Coupure d’Internet au Sénégal : Internews et Computech Institute lancent un plaidoyer auprès des décideurs politiques
jeudi 1er août 2024
La coupure d’Internet était au menu des échanges le 30 et 31 juillet à Dakar. Préoccupés par les récentes coupures d’Internet au Sénégal en marge des joutes électorales, Computech Institute et Internews, une organisation américaine, ont décidé de porter le plaidoyer auprès des décideurs politiques.
Cette initiative part du constat de la restriction de l’internet, de la coupure et de la censure de certaines applications lors des troubles politiques ayant précédé l’élection présidentielle de mars 2024.
Pour Elhadj Daouda Diagne, directeur de Computech Institute, « ces rencontres visent à renforcer et à outiller les acteurs de la société civile, les usagers et le public en général d’arguments valables pour porter le plaidoyer au niveau des décideurs étatiques. »
Pour ce faire, les participants sont formés pour documenter et produire les preuves factuelles pouvant attester des perturbations du ralentissement et de la coupure du réseau internet.
En ce sens, Elhadj Daouda Diagne a fait savoir que les participants sont capacités à travers des outils numériques pour mesurer la qualité du réseau. « Ils seront aussi renforcés en mécanismes permettant de contourner les mesures prises par les autorités pour restreindre ou couper l’internet », a expliqué le directeur Computech Institute.
Ce projet dénommé Japandaal Internet (rendre accessible Internet) piloté par Internews et Computech Institute s’article sur trois volets : partager des moyens de contournement des coupures d’Internet, faire une étude d’impact économique des récentes coupures d’Internet accompagnée d’un plaidoyer d’adoption d’une disposition législative visant son interdiction et à financer des projets de recherches sur l’impact de la coupure d’Internet par l’octroi de bourses.
Elhadj Daouda Diagne estime qu’il n’y a pas d’argument valable qui pourrait justifier la coupure d’Internet de la part des autorités. « L’internet est un bien public, les populations ne doivent pas être privées de cet outil. Les autorités estiment qu’il faut couper Internet parce qu’il y a beaucoup de dommages. Cependant, il y a quelqu’un qui souffre quelque part et qui doit recevoir de l’argent pour se soigner », a-t-il donné en exemple.
Pour lui, l’État doit voir « d’autres alternatives que de couper l’internet qui affecte considérablement les activités des usagers et des services. »
Prenant part à cette rencontre, Céline Coly représentant des services de transfert d’argent a exprimé ses regrets quant aux récentes coupures d’Internet. Elle soutient que ces mesures prises par les autorités, ont ralenti considérablement les activités de leurs services.
Pour Ababacar Diop, Président de Jonction, plateforme de la société civile intervenant dans les droits numériques, les coupures d’internet au delà de leurs impacts économiques, affectent sensiblement la liberté d’expression, l’accès à l’information et aux services des citoyens. C’est pourquoi, il estime qu’il faut mobiliser les acteurs de la société civile pour une synergie d’action afin que les autorités trouvent une autre alternative que de censurer ou de couper l’internet.
Ces ateliers de deux jours, ont réuni différents membres de la société civile et d’acteurs impactés par la restriction et la coupure d’internet lors des évènements politiques.
(Source : Pressafrik, 1er aout 2024)