Construction d’une start-up nation au Sénégal : les acteurs partagés entre avancées et défis à relever
mercredi 4 décembre 2019
La capitale sénégalaise a lancé hier, mardi 3 décembre, sa quatrième édition du “Dakar Digital Show”, sous la dictée de la Sonatel en collaboration avec la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (Der), autour du thème “Building a start-up nation”. Le panel organisé lors de l’ouverture du “Dakar Digital Show” autour du thème cité ci-dessus, a permis aux panelistes de relever des avancées dans l’écosystème sénégalais, mais aussi de constater beaucoup de défis à relever.
Le lancement de la quatrième édition du “Dakar Digital Show” du groupe Orange hier, mardi 3 décembre, en collaboration avec la Der, a servi de cadre pour les acteurs du secteur du numérique d’échanger autour du thème « Building a start-up nation », thème de ladite édition. Si les panelistes s’accordent sur le fait que le digital est en train de modifier le mode de vie et de consommation des populations et qu’il connait un essor dans le continent, il n’en demeure pas moins que les avis sont partagés sur l’écosystème sénégalais.
En effet, le Directeur général de l’Agence de l’informatique de l’État, Cheikh Bakhoum et le Délégué général à la Der, Pape Amadou Sarr, sont d’avis que le gouvernement, à travers les politiques définies, a affiché sa volonté de développer les start-up. Pour preuve, Cheikh Bakhoum a cité, entre autres la stratégie Sénégal numérique 2025 (Sn 2025), tout comme la loi sur le développement des start-up adoptée récemment en Conseil des ministres. Mieux, Pape Amadou Sarr a fait cas des financements de la Der, qui connaitront une hausse jusqu’à 3 milliards de FCFA par an. De l’avis des représentants de l’Etat, l’objectif est de faire participer le numérique à hauteur de 10% du PIB, et à créer 35.000 emplois en 2020.
Des avis qui ne semblent pas rejoindre l’assentiment de l’ancien président du CTIC Dakar, Oumar Cissé, non moins CEO InTouch, qui reconnaît qu’il y a des choses qui se font dans le secteur, mais que le potentiel du Sénégal dépasse largement ce qui se fait. Il admet ainsi que certes, la Der a donné un nouveau souffle à l’écosystème, mais qu’en réalité le Sénégal n’a pas su créer un écosystème digital approprié. Pour preuve, il laissera entendre que les start-up sénégalaises dépassent rarement l’étape de survie. Pis, il déplore le fait qu’il n’y ait pas dans le pays 5 champions.
Poursuivant sa diatribe contre les tenants du pouvoir, il fera savoir que les politiques ont en réalité leur agenda qui n’est pas forcément le même que celui du secteur du numérique. Par conséquent, il a invité les autorités à avoir une réelle volonté de construire des start-up fortes.
Même son de cloche pour Mme Birame Sock, CEO Kwely, qui est un peu revenue sur la vision des entrepreneurs sénégalais. A son avis, et faisant la comparaison avec ceux américains, les start-upeurs sénégalais mettent en place leurs entreprises sur la base de problèmes réels du Sénégal, mais ne cherchent pas à les adapter au niveau international. Poursuivant, elle soutient que ces derniers n’ambitionnent pas de vendre leurs entreprises aux grandes firmes.
3 PAYS AFRICAINS CAPTENT PLUS D’INVESTISSEMENTS SUR LE SENEGAL
Le Directeur général du groupe Sonatel, Sékou Dramé, est revenu pour sa part sur l’implication de la Sonatel, à travers sa RSE, dans l’accompagnement du secteur du numérique. Il n’a pas manqué de souligner l’important gap par rapport à ce qui se passe ailleurs, plus précisément en Inde où, à son avis, 17 fois plus d’investissement y sont attirés. Sur le continent, il fait remarquer des disparités aussi avec 3 pays qui captent le plus d’investissement, à savoir l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Par conséquent, Sékou Dramé a évoqué certains défis à relever, dont le cadre règlementaire fiscal souple pour permettre la création rapide des start-up, l’accès aux financements, ou encore un environnement où on peut avoir accès aux applications fournies par les opérateurs. Pour ce faire, il n’a pas manqué de préciser qu’il n’a pas besoin de faire une concurrence dans ce domaine et que toutes les entreprises du privée peuvent venir aider à la construction de la start-up nation.
A noter que le “Dakar Digital Show“ est ouvert au public du 3 au 4 décembre au centre des expositions de Diamniadio. Les organisateurs attendent plus de 3000 personnes cette année. L’événement, selon eux, combine des conférences et démonstrations dans les stands dans un style agile et riche qui permet à un large panel d’acteurs, à savoir les éditeurs de contenus, développeurs, groupes média, acteurs des médias sociaux, investisseurs, porteurs de projet, start-ups, de vivre une expérience unique.
Jean Michel Diatta
(Source : Sud Quotidien, 4 novembre 2019)