Contre la fracture numérique : L’Afrique à l’heure de la formation à distance
samedi 19 mars 2005
Une centaine d’experts du continent africain viennent de boucler une formation à distance à Dakar dans le cadre d’un programme dénommé ‘’Coselearn’’. Fruit de la coopération suisse, en matière d’enseignement à distance, ce programme a été initié et piloté par la structure ‘’Qualilearning’’, une division du Centre suisse des médias.
Une cérémonie de remise de diplômes a été organisée dans les locaux du Campus numérique de Dakar. La formation reçue par les auditeurs, venant de 10 pays d’Afrique francophone, leur a permis de se familiariser à l’environnement du ‘’e-learning’’ (formation à distance). Cette formation diplômante est consacrée par l’obtention d’un Certificat international en e-learning (CIEL) ou d’un Master en e-learning (MIEL) homologué par le bureau scientifique du Comité Académique Pédagogique et Scientifique (CAPS) de ‘’Qualilearning’’.
« Les participants pourront, aussi, servir de relais à ce programme dont l’objectif est de participer à la réduction de la fracture numérique », explique Bernard Comby, président de ‘’Qualilearning’’.
Dans une allocution introductive, il a décliné le programme que sa structure compte développer, pendant une période de trois ans, en direction d’une dizaine de pays africains. S’inscrivant dans une perspective de démocratisation du savoir, le ‘’e-learning’’ préfigure non seulement l’éducation de demain, mais matérialise la conquête de ce continent du savoir qu’est le ‘’cyberspace’’. « L’Algérie, le Burkina Faso, le Congo-Brazzaville, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie constituent les pays cibles », déclare-t-il. Les experts formés auront à charge, dès la deuxième année du programme, d’encadrer « dans chaque université partenaire plusieurs dizaines de spécialistes en e-learning ».
Il est également prévu, dans ce programme, d’amener « les partenaires universitaires » à réfléchir sur un programme répondant aux besoins des pays engagés dans ce projet. Les universités ont la latitude, rapporte Bernard Comby, de devenir, à partir de paramètres pédagogiques et techniques, des créateurs de contenus. Dans chaque pays, un Groupe National de Pilotage (GNP) est mis en place avec pour objectif de veiller au suivi et à l’exécution du programme.
Pour Bonaventure Mvé Ondo, directeur du bureau de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), le partenariat établi entre ‘’Qualilearning’’ et l’institution qu’il dirige marque un tournant décisif dans l’édification d’une université virtuelle africaine. Ce projet s’inscrit dans le combat pour la modernité. « Il permet de rompre d’avec l’apartheid scientifique », lance-t-il. Parce que, à son avis, la science est un espace de partage qui, si elle reste comme telle, doit pouvoir permettre à l’Afrique de dépasser sa part de 0,3 % de la production scientifique mondiale.
À partir de ce matin, s’ouvre la séance du Conseil de suivi du programme ‘’Coselearn’’. Elle va durer deux jours et verra, selon le Recteur de l’UCAD, la participation de plusieurs ministres de l’Enseignement supérieur et des secrétaires d’Etat issus des pays participants.
ABDOULIE JOHN
(Source : Le Soleil, 19 mars 2005)