Conséquences de la hausse du tarif sur les appels internationaux entrants : Le Sénégal risque une baisse de 30% du trafic sur le long terme
mercredi 10 novembre 2010
Le Sénégal risque de connaître la même chose que le Congo où le trafic international entrant a baissé de 30% depuis l’année dernière. Cela, à cause de la hausse du tarif sur les appels entrants. L’avertissement vient de Isabelle Mauro, directrice des Relations extérieures de Global system mobil association (Gsma).
« Nous avons fait des études qui prouvent que l’augmentation des taxes sur la téléphonie a un impact négatif. On s’est rendu compte que c’est une dynamique notée au niveau international qui peut avoir un impact négatif pour les pays comme le Sénégal. Et ce pays pourrait connaître une baisse du pourcentage de son trafic international entrant, comme c’est le cas au Congo qui a enregistré déjà une réduction de 30%. » C’est ce qu’a confié Isabelle Mauro, directrice des Relations extérieures de Gsma, hier, lors du Forum mondial des chefs d’entreprise du secteur des Tic.
D’après Mme Mauro, ce n’est pas une bataille engagée contre les services de régulation, mais « nous essayons simplement d’avoir un dialogue productif pour tous et surtout pour l’économie du Sénégal ». A l’en croire, sur le long terme, les surtaxes et la réduction du trafic qui s’en suit ont une incidence négative sur les recettes escomptées par l’Etat. Ce qui fait que certains pays en ont pris conscience et ont décidé de suspendre cette surtaxe, a-t-elle insisté.
L’on assiste, en effet, ces derniers temps, à une forte poussée de surtaxes sur la téléphonie en Afrique. Plusieurs pays du continent ont décidé d’imposer une taxe sur les appels internationaux entrants, dans le but de générer, à court terme, des recettes supplémentaires pour les Etats. D’après les détracteurs de ces mesures gouvernementales, cela peut, cependant, produire un effet inverse sur le long terme, car une telle taxe entraîne la hausse des prix due à la réciprocité appliquée par les pays destinataires et, de fait, provoque une baisse du volume du trafic et donc une chute des revenus imposables.
Cependant, le Directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Ndongo Diao, a balayé ces craintes d’un revers de la main. « Ce n’est pas vrai » pour le cas du Sénégal, a-t-il soutenu. Et de préciser : « Nous avons des statistiques, entre août et septembre (2010, Ndlr), qui prouvent que le trafic a augmenté de 2,62% en générant des ressources substantielles pour l’Etat du Sénégal. C’est une réalité et ça était en même temps une surpriorité. » De l’avis de M. Diao, « il ne s’agit pas de taxes, mais plutôt de la régulation tarifaire des appels à destination du Sénégal pour lutter contre la fraude. On ne peut pas commenter sur la décision de l’Etat de réguler les tarifs à destination du Sénégal ». M. Diao avance, en outre, que l’Artp a des relations pacifiées avec Sonatel qui s’est opposée à la mesure de surtaxe sur les appels entrants. La Sonatel respecte le décret fixé y afférant et accepte la facturation, a-t-il ajouté.
Mathieu Bacaly
(Source : L’Observateur, 10 novembre 2010)