Contrôle des appels internationaux entrants par Global Voice : De quoi la Sonatel a-t-elle peur ?
mercredi 4 août 2010
Global Voice, une société américaine vient d’être désignée par l’Etat du Sénégal pour le contrôle des appels internationaux entrants. Cette structure reconnue comme la 10 ème société mondiale de télécommunications, va constituer un partenaire technique pour l’agence de régulation des télécommunications et des postes ( Artp) en vue de superviser et contrôler le trafic entrant dans notre pays pour une durée de cinq ans.
Depuis l’entrée en vigueur du projet n°2010-632 du 28 mai 2010 instituant un système de contrôle et de tarification des communications téléphoniques internationales entrant au Sénégal, les travailleurs de la Sonatel s’agitent pour s’opposer audit projet. Et l’on se pose la question à savoir : De quoi la Sonatel a-t-elle peur ?
Des agissements qui peuvent être liés aux risques de redressement fiscal si des irrégularités sont découvertes dans les communications avec l’expertise de Global Voice.
Selon certains observateurs avertis, la Sonatel peut craindre deux choses avec l’arrivée de Global Voice : Soit un redressement fiscal si les nombres d’appels déclarés ne correspondent pas avec la réalité et le fait que Global Voice entre dans les ordinateurs de la Sonatel.
« La Sonatel a toujours déclaré les appels entrants. Et supposons si le nombre d’appels déclaré est d’un million et aujourd’hui avec le contrôle de Global Voice, il s’avère qu’à la fin de l’année, le nombre fait deux millions au lieu de 1 million d’appels, cela veut dire que la Sonatel va courir un risque de redressement. Deuxièmement, Global Voice qui travaille pour l’Etat va rentrer dans les ordinateurs de la Sonatel pour filtrer les appels », note notre source.
A l’en croire, la « chasse gardée » de Orange est « menacée » par la surveillance que l’Etat veut imposer aux opérateurs. Et elle se demande pourquoi, c’est la Sonatel seulement qui s’agite alors que les deux autres opérateurs ne disent rien. Certains observateurs se demandent si la Sonatel a peur d’un redressement fiscal, sinon pourquoi refuser Global Voice.
Global Voice, des fonds supplémentaires pour l’Etat
« Je pense que l’arrivée de Global Voice, va permettre à l’Etat du Sénégal, d’obtenir des fonds supplémentaires, c’est-à-dire le relèvement du seuil de 0,14 à 0,215. Et L’Etat va prendre 0,75 centimes à multiplier par rapport aux minutes des appels téléphoniques entrants qui s’élèvent à des centaines de millions par mois, à les multiplier pour pouvoir financer certains grands projets notamment sur le plan social, sur le plan des infrastructures et sanitaires », précise une source proche du dossier.
Notre source estime que le contrôle que Global Voice va effectuer, permettra de lutter efficacement contre la fraude.
« Il y a des millions d’appels entrants qui ne sont pas déclarés à l’Etat du Sénégal. C’est une grande perte aussi bien pour l’Etat que pour les opérateurs. Imaginez-vous avec l’accompagnement de Global Voice, nous aurons un système efficace pour contrôler tout le trafic, cela va permettre d’annihiler toutes les fraudes, de permettre à l’Etat et aux opérateurs des millions de minutes qui n’étaient pas déclarées pour un partage équitable », renseigne notre source.
D’après notre interlocuteur, il n’y a pas de menace pour les travailleurs de la Sonatel.
Le problème s’explique par le fait que l’Etat ne bénéficie d’aucun franc dans le cadre des appels internationaux entrants. Toujours d’après notre source, la destination du Sénégal est sous-facturée.
Les prix du décret appliqués à l’international
« Sur le plan international, Sonatel a donné instruction aux opérateurs d’appliquer les prix du décret mais en interne, les syndicalistes continuent à s’agiter, ce qui est paradoxal. Aujourd’hui, on ne voit pas Tigo et Expresso s’agiter. Et pourtant la mesure concerne tous les opérateurs mais on entend que la Sonatel », souligne notre source.
Massaër Dia
(Source : Le Matin, 4 août 2010)