Contre la taxation sur les appels entrants : Les Sonatéliens déposent leur (com)plainte auprès de « Me » Moustapha Niasse
samedi 17 septembre 2011
En quête de soutien, Ndèye Founé Niang Diallo, Secrétaire général de la section télécom du Syndicat national des travailleurs des postes et télécom (Sntpt) et ses camarades, en froid avec l’Etat du Sénégal à propos de la surtaxe sur les appels entrants, sont repartis satisfaits de leur rencontre avec Moustapha Niasse.
Hier, le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp) a assuré de son soutien sans réserve les syndicalistes de la Sonatel. La délégation lui a expliqué que son outil de travail, la Sonatel, est menacé par le pouvoir de Wade, qui veut lui imposer une surtaxe annuelle de 60 milliards dans le but de financer sa campagne électorale. « Ce n’est pas, normal, l’Etat n’en a pas la prérogative. Ce n’est pas bon pour le pays, pour les consommateurs et pour l’économie du pays », a dit Mme Diallo. A ses dires, cette nouvelle taxe fait courir de grosses difficultés à tout le monde. D’après les explications qu’elle a fournies, les Sénégalais vont devoir débourser plus pour pouvoir accéder au téléphone, « car les tarifs sur les mobiles vont passés de 92 à 141 francs l’unité, tandis que le fixe va passer de 65 à 145 francs. Pour des raisons analogues, les Sénégalais de la diaspora vont être facturés plus chers. Pis, les pays étrangers vont appliquer la réciprocité ».
Les conséquences au niveau de l’entreprises seront sans commune mesure avec une baisse substantielle de trafic ; donc de revenus, et pour la Sonatel et pour l’Etat, au minimum la sonatel verse plus de 165 milliards par an en termes de taxes, dividendes, d’impôts, ajoute le leader syndical. Alors, la Sonatel ne pourra plus faire face à ses obligations, notamment les charges du personnel. « Et cela va dans un an ou deux se répercuter sur nos enfants », prédit Mme Diallo.
Ce n’est pas tout, puisque beaucoup de sociétés gravitant autour de la Sonatel vont être affectées. Parmi ces victimes potentielles, le secteur des banques. « Le rôle des banques, c’est de collecter des dépôts et de les distribuer à la clientèle. Le portefeuille des déposants est aujourd’hui constitué à 20% de la Sonatel. Cela veut dire que si, aujourd’hui, la Sonatel ne réussit plus à avoir son chiffre d’affaires, ses bénéfices, ses placements vont baisser de façon drastique. Il y a même des banques qui vont fermer parce que le dépôt de la Sonatel représente plus de 50% de l’argent déposé par les clients », analyse un cadre de banque.
Puis, la Sonatel devra aussi contenir un brasier cette fois-ci venant de son propre allié, France Télécom qui détient 42% de ses actions. « Elle avait pris l’engagement d’accompagner la Sonatel dans la sous-région. Ce qui fait que nous sommes présents au Mali et dans les deux Guinée. Depuis un certain temps, France télécom ne respecte plus cet engagement. Ils sont allés au Niger sans nous. Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’acquérir de nouvelles licences, mais France télécom est décidé à ne pas nous accompagner, simplement parce qu’elle demande à acquérir 2 à 4% de parts supplémentaires avant de lever le pied », explique Mme Diallo. Avec humour, elle a rapporté une anecdote pour rendre compte de la nature prédatrice du pouvoir de Wade. « Au cours d’une réunion, le Président m’a dit : « vous aimez l’argent ; nous aimons l’argent. » Je lui ai répondu : « nous aimons l’argent pour accroître le développement ; vous, vous aimez l’argent pour autre chose. » Toute la salle d’être inondée de rires. Moustapha Niasse ajoutera : « Ces gens ne pensent qu’à manger, encore manger et toujours manger. Le vol, c’est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui et présentement, c’est le cas. » Selon M. Niasse, « la loi a été violée ; un décret ne peut pas imposer une surtaxe ». Après, il a conseillé à ses hôtes d’internationaliser le conflit, en saisissant l’Uemoa, la Cedeao, l’Ua, les Acp, surtout que Wade, « avant d’avoir peur des Sénégalais, a une peur bleue de la communauté internationale ».
Oumar Seydou Ba
(Source : Le Quotidien, 17 septembre 2011)