M. Claude Isaac Dé, le ministre ivoirien de l’Economie numérique et de la Poste, a ouvert ce mardi 2 octobre à la CGECI-Abidjan la 7ème édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA Abidjan 2018 organisées par CIO Mag en partenariat avec la CGECI), en invitant les panélistes en provenance du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la France à identifier les problèmes réels des Africains en matière de « Gouvernance et infrastructures numériques ».
« Il faut nous dire véritablement, selon vous, ce sur quoi on doit agir, tout ce qui doit être fait pour que notre pays puisse progresser, pour que nos entreprises puissent donner le potentiel d’elles-mêmes, pour que les jeunes puissent avoir du travail », a déclaré le ministre Isaac Dé à la cérémonie d’ouverture.
Évoquant le concept de « ville intelligente », le parrain des ATDA Abidjan et Paris 2018 a lancé un appel aux acteurs du numérique pour définir ensemble des choix stratégiques.
« Il faut qu’on sache effectivement où se trouvent les priorités (…) C’est quoi une ville intelligente ? C’est quoi un territoire intelligent ? Il faut qu’on fasse des choix, parce qu’on ne peut pas tout faire en même temps », a insisté le représentant de l’exécutif ivoirien.
L’importance des infrastructures numériques
S’il s’est interrogé sur la nature des services IT à développer dans une mégalopole de plus de 6 millions d’habitants comme Abidjan, le ministre Isaac Dé a surtout situé l’importance des infrastructures numériques dans la construction d’une Smart city.
« La base, c’est que l’infrastructure soit disponible partout. Nous avons 7000 Km de fibre optique ; toutes les grandes villes seront desservies. Au niveau de la téléphonie mobile, nous sommes déjà à la 3G et la 4G. Nous prendrons tout ce qui est texte juridique pour encadrer de façon forte l’environnement des TIC, pour [le] sécuriser », a-t-il assuré.
Il n’y a plus d’alternative possible. Selon Claude Isaac Dé, la Côte d’Ivoire doit s’équiper « rapidement » en infrastructures numériques. Mieux, que ces infrastructures « soient accessibles à moindre coût et à la qualité requise, et que tout le monde puisse trouver son compte ».
Pour lui, le numérique a un rôle important à jouer dans la société à laquelle la Côte d’Ivoire aspire d’ici les 7 prochaines années. La bonne nouvelle, rassurera le ministre, c’est que le gouvernement a pris en 2017 une loi qui marque sa volonté d’aller vers le développement numérique : « C’est le Fonds d’innovation et de développement de l’économie numérique ; un dispositif de financement et d’accompagnement fort », à travers lequel l’Etat ivoirien s’engage à tout mettre en œuvre pour saisir tout ce que le numérique peut apporter de meilleur à la population.
Infranum
Sur la scène des ATDA Abidjan 2018, Stéphane Lelux, vice-président d’Infranum, a, pour sa part, affirmé que l’infrastructure est la clé pour développer une économie dans un contexte marqué par une forte croissance démographique et des changements climatiques. « Ça fait longtemps qu’on parle des technologies numériques mais elles ne sont pas [disponibles] partout en Afrique, qui est en face d’un défi démographique avec un triplement de la population urbaine », a-t-il observé.
Deuxièmement défi selon M. Lelux : réussir l’aménagement du territoire, tout en veillant à assurer un équilibre entre zones urbaines et zones rurales pour encadrer l’explosion urbaine « tout en évitant l’exode rural ».
Poursuivant, il a ajouté qu’Infranum est en Afrique « pour partager les bonnes pratiques, pas pour vous apporter des solutions clés en main. Une infrastructure il faut qu’elle soit bien conçue et viable économiquement ».
Formation et transformation digitale
Quant à lui, M. Mohamadou Diallo, directeur général de CIO Mag, a mis l’accent sur la formation qui doit permettre à l’Afrique de sortir du wagon de la consommation pour « capter davantage de chiffre » sur le marché des Télécoms & TIC. Selon le promoteur des ATDA, le continent forme à peine 100.000 ingénieurs par an, ce qui est insuffisant pour faire face à la transformation digitale du continent.
Par ailleurs, M. Diallo a ajouté que l’Afrique a autant de pays que de projets de transformation digitale. « Il faut permettre aux agences des pays de communiquer entre elles ». D’où la création des ATDA : une plateforme d’échanges mais aussi l’occasion de faire la synthèse des IT Forums que CIO Mag organise chaque année dans une dizaine de pays, en partenariat avec les clubs de directeurs de système d’information.
Soulignons que les ATDA Abidjan 2018 s’achèvent ce mercredi 3 octobre. Prochaine étape du Digital African Tour : la Tunisie, où seront mis en place les organes du CIO Africa Network, la fédération africaine des DSI créée en 2017 à Yamine Hammamet.
Il s’en suivra, enfin, l’étape de Paris où se tiendront les Assises de la transformation digitale en Afrique, les 22 et 23 novembre 2018.
A l’issue des ATDA Bercy 2017, une série de 11 recommandations ont été formulées par les acteurs africains en vue du Sommet UA-UE. L’édition de cette année permettra de faire le bilan de cette initiative et d’identifier les projets nécessaires à l’éclosion d’un écosystème numérique viable sur le continent.
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 3 octobre 2018)