Discuter avec son voisin de palier en faisant passer le message par l’immeuble d’en face, pour qu’il revienne à la voisine du dessous, avant d’atteindre enfin celui qui habite à 30 mètres de chez vous, est sans conteste une perte de temps et d’énergie. Hé bien, pour internet, c’est le même principe. Pour l’instant lorsqu’un Sénégalais envoie un mail à un Gabonais, celui-ci transite par l’Europe, voire par les Etats-Unis avant d’atteindre enfin le Gabon. Mais à quel prix et surtout suivant quels délais ?
Fort de ce constat, le gouvernement canadien a décidé, entre autres, de se faire le catalyseur des initiatives africaines allant dans le sens d’une agrégation du trafic internet en Afrique. Ce qui est mis sous le terme agrégation n’est autre que le traitement des transactions internet africaines en Afrique. A cette fin, environ 5 milliards de francs Cfa ont été débloqués par le Canada, à l’issue du plan d’action pour l’Afrique adopté lors du G8 de Kananaskis en juin 2002. Cette initiative s’inscrit directement dans le cadre du Nepad et de sa composante essentielle, la réduction de la fracture numérique entre le Nord et le Sud. La théorie du rattrapage, si chère au gouvernement du Sénégal, trouve ici des applications concrètes. Reste à savoir comment cet argent sera alloué aux différents pays. « C’est le dynamisme et la valeur des projets présentés qui seront privilégiés. Le pays qui présentera de bonnes initiatives peut être sûr qu’on l’appuiera », déclare Gilles Forget, directeur général du Centre de recherches pour le développement international (Crdi) chargé de mettre en œuvre Connectivité Afrique. Il continue, « Plus concrètement, c’est un partenariat que nous proposons à ces pays. Une sorte d’appui. Le principe est simple. Il suffit pour les membres des administrations de prendre contact avec nous. Nous les écouterons et essaierons de les aider ». M. Mamadou Diop Decroix, ministre de l’information du Sénégal s’est enthousiasmé, précisant que si c’était une question de dynamisme, le Sénégal obtiendrait sans aucun doute « une forte part de marché dans Connectivité Africa ». Les fonds sont là, la motivation aussi, semble-t-il. Il ne reste plus qu’à saisir cette occasion, afin de montrer que la réduction de la fracture numérique est bien plus qu’un vœu pieux.
Karine ORSI
(Source : Wal Fadjri 20 janvier 2004)