a pas véritablement évolué au fil des années. Bien que les gouvernements aient exprimé leur bonne volonté à travers des plans stratégiques, les actions concrètes ont toujours traînées. Mais le coronavirus devrait changer tout cela.
La maladie qui contraint à une distanciation sociale et ne laisse au monde que le numérique comme seul moyen de continuer à fonctionner, démontre une fois de plus à l’Afrique l’urgence qu’il y a à investir dans les technologies de l’information et de la communication. Si les nombreux discours, rapports et études sur les gains socioéconomiques de la transformation numérique n’ont pas toujours convaincu les gouvernements à agir prestement, la situation actuelle de survie économique et sociale devrait leur faire entendre raison.
Des pays comme le Rwanda, le Ghana, le Kenya, le Maroc, l’Egypt, l’Afrique du Sud, qui ont investi sérieusement dans la numérisation au fil des années, servent aujourd’hui d’exemples au regard des fruits qu’ils tirent du numérique en ces heures de crise sanitaire mondiale. Malgré des mesures extrêmes comme le confinement, adopté par certains, ces pays continuent de fonctionner d’une certaine manière.
Les écoliers, élèves et étudiants renvoyés à la maison, bien que la période scolaire et académique soit en cours, continuent d’acquérir des connaissances grâce aux plateformes d’e-learning existantes et aux réseaux haut débit. De ce fait, la formation des ressources humaines, dont ils auront besoin au cours des prochaines années, n’est pas entravée. La télémédecine a pris le relai sur les consultations en présentiel ; de nombreuses boutiques ont adopté le système de livraison à domicile grâce aux solutions d’e-commerce et de paiements électroniques (M-banking, Mobile Money, etc.) largement répandues ; l’administration publique continue de fonctionner grâce aux solutions eGov et à aux réseaux informatiques d’État qui profitent aussi aux entreprises du secteur privé.
Dans sa note de politique 2019 sur l’infrastructure et la connectivité régionale en Afrique, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique que « la connectivité croissante et l’expansion rapide des technologies numériques, telles que les services financiers numériques, l’administration en ligne, les solutions de cloud computing et les plateformes de commerce électronique, génèrent de nombreuses opportunités pour les entreprises et offrent des expériences qui changent la vie des individus ».
Lors du Conseil des ministres du 22 mars 2020, l’Algérie a pris la décision, d’accélérer sa transformation numérique à travers « l’Initiative de transition numérique ». Durant cette rencontre, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a déclaré que la situation actuelle est « également une occasion pour nous de prendre conscience de la vulnérabilité de notre économie nationale, en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière ».
(Source : Agence Ecofin, 25 mars 2020)