Convoqué devant le juge aujourd’hui pour son procès contre Thierno Ousmane Sy : Latif Coulibaly promet de nouvelles révélations sur l’affaire Sudatel
mardi 14 septembre 2010
Ils en entendront encore, ce mardi matin, de ces choses pas catholiques qui se sont déroulées dans l’affaire Sudatel. Cette promesse de nouvelles révélations est du journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly qui comparaîtra devant le tribunal correctionnel pour diffamation.
A la suite de la série de témoignages de soutien à son endroit qu’il a reçus de la part de la société civile en particulier, le journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly qui devra répondre ce mardi matin, à partir de 9 h, du délit de diffamation pour lequel il est poursuivi par le conseiller du président de la République Abdoulaye Wade, en l’occurrence Thierno Ousmane Sy, n’est pas resté insensible. ‘Merci pour le fait que vous vous soyez préoccupés par ce qui se passe autour de moi, et ce qui pourrait m’arriver par rapport à cette situation. Je ne saurais vous dire l’immense gratitude que je vous dois, (...) cela me donne des forces supplémentaires pour être debout devant le juge demain (ce mardi, Ndlr). Il y a des choses et ils en entendront demain (aujourd’hui). Je ne sais pas ce qu’ils en feront, mais ils en entendront’, déclare le directeur de publication de l’hebdomadaire la Gazette en recevant hier une délégation des leaders du Cadre de concertation des mouvements citoyens amenée par l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio (voir ci-contre).
En retour, Abdou Latif Coulibaly dira à ses hôtes : ‘Votre mouvement est un mouvement salutaire. J’ai comme l’impression que notre pays n’a été occupé que par son espace politique, l’espace public ayant été déserté par beaucoup de gens. On a tout le temps essayé de nous maintenir sur cet espace public, d’exprimer nos points de vue, nos opinions par rapport à comment on administre notre pays. Je n’ai jamais considéré que je devais être en dehors des évènements que je traite, c’est d’abord une prise de conscience à la fois politique et sociale. Etant journaliste, on ne sert à rien quand le travail qu’on fait n’a pas d’impact sur la vie des citoyens’.
Les faits sont sacrés, mais on en parle pour produire des effets. Et le journaliste semble en être conscient lorsqu’il soutient : ‘J’en ai peut-être produit avec cette affaire Sudatel, et c’est la raison pour laquelle, les gens qui nous ont attrait devant le tribunal, en oublient l’essentiel. Parce que l’essentiel, ce n’est pas la diffamation contre le garçon qui est l’épiphénomène dans cette histoire.’ Ce qui importe, selon Abdou Latif Coulibaly, c’est l’immense détournement de deniers publics qui a été opéré au profit de trois individus, pas plus. ‘Ils ont bouffé l’argent au vu et au su de tous les Sénégalais qui crèvent de faim, c’est ça qui est inacceptable, c’est ça l’essentiel’, dénonce le journaliste qui ne sera point surpris d’entendre ce matin au prétoire des voix s’élever pour dire : ‘Je n’ai jamais pris de commission, je n’ai jamais bouffé de commission.’ Latif Coulibaly croit que ce qui est scandaleux, ‘c’est que toutes les autorités de la République soient incapables de dire aux Sénégalais à combien de francs on a vendu la licence Sudatel, combien de francs sont rentrés dans les caisses de l’Etat du Sénégal’. Des zones d’ombre qui le poussent à conclure que, quel que soit le verdict du juge, ces questions demeureront. Mais, ‘ce sont des questions qu’on ne peut pas laisser en rade’, s’empressera-t-il d’avertir.
Abdoulaye Sidy
(Source : Wal Fadjri, 14 septembre 2010)