La multiplication des supports médiatiques, qu’ils soient sur papiers, radiophoniques et télévisuels, au lieu de dynamiser le professionnalisme de ses acteurs, a une lourde tendance au contraire à sublimer leur paresse intellectuelle, si ce n’est à développer une certaine malhonnêteté intellectuelle. Au grand dam des lecteurs et auditeurs mais souvent au détriment du sérieux des sujets mêmes qui sont traités dans ces espaces d’informations.
La sédentarisation de nos journalistes, habitués à « recevoir » l’information au lieu d’aller la quérir, les mène naturellement à aller au plus simple et au plus rapide : le « copier-coller ». On « copie et colle » dans tout ! Des émissions sont reprises dans leur format d’une chaîne à l’autre au gré des migrations des animateurs, ou sont copiées, alors que tout le monde les a vues sur des chaînes européennes, juste adaptées à notre manque de moyens de production, et au niveau culturel du public qui les regarde. Passons… Pour ce public, ça reste de la télé.
Là où cela devient gênant, c’est quand cette paresse intellectuelle mène à des situations dangereuses du fait qu’on copie et colle sans même vérifier ces informations parues chez le médium concurrent, et qu’on n’a même pas l’élégance de le citer comme source de rédaction. Cela donne des situations cocasses mais surtout dangereuses, comme dans cette affaire du Lamantin Beach où durant 48 heures l’erreur désignant Eric Philibert comme baron de la drogue, a parcouru la toile à la vitesse grand « V », sans que personne ne la relève, en allant par exemple sur le net justement faire une recherche documentaire sur cet homme et son véritable statut de directeur d’exploitation.
Pas une seule vérification sur le nom de Bertrand Touly qui lui, a été interpellé. Google a produit une erreur et tous s’y sont engouffrés. Un seul coup de fil aux gendarmes de Mbour les aurait éclairés, mais non, il fallait faire vite pour barrer la une de son site du valorisant adjectif d’exclusif. Deux seuls quotidiens ont donné la juste information dans le fond, mais d’autres journaux ont copié-collé et ont du coup fait erreur sur le nom. Ridicule !
Autre cas édifiant : l’affaire de Cheikh Yérim Seck. Tous nos confrères ont sauté à pieds joints sur le terme « d’auberge », c’est plus scabreux que le mot « hôtel », et ça fait plus sensationnel, plus sale, plus vulgaire. En un mot, dans le cas d’espèces, « Auberge » est plus vendeur que « Hôtel ». C’est plus pervers, un piège dans une auberge. Qui est allé faire un tour à Keur Madamel pour s’apercevoir que piscine, salle Spa, restaurant et cuisine fine, servie dans de luxueuses suites, n’étaient pas vraiment l’apanage d’une vulgaire auberge ? Pas un seul journaliste ! Pour d’autres, c’est tout simplement de l’ignorance. Ils ne savent même où se situe cet hôtel, ils ont juste copié-collé.
Combien de fois de fois n’a-t-on pas vu un présentateur de télé ou radio, lire une dépêche ou un papier de site internet ou vice versa, en guise de chapeau, sans juger bon de la réécrire en la contextualisant. Il est quand même temps que nos confrères, chantres de l’éthique et de la déontologie, usent d’élégance et se citent. La concurrence commande de nous livrer à un exercice de course à l’information, qui a toutes ses vertus, et recommande quand un journal a mobilisé ses ressources humaines et matérielles, à la recherche d’une information, de le féliciter pour son professionnalisme et sa sagacité, ce en faisant la plus élémentaire des règles du journalisme : citer sa source.
Question non seulement de déontologie, mais plus prosaïquement d’éthique. Il faut méditer sur cette notion de vérification et de recoupement des informations et se dire une bonne fois pour toutes qu’il vaut mieux être le dernier à dire la vérité que le premier à dire des …conneries !!! Babacar Touré et le Cnra ont du pain sur la planche !
(Source : Nettali, 3 octobre 2012)